Le Maroc, en érigeant ses provinces sahariennes en centre d'échanges et de projets économiques, cherche à donner aux pays sahéliens une ouverture sur l'Atlantique. Le périodique New African Magazine consacre une analyse approfondie à cette orientation, qu'il décrit comme une projection continentale dépassant le seul horizon national. Le magazine souligne que «le projet atlantique, lancée par le toi Mohammed VI du Maroc, commence à remodeler le paysage économique et géostratégique de l'Afrique. Ce projet fournit un débouché maritime aux pays sahéliens ; il stimule l'intégration économique africaine en favorisant la coopération entre les pays du Sud, et entre les pays du Nord et du Sud, sur la base d'un partenariat équitable et symétrique». Le texte met en relation cette ouverture avec le Gazoduc Nigeria-Maroc (GNM), présenté comme un élément central de cette vision. Des investissements étrangers de grande ampleur La revue observe que «les provinces sud du Maroc apparaissent désormais comme un aimant majeur pour les investisseurs internationaux», mentionnant «une volonté politique forte et des infrastructures modernes» qui créent «un environnement économique dynamique et prometteur». Elle cite notamment le projet américain de Soluna Technologies, «qui mobilise 2,5 milliards de dollars pour un parc éolien de 900 MW destiné à alimenter des centres de données», un exemple de ce que la revue décrit comme «la volonté américaine de faire du Sahara marocain un pôle technologique à l'échelle continentale». L'Agence française de développement (AFD) a, de son côté, engagé des financements substantiels tandis que TotalEnergies s'est engagé dans la production d'hydrogène vert à Guelmim-Oued Noun. Un modèle territorial porté par la participation locale Au-delà de la présence étrangère, New African Magazine met l'accent sur le Nouveau modèle de développement des provinces du Sud (NMDPS), «qui repose sur une gouvernance décentralisée dans laquelle les populations locales participent activement au développement». Le texte note que «le rythme des projets lancés en 2015 est resté soutenu» et qu'«une décennie après son lancement, le budget initial a été réévalué à 8,3 milliards d'euros». Une projection académique et logistique tournée vers l'Afrique de l'Ouest Le périodique explique que «dans le cadre de la dynamique de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les provinces du Sud jouent un rôle croissant dans l'organisation des corridors logistiques transsahariens, qui profiteront à l'Afrique de l'Ouest et aux pays du Sahel». Le domaine universitaire participe également à ce mouvement, avec un effort marqué en faveur du «Fabriqué en et avec l'Afrique». Selon le magazine, «depuis 2023, soixante jeunes chercheurs africains ont bénéficié de bourses de mobilité obtenues grâce au programme "incubateur doctoral" proposé par l'Institut de l'Africanité». En conclusion, la revue affirme que «les transformations en cours vont au-delà d'une simple logique bilatérale. Elles façonnent un nouveau modèle régional et continental, dans lequel les provinces du Sud du Maroc deviennent un hub stratégique, économique et géopolitique, un catalyseur de coopération, d'intégration et de développement durable». Et de préciser que le défi consiste à donner à ces territoires «une visibilité continentale et internationale encore plus grande», afin qu'ils deviennent «un hub global hautement stratégique et une solide épine dorsale énergétique, entrepreneuriale et industrielle pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel».