Le Maroc a acquis 1,1 gigawatt (GW) de panneaux solaires chinois en 2024, franchissant pour la première fois le seuil du gigawatt. La valeur de ces importations s'élève à environ 11 milliards de dirhams (MMDH), sur la base des prix moyens mondiaux du secteur. Cette progression souligne la place croissante de Rabat dans le paysage énergétique africain et mondial alors que les Etats-Unis et l'Europe accentuent leurs mesures de protection commerciale contre les producteurs chinois. Washington veut récupérer jusqu'à 674 milliards de dollars de droits de douane Les Etats-Unis, dans le cadre de la protection de leur industrie solaire domestique, projettent de percevoir jusqu'à 674 milliards de dollars (environ 6 700 MMDH) au titre de droits de douane rétroactifs sur les panneaux solaires importés d'Asie du Sud-Est entre 2022 et 2024. Depuis 2011, Washington a multiplié les enquêtes «antidumping» et «antisubventions» contre les entreprises chinoises, contraignant Jinko Solar, Trina Solar et JA Solar à transférer une partie de leur production au Cambodge, au Vietnam, en Thaïlande et en Malaisie. Auxin Solar et Concept Clean Energy ont saisi le tribunal du commerce international (USCIT) pour contester la suspension des droits de douane décidée par l'administration Biden (2021-2024). «L'administration Biden a outrepassé ses prérogatives en suspendant les droits de douane», ont plaidé les entreprises. La Cour a jugé le 22 août que cette suspension était illégale. Selon le cabinet K&L Gates, les droits de douane seront assumés par les importateurs et pourraient avoir des répercussions financières directes sur les fabricants et distributeurs, bouleversant le marché américain. En 2024, les Etats-Unis ont importé 55 GW de panneaux solaires, dont 88 % provenaient d'Asie du Sud-Est. Face à ces pressions, la Chine a réorienté ses exportations vers l'Indonésie et le Laos, tandis que l'Inde voit croître l'importation de panneaux à faible coût. Rome exclut les composants chinois des appels d'offres L'Italie a promulgué le 28 août le décret MASE n°220/2025, visant à exclure les panneaux, cellules et onduleurs d'origine chinoise des appels d'offres du plan «Fer X Transitorio». Cette mesure s'inscrit dans le cadre de la loi européenne dite «Industrie zéro carbone» et cherche à favoriser les composants produits dans l'Union européenne. «L'Europe doit réduire sa dépendance vis-à-vis d'un seul fournisseur étranger», a souligné le ministère italien de l'environnement et de la sécurité énergétique. En 2023, 70 % des onduleurs installés en Europe provenaient de Chine, ce qui a nourrit des inquiétudes concernant la sécurité des réseaux et la résilience énergétique. La Chine redirige ses exportations vers les marchés émergents La Chine atteste sa présence sur les marchés émergents : le Maroc a importé 1,1 GW (11 MMDH), le Nigéria 1,3 GW (13 MMDH), l'Afrique du Sud 3,8 GW (38 MMDH). Dans la péninsule arabique, l'Arabie saoudite a doublé ses importations à 16 GW (160 MMDH), et Oman les a quintuplées à 2,5 GW (25 MMDH). Selon le cabinet Wood Mackenzie, «toute tentative de retirer brutalement les produits chinois du marché mondial accroîtra de 20 % les dépenses d'investissement d'ici 2050, alourdissant la facture de 6 000 milliards de dollars» (environ 60 000 MMDH). Cette concentration chinoise dans la production mondiale de panneaux solaires a permis de réduire les coûts mondiaux de plus de 80 % depuis dix ans et d'augmenter l'adoption des énergies renouvelables dans les régions les plus ensoleillées mais historiquement sous-équipées.