Le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a appelé jeudi 11 septembre à une révision profonde du partenariat euro-méditerranéen, afin d'en faire, selon ses termes, «un espace de résultats tangibles.» Intervenant à l'ouverture de la retraite de haut niveau sur «l'avenir des relations euro-méditerranéennes» organisée par son département, le ministre a dressé un état des lieux rigoureux de l'Union pour la Méditerranée (UpM) et a proposé «une feuille de route ambitieuse et concrète pour relancer ce processus.» Diagnostic critique du processus euroméditerranéen Dans un propos à la tonalité analytique, Nasser Bourita a affirmé que «la Méditerranée est plus qu'une mer ou une frontière : c'est un écosystème et un bien commun qui doit rassembler.» Il a souligné que «lorsqu'on la traite comme un simple dossier, elle nous échappe ; lorsqu'on la considère comme un bien commun, elle nous unit.» Expliquant l'accueil par le Maroc de cette réflexion stratégique, le ministre a mis en avant «la fiabilité, l'expérience et la méthode» du Royaume, rappelant son rôle précurseur au sein du Partenariat euro-méditerranéen depuis trois décennies. Il a évoqué que «le Maroc a été le premier à mettre en place un statut avancé, à instaurer un sous-comité des droits de l'Homme, à bénéficier d'un partenariat mobilité et à prendre des engagements environnementaux concrets.» M. Bourita a brossé un diagnostic sans complaisance du processus, évoquant «une indécision ontologique sur son identité» et appelant à «l'élaboration d'une vision commune claire et orientée vers des résultats concrets.» Il a relevé «une asymétrie de motivation entre un Nord focalisé sur la stabilité et la sécurité et un Sud en quête de développement et de mobilité.» Le ministre a dénoncé «une fragmentation géopolitique dans un espace traversé par les tensions, où l'Euromed a perdu sa centralité face à la prolifération de cadres parallèles.» Il a constaté «une incapacité à gérer les crises sanitaires, énergétiques et alimentaires» et «un déficit de visibilité sociale» d'un projet perçu comme élitiste, déconnecté des citoyens. Quatre piliers pour une relance concrète Pour remédier à ces insuffisances, Nasser Bourita a proposé «un partenariat mutuellement avantageux reposant sur quatre piliers.» Le premier vise à «sécuriser l'ensemble des approvisionnements stratégiques, notamment énergétiques et alimentaires.» Le deuxième consiste à «connecter les économies, en utilisant l'Euromed comme plateforme de coproduction et en ouvrant des corridors stratégiques reliant Méditerranée, Afrique et Atlantique.» Le troisième pilier entend «mobiliser les talents, en transformant la migration en opportunité grâce à une mobilité intelligente et des dispositifs durables de formation et de reconnaissance des qualifications.» Enfin, le quatrième axe ambitionne de «refonder le dialogue politique par l'instauration d'un forum méditerranéen de haut niveau, utilisant l'UpM comme chapeau politique, pour dépasser les blocages.» Pour concrétiser cette vision, le ministre a suggéré la création de «coalitions volontaires associant au moins un pays du Nord et un du Sud, afin de travailler de manière agile sur des projets précis, sans être paralysés par les abstentionnistes.» Il a plaidé pour la mise en place «d'un Fonds euro-méditerranéen de cohésion, reposant sur un mécanisme hybride de garanties» et de dispositifs de «redevabilité vis-à-vis des citoyens, afin de redonner une légitimité sociale au projet.» Cette retraite de haut niveau, placée sous le signe de la transformation de l'espace euro-méditerranéen en «véritable partenariat géopolitique», réunit des responsables gouvernementaux, des acteurs économiques et des universitaires pour un dialogue prospectif destiné à «répondre aux attentes des peuples.»