La mendicité et l'errance au Maroc ne relèvent plus de situations isolées mais révèlent une crise sociale profonde. Des milliers de femmes, d'enfants et de personnes âgées sont exposés chaque jour à la violence, à la maladie et à l'exclusion. Les rapports officiels et les alertes des élus soulignent l'urgence d'une réponse nationale coordonnée pour contenir un phénomène qui met en péril la dignité des citoyens et l'équilibre des villes. Le Maroc fait face à une aggravation du phénomène de la mendicité et de l'errance urbaine. Dans les rues des grandes villes, il devient de plus en plus fréquent d'apercevoir des femmes accompagnées de jeunes enfants, certains en âge d'être scolarisés, postées aux feux rouges ou à proximité des mosquées, tentant de gagner un revenu pour survivre. Ce constat s'impose partout, des quartiers centraux aux périphéries urbaines, et le nombre de ces personnes ne cesse d'augmenter ces dernières années, malgré les programmes sociaux existants. Les dernières données disponibles, datant de 2014, font état de 7 226 personnes vivant dans la rue, un chiffre en légère diminution par rapport à 2004 (7 308, soit –1,1 %), selon le Haut-Commissariat au Plan. La majorité se concentre en milieu urbain, principalement dans cinq régions, notamment le Grand Casablanca-Settat (23%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (14%), Fès-Meknès et l'Oriental (12,4% chacun) et Rabat-Salé-Kénitra (11,6%). Les régions de Marrakech-Safi et Souss-Massa affichent respectivement 8,9% et 8%, tandis que les trois régions du Sud concentrent moins de 1%. Ces personnes sont particulièrement exposées aux violences physiques, sexuelles et psychologiques. De plus, la perte d'estime de soi et les addictions deviennent des conséquences fréquentes d'une mendicité prolongée. À cela s'ajoutent des risques sanitaires graves, allant de la malnutrition à l'absence d'accès aux soins, aggravant davantage la marginalisation. Les personnes âgées, représentant 3,8 % des sans-abri, figurent aussi parmi les principales victimes, souvent exploitées par des réseaux organisés. Lire aussi : Taxe carbone européenne : Le Maroc à l'épreuve de la compétitivité verte Face à ce constat, plusieurs élus ont jugé nécessaire de tirer la sonnette d'alarme. Le député du Parti du Progrès et du Socialisme, Ahmed Abbadi, a interpellé le gouvernement, le 1er septembre 2025, par le biais de deux questions écrites adressées aux ministères de l'Intérieur et de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille. Il a insisté sur la nécessité d'évaluer l'efficacité des programmes existants et de développer une stratégie globale intégrant santé, accompagnement social et réinsertion économique. En outre, le député a insisté sur l'importance d'une approche intégrée, tenant compte des personnes en situation de handicap physique ou mental, et assurant la coordination des actions entre les différents secteurs et institutions publiques. Selon lui, il est essentiel d'élaborer une stratégie globale visant la réinsertion sociale et économique de ces populations, garantissant un accès aux soins médicaux et un accompagnement social, tout en protégeant les citoyens dans l'espace public. De même, Ahmed Abbadi a souligné que cette politique doit être proactive et structurée afin de transformer la prise en charge du phénomène de la mendicité en un véritable levier de cohésion sociale et de dignité humaine. Selon lui, les observations de terrain montrent que la précarité urbaine touche toutes les catégories de population vulnérable et qu'aucune ville n'est épargnée. La multiplication des femmes et des enfants dans les rues illustre la nécessité d'une action urgente, capable d'endiguer durablement le phénomène et de restaurer la sécurité et la dignité dans les villes marocaines.