Le quotidien israélien Maariv affirme qu'en 2024, les exportations d'armements d'Israël vers les pays signataires des accords d'Abraham ont atteint 14,8 milliards de dollars, soit environ 12 % du total des ventes militaires. Dans ce cadre, «le Maroc a procédé à des acquisitions majeures comprenant des drones de dernière génération et des systèmes de défense aérienne pour un montant avoisinant deux milliards de dollars», dit la même source. Le journal rappelle que les accords d'Abraham, paraphés le 15 septembre 2020 à Washington sur les pelouses de la Maison-Blanche, ont constitué «une percée diplomatique historique dans les relations israélo-arabes». Ils ont été initialement conclus entre Israël, les Emirats arabes unis et Bahreïn, avant d'être étendus au Soudan, quant au Maroc, il a conclu un accord tripartite séparé. Pour Maariv, «au-delà de leur portée symbolique, ces accords traduisent une recomposition géopolitique au Moyen-Orient, influant sur le rôle d'Israël dans la région et sur ses rapports avec le monde arabe et musulman». Coopérations sécuritaires et essor commercial Le texte souligne que «les accords ont aboli le tabou palestinien comme préalable à toute reconnaissance d'Israël et ont façonné une nouvelle architecture stratégique». Celle-ci a permis «l'émergence d'une coopération militaire, sécuritaire et de renseignement visant à contenir l'Iran et à mettre en place une alliance régionale anti-iranienne sous l'égide des Etats-Unis». Parallèlement, «ils ont porté un projet de transformation économique à travers des partenariats bilatéraux et multilatéraux dans les secteurs du commerce, de l'industrie, de l'énergie et de la technologie». Maariv observe que les échanges bilatéraux entre Israël et les Emirats arabes unis sont passés de 200 millions de dollars en 2020 à plus de 3 milliards en 2024. L'article mentionne aussi «la création d'un corridor terrestre traversant l'Arabie saoudite et la Jordanie, permettant aux entreprises israéliennes d'éviter la mer Rouge et de réduire leur vulnérabilité aux attaques des Houthis». Fragilités politiques et rivalités mondiales Le journal avertit que «la persistance du conflit à Gaza, l'affrontement direct entre Israël et l'Iran et la montée des attaques houthis aggravent le climat sécuritaire et accélèrent la course aux armements dans la région». À cela s'ajoute une forte opposition des opinions publiques arabes : «84 % des citoyens interrogés dans un sondage mené en janvier 2024 se déclarent opposés à la reconnaissance d'Israël, avec 94 % en Jordanie et 90 % en Tunisie». L'analyse s'attarde sur les tensions internationales. «La rivalité entre Pékin et Washington pour l'influence au Moyen-Orient menace de fragiliser les acquis des accords», écrit le quotidien, tout en relevant que «les droits de douane imposés par Donald Trump — 15 % sur Israël et la Jordanie, 10 % sur les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — affectent durement les industries régionales, de la technologie à l'agriculture en passant par les énergies renouvelables». Enfin, l'article insiste sur le rôle de la Chine, «qui considère le Moyen-Orient comme un pivot de son projet de la Ceinture et la Route (BRI) et qui a porté ses échanges commerciaux avec Abou Dhabi à 101,8 milliards de dollars en 2024». Tout en approfondissant ses relations avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, Pékin maintient «un équilibre diplomatique en entretenant des liens suivis avec l'Iran et les Palestiniens, ce qui lui permet de se poser comme partenaire économique et diplomatique central du Sud global».