Le siège de la rédaction de «Barlamane.com» a été, jeudi 18 septembre, la cible d'une tentative d'irruption menée par une commission relevant de la préfecture de Rabat épaulée par des membres des forces publiques dans les bureaux situés au quartier Agdal. La direction du site a dénoncé un acte «étrange, inédit et préoccupant», y voyant une atteinte manifeste à la liberté d'expression. Selon l'instance dirigeante de Barlamane.com, deux jours auparavant, un caïd et ses auxiliaires avaient déjà visité les lieux, sans notification écrite ni décision préalable. «Ils ont constaté qu'il ne s'agissait que de travaux de peinture intérieure, sans démolition, sans reconstruction et sans nuisance pour le voisinage», a-t-elle affirmé. Le représentant de l'autorité aurait même présenté des excuses verbales, en admettant la régularité de ces travaux. La société éditrice a souligné que l'autorisation du syndic de copropriété avait été dûment obtenue. «Les matériaux employés étaient de qualité, respectueux de l'environnement et sans danger pour les habitants», a-t-elle précisé, en ajoutant que la présence insistante des agents «soulevait des interrogations sur l'usage du temps et des salaires de fonctionnaires mobilisés pour rôder inutilement devant un siège de presse». Une autorisation accordée par le parquet du tribunal de première instance de Rabat aurait ensuite permis à la commission de pénétrer dans les lieux, sur la base d'éléments jugés trompeurs par la direction du site. «Le document parlait de prétendues infractions jamais constatées et qualifiait notre siège de logement, alors qu'il s'agit d'un bureau dûment déclaré», a protesté la même source. Les agents ont procédé à la saisie d'outils de chantier ordinaires : perceuse, valises de peinture, niveau laser, sacs de plâtre, escabeaux et mètres. «Rien qui ne justifie une telle mise en scène», a-t-elle critiqué, en rappelant qu'une simple mise en demeure municipale aurait suffi, si manquement il y avait. Pour la rédaction de Barlamane.com, cet épisode ne saurait être dissocié de ses dernières publications critiques qui couvrent l'action publique. «Notre programme "Dirha gha zwina" a révélé des pratiques internes au ministère de l'intérieur et a mis en lumière des comportements de certains responsables territoriaux», a-t-elle indiqué. La direction accuse le ministre de l'intérieur, Abdelouafi Laftit, d'avoir adopté «une démarche vindicative et personnelle, destinée à punir ceux qui osent critiquer sa gestion unilatérale».