La police a arrêté, mercredi soir, dans le quartier administratif de Rabat, un individu porteur de cocktails molotov tandis que ses cinq compagnons parvenaient à s'échapper. Une enquête judiciaire a été ouverte, a indiqué une source sécuritaire à Barlamane.com. Ces tensions surviennent après quatre soirées consécutives de manifestations non autorisées, convoquées par le groupement «GenZ 212», apparu récemment sur la plate-forme Discord et dont les meneurs demeurent inconnus. Ces rassemblements ont été émaillés de heurts violents avec les forces de l'ordre, notamment à Oujda et à Inzegane, en périphérie d'Agadir. Selon Rachid El Khalfi, porte-parole du ministère de l'intérieur, des protestataires ont eu recours à «des armes blanches, des cocktails molotov et des pierres». Le responsable a fait état de «263 blessés, à des degrés divers, dans les rangs des forces de l'ordre, et de 23 parmi les manifestants, dont une personne hospitalisée à Oujda». Toujours d'après M. El Khalfi, «409 individus ont été placés en garde à vue» et «plus de 140 véhicules de police et 20 voitures particulières ont été incendiés». Il a ajouté que «des administrations, des agences bancaires et des commerces ont été pillés et saccagés», notamment à Inzegane et Oujda. Des images montrent de longs moments d'affrontements sur une avenue d'Inzegane où des individus parfois cagoulés lançaient des projectiles sur les forces de l'ordre, incendiaient des bennes à ordures et embrasaient les abords d'un centre commercial. Le parquet a annoncé qu'un premier groupe de 37 personnes, dont trois placées en détention, sera jugé à partir du 7 octobre. Un second groupe de 97 prévenus, dont trois également détenus, sera jugé ultérieurement, sans qu'une date ait été fixée. Vingt-six autres ont retrouvé la liberté, sans qu'aucune charge ne pèse sur eux. Mercredi soir, dans une dizaine de villes. Le collectif «GenZ 212» a publié une déclaration où il dit «regretter les violences», tout en affirmant être avant tout «un espace de discussion ouvert sur la santé, l'éducation et la lutte contre la corruption». En arrière-plan de ces flambées urbaines, demeure la toile de fond d'un pays traversé par de profondes inégalités : fractures entre provinces prospères et territoires délaissés, gouffre entre un secteur public essoufflé et un secteur privé plus prospère. C'est sur cette ligne de faille sociale que se dessine l'actuel mouvement de contestation pacifique mais qui est en train de dégénérer.