Le mouvement Gen Z prend aujourd'hui une tournure inquiétante, au niveau du globe comme un phénomène mondialisé impliquant les jeunes résidant, évoluant et s'activant quasi exclusivement sur le virtuel. Que ce soit à Madagascar, au Népal ou au Maroc, les éléments de constat sont communs à plusieurs égards. À Madagascar, la contestation a déjà conduit à l'usage de moyens violents tels que bombes lacrymogènes et tirs à balles réelles, au Népal le vandalisme et le lynchage ont fait le tour du monde, et au Maroc les mêmes comportements de destruction sont pointés du doigt. Mais d'où vient cet engouement et cette ardeur de réaction chez une partie des manifestants ? Les déclencheurs sont largement partagés : insatisfaction sociale, absence de réponses concrètes des gouvernements, revendications de justice et de droits essentiels. Les acteurs principaux sont les coalitions de jeunes, coordonnées via des plateformes comme Discord ou Telegram, avec une forte propagation médiatique sur Instagram qui, loin d'apaiser, tend parfois à jeter de l'huile sur le feu. Les résultats de ces mobilisations ne sont pas négligeables : chute des gouvernements et transformation institutionnelle au Népal, alternance politique par la rue à Madagascar, mais aussi des scènes de violences extrêmes sans issue claire. Au Maroc, la dynamique est différente. Le pays a déjà connu des mouvements majeurs – le 20 février en 2011 et le Hirak du Rif en 2016–2017 – qui ont montré que toute escalade violente entraîne une réponse adéquate alliant le politique et le sécuritaire dans une harmonie propre aux Marocains. Les jeunes en ont retenu une leçon essentielle : la violence ferme le dialogue et isole le mouvement. Contrairement à l'idée reçue selon laquelle les jeux vidéo ou les films violents conditionneraient leur comportement, une grande partie de la Gen Z marocaine distingue nettement violence virtuelle et engagement réel. Cette génération, fortement influencée par la culture occidentale à travers les réseaux sociaux, les films et les séries, développe une conscience politique qui tend vers la réforme plutôt que la destruction. Dans l'imaginaire collectif marocain, la violence reste synonyme de chaos – la «fitna» –, rejetée socialement et religieusement. Le développement de ce phénomène au Maroc est étroitement lié aux réseaux sociaux, qui jouent un rôle central dans la diffusion d'images choquantes et de discours parfois haineux. Cette domination numérique met en évidence la faiblesse de la communication institutionnelle face à la puissance d'influence de ces nouvelles plates-formes. À titre de comparaison, des pays comme la Chine maîtrisent étroitement cette dimension digitale, alors que le Maroc subit son impact sans véritable stratégie. Quelles solutions ? Il apparaît difficile d'envisager de stopper un tel mouvement sans réactivité politique. Les autorités doivent répondre par des mesures concrètes, en particulier dans les domaines de l'éducation et de la santé. Parmi les nombreuses pistes possibles, certaines sont simples mais symboliques, comme la mise en place de badges de pointage pour lutter contre l'absentéisme médical, garantissant un suivi transparent des heures de travail et une rémunération en conséquence. Au-delà, seule une volonté réelle de réforme peut apaiser une jeunesse qui ne demande qu'à être entendue. Les mécanismes de relais et d'encadrement virtuel constituent le grand défi, pour booster l'adhésion à des entités d'encadrement maîtrisant le digital et épousant les arguments de l'idéologie universaliste chantant la liberté et l'amélioration de tous les vecteurs de développement individuel et collectif, à même de trouver le compromis idoine conciliant le virtuel et le réel.