La cinquième édition du World Power-to-X Summit s'est conclue jeudi 2 octobre à Marrakech par un plaidoyer en faveur de la mise en place d'un écosystème global dédié à l'hydrogène vert et à ses dérivés, considéré comme un levier pour accélérer la transition énergétique mondiale. Lors de la séance de clôture, Ayoub Hirt, chef du département chimie verte à l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen), a estimé que «les projets entrepris dans ce domaine doivent évoluer vers de véritables écosystèmes, générateurs de compétences, d'emplois et de compétitivité durable», tout en insistant sur la nécessité de cadres réglementaires clairs et stables afin d'inspirer confiance aux investisseurs et de permettre l'essor d'infrastructures stratégiques telles que les ports, les pipelines ou les systèmes de stockage et de certification. M. Hirt a souligné que le déploiement à grande échelle de l'hydrogène vert suppose des investissements sans précédent, appelant à «quadrupler» les capacités énergétiques vertes et à concevoir des outils financiers novateurs, notamment les contrats pour différence et les modèles à double option, capables de réduire les coûts de financement de 20 à 30%. Les défis financiers et géopolitiques Sur le plan financier, l'intervenant a relevé les obstacles liés aux coûts élevés et à l'incertitude des retours sur investissement. Il a plaidé pour des approches de «blended finance», des partenariats public-privé et des dispositifs de partage des risques destinés à sécuriser les projets pilotes, en particulier dans les marchés émergents. Au niveau national, M. Hirt a mis en avant le «potentiel considérable de l'ammoniac vert», dont le déploiement rapide constitue selon lui une question de souveraineté énergétique et de compétitivité. Ce déploiement exige toutefois une réglementation accélérée et des investissements dans des infrastructures critiques telles que les «smart grids», la désalinisation renouvelable, le transport par pipeline et le stockage de carbone. Sur le plan géopolitique, il a affirmé que «la carte mondiale de l'énergie est en pleine mutation et les ressources stratégiques de demain ne sont plus le pétrole et le gaz, mais plutôt le vent, le soleil et l'hydrogène». Le représentant de l'Iresen a conclu que le Maroc, doté de ressources renouvelables abondantes et de démarches pionnières, est en train de s'imposer comme un futur pôle industriel incontournable dans ce secteur. Organisée sous le patronage du roi Mohammed VI, par l'Iresen, en partenariat avec Masen, l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et le Cluster Green H2, la rencontre a rassemblé des décideurs, chercheurs et industriels de renom. Cette édition, lancée sous le thème «ensemble, propulser la transition énergétique mondiale», a constitué un carrefour international de coopération interrégionale, de recherche appliquée et de valorisation de l'offre marocaine en matière d'hydrogène vert.