Les forces politiques extrêmes qui sévissent dans le secteur agroalimentaire espagnol ont exprimé leur opposition à la décision récente de la Commission européenne de maintenir l'accord commercial avec Rabat, permettant aux produits issus des provinces méridionales marocaines d'entrer sur le marché communautaire avec des droits de douane réduits. Cette mesure, défendue par Bruxelles comme un moyen de sécuriser les échanges commerciaux, provoque néanmoins des réactions critiques, principalement de la part des forces politiques situées à l'extrême droite et à l'extrême gauche. La Commission a précisé que cette solution technique entend concilier le commerce avec le Maroc et les décisions controversées rendues en octobre 2024 par le Tribunal de justice de l'Union européenne (CJUE). Bruxelles estime que la continuité des échanges est essentielle pour l'économie régionale et le marché européen. Une concurrence accentuée mais maîtrisable Certaines associations agricoles espagnoles expriment leur préoccupation face à la possibilité d'une augmentation des exportations marocaines vers l'Union européenne. En dix ans, la production de tomates en Espagne a diminué de moitié tandis que celle du Maroc a plus que doublé. Toutefois, ces organisations reconnaissent que le royaume chérifien a investi massivement dans l'agriculture, améliorant ses infrastructures et ses méthodes de production. «Nous suivons de près ces évolutions, mais il serait excessif de les qualifier de déloyales», a commenté un responsable de la Fédération espagnole des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (FEPEX). L'expansion marocaine sur les marchés européens Le Maroc figure désormais parmi les principaux exportateurs mondiaux de tomates, avec 745 000 tonnes acheminées vers l'Union européenne en 2024-2025, pour une valeur d'environ 1,2 milliard de dollars (11,9 milliards de dirhams). Les principaux destinataires restent la France et le Royaume-Uni, mais les parts de marché se développent également en Espagne et aux Pays-Bas, ainsi que dans de nouveaux marchés comme la Belgique, la Suède, l'Irlande et la Finlande. «Il s'agit d'une croissance naturelle qui reflète les efforts du Maroc pour structurer son secteur horticole», précise un analyste européen cité par la presse économique espagnole. Les critiques à Madrid émanent surtout des partis extrêmes, qui dénoncent ce qu'ils considèrent comme une concurrence accentuée pour les producteurs locaux. Pour l'heure, les autres forces politiques, ainsi que la majorité des professionnels du secteur, adoptent une position plus mesurée. Face à cette situation, certains agriculteurs espagnols envisagent d'adapter leur production vers des cultures moins exposées à la concurrence, telles que le concombre ou la courgette, ce qui pourrait influencer les prix de ces produits.