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Maroc-France : La nouvelle géopolitique d'un partenariat militaire stratégique
Publié dans Maroc Diplomatique le 11 - 12 - 2025

La 23e réunion de la Commission militaire mixte maroco-française, tenue à Paris les 9 et 10 décembre 2025, dépasse largement le cadre d'un simple exercice de concertation bilatérale. Elle intervient dans un moment géopolitique marqué par une profonde recomposition des équilibres au Maghreb, au Sahel et sur l'Atlantique africain, ainsi que par la redéfinition du rôle européen sur le continent.
Dans cet environnement mouvant, le Maroc et la France engagent une convergence stratégique pleinement assumée, nourrie par l'urgence sécuritaire régionale, par le réchauffement politique des relations bilatérales et par l'émergence d'un nouveau paradigme de coopération industrielle en matière de défense.
Cette réunion s'inscrit d'ailleurs dans le prolongement direct de la dynamique ouverte par la visite d'Etat historique du Président Emmanuel Macron au Maroc en 2024, lors de laquelle les deux Chefs d'Etat avaient affirmé leur volonté commune de refonder et d'approfondir la relation entre les deux pays, en plaçant la défense et la sécurité au cœur d'une nouvelle architecture de partenariat stratégique.
Un moment géopolitique charnière
Au terme des travaux du Comité militaire mixte, le Général de Corps d'Armée Mohamed Berrid, Inspecteur général des Forces Armées Royales (FAR) et Commandant de la Zone Sud et le Général d'Armée Aérienne Fabien Mandon, Chef d'Etat-major des Armées françaises ont salué la qualité remarquable de la coopération maroco-française et les avancées significatives enregistrées au cours de l'année 2025. Ils ont, dans le même esprit, appelé à un élargissement des domaines de collaboration, notamment dans les technologies émergentes, la cybersécurité, les capacités de projection et le soutien opérationnel, autant de champs où les défis se renouvellent à grande vitesse.
Cette réunion intervient dans une année 2025 marquée par une multiplication des vulnérabilités régionales : effritement de plusieurs Etats sahéliens, prolifération des groupes armés, concurrence exacerbée entre puissances extérieures, mutation des corridors géoéconomiques et tensions croissantes sur les espaces maritimes stratégiques. Dans ce paysage fragmenté, le Maroc apparaît comme un pôle de stabilité et de prévisibilité, doté d'une vision stratégique cohérente, d'une montée en puissance maîtrisée de ses capacités militaires et d'une diplomatie active qui s'étend de la Méditerranée occidentale aux rivages atlantiques du Golfe de Guinée.
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La France, de son côté, cherche à dépasser le cycle de retrait et de recomposition qui caractérise sa posture au Sahel depuis 2022. Confrontée à une concurrence géopolitique inédite, elle identifie dans le Maroc un partenaire solide, ancré dans son environnement régional et capable de lire avec finesse les évolutions du continent. Dans cette perspective, une coopération repensée avec le Royaume constitue un levier stratégique permettant à Paris de réinscrire sa présence en Afrique dans un cadre plus crédible, plus partenarial et mieux adapté aux réalités contemporaines.
La valeur stratégique d'un partenariat repensé
La co-présidence de la réunion par le Général de Corps d'Armée Mohamed Berrid et par le Général d'Armée Aérienne Fabien Mandon, illustre la volonté de hisser la coopération maroco-française au rang d'un véritable partenariat d'égal à égal. Cette configuration traduit une évolution notable, celle que les deux armées ne se limitent plus à un dialogue technique ou opérationnel, mais s'attachent désormais à définir des convergences doctrinales, à harmoniser leurs lectures des menaces et à repenser leurs modes d'action face à un environnement sécuritaire profondément marqué par la montée des risques hybrides, transnationaux et asymétriques.
Dans ce cadre renouvelé, le Maroc apporte une valeur stratégique majeure. Son expérience opérationnelle, sa compréhension fine des dynamiques régionales et sa capacité éprouvée à stabiliser des zones de tension confèrent à la coopération une profondeur et une crédibilité nouvelles. La France, de son côté, complète ce dispositif en mobilisant des technologies de rupture, une expertise industrielle mature et l'ancrage institutionnel que lui offrent ses alliances occidentales. L'articulation de ces atouts crée un espace de complémentarité rare dans la région.
Une coopération industrielle qui recompose l'équation régionale
La visite de la délégation marocaine aux installations du groupe KNDS France, le 9 décembre, constitue un tournant décisif dans la nature même du partenariat. Elle ne relève en rien d'un geste périphérique ; elle dessine plutôt les contours d'une transformation structurelle qui pourrait repositionner le Maroc dans l'économie mondiale de la défense.
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Au cours de cette immersion, l'Inspecteur général des FAR et les dirigeants de KNDS ont exploré les principales innovations technologiques de l'entreprise, ses systèmes d'armement terrestres de nouvelle génération et son savoir-faire industriel. Ils ont également identifié les pistes de coopération susceptibles de favoriser l'émergence au Maroc d'une base industrielle et technologique de défense (BITD) capable non seulement d'absorber la demande nationale, mais aussi de s'insérer dans les chaînes de valeur internationales. L'ambition du Royaume dépasse de loin la seule acquisition d'équipements de haut niveau. Elle vise à internaliser des capacités industrielles stratégiques, à maîtriser des technologies critiques et à s'imposer progressivement comme un acteur émergent dans l'écosystème mondial de la défense.
Dans un monde où la souveraineté technologique devient une dimension centrale de la puissance, cette orientation renforce la posture sécuritaire du Maroc, élargit son influence sur les partenariats africains et consolide son rôle de hub sécuritaire et technologique sur l'axe atlantique. Pour la France, cette dynamique industrielle représente une opportunité stratégique. Elle lui permet de réaffirmer sa présence dans un espace africain où la compétition internationale s'intensifie, portée par l'activisme d'acteurs tels que les Etats-Unis, la Turquie, la Russie ou la Chine. Dans cette rivalité accrue, l'alliance avec Rabat apparaît comme un levier essentiel pour maintenir un ancrage crédible et durable sur le continent.
Des distinctions chargées de sens politique
En marge des travaux du Comité militaire mixte, une cérémonie officielle s'est tenue à Paris pour honorer plusieurs hauts responsables militaires marocains. Le Général de Corps d'Armée Mohamed Berrid a été décoré de l'Ordre de la Légion d'Honneur au grade de Commandeur, distinction remise au nom du Président de la République française par le Général d'Armée Aérienne Fabien Mandon. Deux autres officiers généraux ont également été mis à l'honneur : le Médecin Général de Corps d'Armée Mohamed Abar, Inspecteur du Service de Santé Militaire, et le Général de Division Aérienne Fouad Momen, Chef du 4e Bureau, tous deux élevés à l'Ordre national du Mérite, au grade d'Officier.
Ces distinctions ne relèvent pas du simple rituel protocolaire mais elles incarnent une reconnaissance politique forte et une volonté explicite de Paris de réaffirmer la confiance placée dans l'institution militaire marocaine. Dans un paysage stratégique en recomposition, la France rappelle ainsi que le Maroc demeure un partenaire fiable, stabilisateur et indispensable à toute architecture sécuritaire durable dans la région. Il faut bien le rappeler, la diplomatie de défense fonctionne largement par symboles, et celui-ci est sans équivoque : Rabat est reconnu comme un acteur militaire majeur, dont l'expertise, la discipline et la vision stratégique contribuent à façonner les équilibres sécuritaires du Maghreb, du Sahel et de l'Atlantique africain.
Une feuille de route tournée vers les défis du XXIe siècle
La validation du programme de coopération militaire pour 2026 constitue un autre signe fort de la profondeur stratégique du partenariat. Le Maroc et la France ont arrêté une feuille de route ambitieuse orientée autour de cinq priorités structurantes à savoir la cybersécurité et la lutte contre les attaques hybrides ; l'intégration des technologies émergentes dans la doctrine opérationnelle ; la sécurisation des espaces maritimes, notamment sur l'axe atlantique ; l'anticipation des risques et des vulnérabilités dans le Sahel élargi ; le renforcement de la formation, de la préparation opérationnelle et de l'interopérabilité.
Loin d'être un catalogue technique, ce programme traduit une lecture croisée des menaces futures et une approche commune fondée sur la prévention des instabilités plutôt que sur leur gestion a posteriori. Le partenariat s'inscrit ainsi dans une vision stratégique long terme, en phase avec les transformations rapides de l'environnement de sécurité.
Les contours d'un nouveau pacte géostratégique
Depuis plusieurs décennies, la Commission militaire mixte constitue l'un des mécanismes les plus structurants du dialogue stratégique entre les deux armées. La tenue de cette 23e édition confirme la solidité du cadre bilatéral, mais elle révèle surtout son adaptabilité aux défis nouveaux notamment la montée des menaces transnationales, les mutations technologiques, la compétition internationale accrue et les besoins croissants de souveraineté industrielle.
La session de 2025 signale, à cet égard, l'émergence d'un nouveau pacte géostratégique entre les deux pays. Le Maroc poursuit sa montée en puissance comme acteur stabilisateur et pivot de l'Atlantique africain, renforçant son influence et son rôle structurant dans la sécurité régionale. La France, quant à elle, confrontée à une révision nécessaire de son rôle en Afrique, réinvestit un partenariat avec un pays dont la crédibilité diplomatique, militaire et industrielle est désormais solidement établie.
En consolidant les coopérations opérationnelles, en approfondissant les partenariats industriels et en harmonisant leurs approches doctrinales, le Maroc et la France posent les jalons d'une relation de défense mutuellement bénéfique, durable et stratégiquement visionnaire, fidèle à la Vision Royale et aux orientations de long terme du Royaume.
À travers cette dynamique, les deux pays façonnent un partenariat discret dans sa forme, mais profondément structurant dans ses effets ; un partenariat capable d'influencer les équilibres régionaux, de projeter une stabilité partagée et d'accompagner les mutations géopolitiques du XXIe siècle.


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