La banque française a l'intention de se lancer dans d'autres secteurs de financement. Il lui suffirait de trouver les bons partenaires. Charles Milhaud, le président du directoire du Groupe Caisse d'Epargne (GCE), est un homme qui aime le Maroc. Il est aussi un adepte du rapprochement des deux rives de la Méditerranée. Ce n'est donc pas surprenant de le voir «militer» pour investir le marché marocain, à condition évidemment que les projets soient profitables à la banque. Le GCE avait d'abord tenté sa chance une première fois pour s'allier au groupe Benjelloun pour reprendre 20% du capital de sa banque, BMCE Bank. Les autorités monétaires avaient refusé ce rapprochement. Quelques années plus tard, ces mêmes autorités autorisent le CGE (mais pas seul) à entrer dans le capital du CIH. Un montage financier a été élaboré pour la circonstance et un holding a été créé : Massira Holding Capital Management, détenu à hauteur de 65% par la CDG et à hauteur de 35% par le CGE. Lequel holding a investi dans le capital du CIH. La Caisse d'Epargne détient désormais, indirectement, 23,3% de son capital. La stratégie de la banque française est tout d'abord, d'être «en accompagnant le CIH, un banquier marocain, en développant ses activités» et d' «asseoir son positionnement de grande banque de la famille», nous confie Charles Milhaud, le président du directoire de CGE. La banque française a trouvé ses marques… dans l'immobilier surtout, qui représente un grand potentiel. C'est dans ce cadre qu'elle a créé en mai 2007 GCE Maroc Immobilier, une filiale de GCE Maroc à 99,99%, qui est un opérateur multi-produits, capable d'investir, de développer, de conseiller et de gérer des ensembles immobiliers. Le but étant d'appuyer le développement stratégique du Groupe Caisse d'Epargne au Maroc. Ce dernier ne compte pas s'arrêter là. «Nous souhaitons - et nous en étudierons les opportunités - être présents sur d'autres secteurs de financement de projet, avec des partenaires marocains qui voudraient nous accompagner», explique Milhaud. C'est probablement dans ce cadre que le Groupe Caisse d'Epargne a dernièrement conclu un partenariat stratégique avec le groupe Addoha pour commercialiser ses produits en France. Comment le groupe d'Anas Sefrioui a-t-il pu convaincre un groupe comme le GCE, qui détient 25% de parts de marché sur le segment des MRE, de vendre ses produits dans l'Hexagone ? Il y a près de deux années, les patrons des deux groupes s'étaient rencontrés. Le courant est passé entre les deux hommes. Charles Milhaud, le président du directoire de GCE, avait exprimé à Sefroui son envie de faire du business avec le groupe. Mais à l'époque, il ne savait pas encore de quelle manière. Après le CIH, Addoha Quelques mois plus tard, Sefrioui a offert à son ami français un siège au Conseil d'administration de Douja Promotion. Il en devient administrateur il y a près d'un an et demi, au même titre que le président d'Alstom, Philippe Mellier. Les réflexions étant entamées chez les deux parties, un deal est finalement trouvé. CGE vend en France les produits de haut standing d'Addoha. «Les biens proposés par ce groupe correspondaient à une gamme de produits qui répondent aux réels besoins de nos clients. Par ailleurs, Addoha, grand groupe coté, a accepté les conditions de transparence tant juridiques que sur la qualité des produits : tous les biens seront en effet expertisés par une entité indépendante avant d'être commercialisés», nous explique Charles Milhaud. Et d'ajouter : «Addoha répondait à nos critères tant en termes de qualité des biens que de disponibilité et de diversité. De même, les conditions de prix – à savoir l'application des prix proposés au Maroc – était un critère important. De toutes les façons, ce partenariat n'est pas exclusif: nous pourrons élargir à d'autres promoteurs ce type d'accord». Du côté marocain, le partenariat est une aubaine. Les offres d'Addoha seront davantage appréciées dès lors où une banque de renommée comme le GCE les proposera à ses clients. Le partenariat va d'autant plus augmenter les chances d'Addoha de vendre ses produits sur plusieurs autres marchés des rives de la Méditerranée. En fait, neuf établissements de France (dont GCE), d'Espagne, d'Italie, de Tunisie, d'Egypte et du Maroc ont décidé d'accorder leurs violons pour réfléchir sur des gammes de produits destinés aux migrants et au transfert de leurs fonds. Addoha compte profiter de son partenariat avec GCE pour cibler les clients de ces autres banques. Un réseau qui compte des millions de personnes. Le partenariat en question est considéré comme « win-win », chacun a quelque chose à y gagner. ◆