Obliger les sociétés cotées en Bourse à publier leurs résultats trimestriels est une mesure que les acteurs de la place appellent de leur souhait. Analystes, journalistes et même certains patrons de sociétés cotées y voient le moyen de couper court aux rumeurs infondées… A l'heure où des sociétés publient volontairement leurs résultats trimestriels, la question de rendre les publications à cette périodicité obligatoires se pose avec acuité. «Il serait de bon ton d'obliger les sociétés cotées à publier leurs résultats trimestriels, car cela permettrait d'irriguer les circuits d'information avec une fréquence plus grande», argue Jalal Berrady, président d'Attijari Intermédiation. Ce dernier explique que cette mesure amènerait plus de dynamisme à une place qui en a grandement besoin. En effet, entre les publications annuelles, puis semestrielles, il existe un désert informationnel qu'il faut absolument combler. Les investisseurs boursiers se trouvent sevrés de news sur la bonne santé des tickets qu'ils traînent dans leurs portefeuilles. Certes, les opérations stratégiques sont ponctuées par une suspension de cours et une communication envers les actionnaires, mais cela n'est plus suffisant. La crise qui, de par son impact, s'est muée en instituteur soulignant les bonnes pratiques à adopter, nous enseigne une nouvelle leçon : les choses évoluent dorénavant beaucoup plus vite. Le trimestre est un laps de temps suffisant pour voir les choses évoluer de manière significative. Il est donc important pour les investisseurs boursiers d'être informés sur la tournure trimestrielle que prennent les comptes d'une entreprise. Ainsi, ils pourront agir en conséquence en achetant, vendant ou en conservant les titres cotés. Couper court aux rumeurs Il est indéniable que l'évolution des cours dans la configuration actuelle suit la logique des rumeurs plus qu'autre chose, car la place ne fait que spéculer sur des performances hypothétiques. La rumeur est reine sur le marché financier, et il n'y a que l'information pour pouvoir lui couper l'herbe sous le pied. Aussi, la publication des résultats trimestriels viendrait canaliser le flux du «qu'en dira-t-on». Elle donnerait aussi de la matière fraîche aux analystes qui ne seront que trop heureux d'effectuer leurs notes de recherche sur la base d'informations plus actuelles. Mais il n'y a pas que les analystes à appeler les publications trimestrielles de leurs souhaits. Les journalistes qui couvrent l'actualité boursière s'en délecteraient, puisque cela apporterait du grain à moudreà leurs moulins. In fine, à travers le travail des analystes et des journalistes, ce sont les investisseurs qui seront mieux informés et qui plus est à jour. Pour ce cru 2009, on a vu un certain nombre de sociétés publier volontairement ces résultats trimestriels. ONA, Maroc Telecom, et même Méditel l'ont fait. A noter que cette dernière n'est même pas cotée. En tout cas, ces sociétés s'inscrivent dans une logique de transparence et préfèrent jouer carte sur table. Car même quand les résultats ne sont pas forcément bons, il est toujours préférable de prendre les rumeurs plus alarmistes à contre-pied. «On a toujours plus peur de ce qu'on ignore», explique un spécialiste de la bourse. Les bruits de couloirs ont tendance à amplifier l'appréhension des boursicoteurs. Cela laisse libre court à toutes sortes de supputations qui ont tendance à plomber le cours de la valeur sans que le top management ait l'occasion de rectifier le tir, en tout cas pas avant la prochaine publication de résultats. «Il faut acheter la rumeur et vendre l'information», explique Ghassen Belhadj Jrad, directeur général d'Integra Bourse. La rumeur biaise l'évolution des cours et les installe dans un trend factice. Le chemin vers l'efficience de notre place passe donc par la canalisation de l'information, par sa régularité et sa fréquence. On ne peut arriver au niveau de valorisation idoine si on n'étanche pas la soif informationnelle des investisseurs boursiers.