Ecrit par Lamiae Boumahrou | L'annonce de l'augmentation du prix du pain blanc (rond ou baguette) fixé à 1,2 DH fait par une association de boulangers a suscité de vives réactions des citoyens qui sont au bord du gouffre. Heureusement, plus de peur que de mal. Le président de la Fédération nationale de la Boulangerie et pâtisserie au Maroc rassure. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le Maroc fait face à une hausse des prix des matières premières qui met à rude épreuve son économie et met le gouvernement dans une situation peu enviable. Et pour cause, l'Etat doit garantir à tous les Marocains l'accès à certains produits de base bien que leur prix sur le marché international ait doublé. C'est le cas du blé principal composant du pain qui est considéré comme le produit de base et de première nécessité pour tous les Marocains. Pour maintenir la stabilité du prix du pain, et comme nous l'avions mentionné dans un précédent article, l'Etat subventionne non seulement le blé fabriqué localement (par la caisse de compensation) mais aussi celui importé par le mécanisme de restitution. Une restitution forfaitaire à l'importation qui s'est élevée à 4,667 Mds de DH à fin mai pour 3,325 millions de tonnes de blé tendre importés. Rappelons qu'en 2008, le gouvernement avait signé avec les professionnels du secteur des accords de modération pour ne pas porter préjudice au pouvoir d'achat du consommateur. Des accords qui engageaient d'une part l'Etat à subventionner le prix du blé importé en cas de hausse à l'international pour maintenir le prix à 350 dirhams le quintal (sortie moulin) et d'autre part les boulangers à maintenir le prix du pain blanc (rond ou baguette) à 1,2 DH. Alors pourquoi les boulangeries ont annoncé récemment la hausse des prix du pain ? Contacté par nos soins El Houcine Azzaz, président de la Fédération nationale de la Boulangerie et pâtisserie au Maroc (FNBP) a nié en bloc toutes les informations relayées faisant référence à une éventuelle augmentation des prix du pain. « La FNBP, qui est la seule instance reconnue par l'Etat, tient à rassurer les Marocains qu'il n'y aura aucune augmentation du prix du pain contrairement à ce que certains professionnels, qui ne représentent qu'eux-mêmes, ont annoncé dans un communiqué », a-t-il précisé. En effet, le 16 juin une association des boulangers s'est fendue d'un communiqué annonçant la libéralisation du prix du pain à base de blé tendre fixé à 1,20 DH et par conséquent la hausse des prix. Interrogé sur ce communiqué, El Houcine Azzaz nous a affirmés qu'il s'agit d'une association qui ne représente ni la profession ni le secteur. « Cette annonce est considérée comme une provocation et une menace à la paix sociale », souligne le président de la FNBP. En effet, en ces temps de crise, les tensions sont vives notamment en raison de la hausse des prix et la rareté des produits énergétiques mais aussi alimentaires qui ont considérablement impacté le pouvoir d'achat des Marocains. L'augmentation du prix du pain, qui est un produit de base et de première nécessité, serait la goutte qui déborderait le vase mettant en péril la paix sociale. Une paix qui ne tient qu'à un fil en raison des hausses qui s'accentuent et qui asphyxient de plus en plus les ménages. Mais là c'est une autre paire de manches. Pour revenir au pain, les boulangers n'ont donc pas le droit d'opérer une quelconque augmentation tient à préciser El Houcine Azzaz. Rappelons qu'en utilisant du blé subventionné par l'Etat dans le cadre du mécanisme de la restitution forfaitaire à l'importation, les boulangeries sont tenues par la convention signée entre l'Etat et la Fédération en 2008 à maintenir le prix du pain blanc à 1,2 DH. « Certes nous subissons l'augmentation des autres produits constituants du pain notamment la levure, mais le blé, élément de base de pain, représente 70% du pain et son prix n'a pas changé », a précisé le président de la FNBP. Pour remédier au coût exorbitant de production (matières premières et main-d'œuvre), la Fédération appelle le gouvernement à ouvrir un dialogue responsable et constructif afin de trouver les moyens de résoudre le dilemme du coût élevé de production du pain ordinaire.