Quand on voit Salima Ayouche, le Directeur Qualité Groupe de Attijariwafa bank, on peine à croire qu'enfant, elle était plutôt garçon manqué. On ne se douterait pas un instant qu'elle est fan de grosses cylindrées. Enfant, Salima avait pour leitmotiv de se donner à fond, se surpasser, que ce soit dans les études ou le sport de haut niveau qu'elle pratiquait. «Curieuse, j'étais touche-à-tout, j'adorais discuter avec les adultes et je dévorais les livres, Pearl Buck faisait partie de mes écrivains préférés». Elle a une enfance assez particulière puisque bébé, elle est élevée par sa sœur ainée. «J'ai eu la chance d'avoir 2 types de parents, ceux qui m'ont mis au monde, traditionnels, pieux, versés dans le fond de la jarre culturelle de Fès avec un grand sens de communication et de transfert des valeurs profondes et, en même temps, très ouverts sur le monde; et mes parents adoptifs, ma grande sœur et son mari, un couple très moderne, particulièrement ouverts sur l'Occident, de grands voyageurs qui m'ont transmis à leur tour le sens des valeurs occidentales, le goût de la lecture et le sens de responsabilité et d'autonomie». Ce mix de milieux d'éducation différents va l'enrichir et la marquer profondément. «J'ai toujours puisé dans les deux cultures et chacune m'a beaucoup apporté sur le plan personnel, professionnel et social». En 1968, alors jeune enfant, Salima va vivre une expérience qui l'émerveillera et lui donnera résolument le goût du voyage. En effet, elle va relier Casablanca à Paris, par avion, seule. «Je devais rejoindre mes parents à Paris et c'était une expérience inoubliable que de prendre l'avion seule, bien qu'une hôtesse veillait sur moi, et d'atterrir à Orly avec mes bagages et prendre l'escalator…». L'autre souvenir marquant de son enfance est le jour où ses parents lui feront une surprise qui nourrira une réelle passion plus tard. En effet, élève brillante, un jour son père lui demande les sourcils froncés et le ton autoritaire, d'aller lui chercher un document du coffre de sa voiture. Mais à sa grande surprise, au lieu du document elle y découvre une moto 102, elle avait alors 10 ans. Un cadeau pour récompenser ses efforts. «Ils m'avaient promis une moto avec plus de cylindrée chaque année si j'excellais dans mes études». Et en effet, la compétition n'était jamais loin et tout au long des années, Salima finit par vouer une réelle passion à la moto et aux grosses cylindrées. Une passion qui lui donne des envies de prendre le large, de voyager, de partir et, une fois son Bac en poche, elle n'hésite pas à partir pour la France, un pays où elle s'était souvent rendue avec ses parents. «Je voulais suivre des études d'architecture, mais à l'époque, il y avait un quota pour étudiants étrangers. Je me suis alors orientée vers le droit tout en suivant des cours de psychologie». «Aujourd'hui, je ne regrette absolument pas mon choix car la formation en droit procure un esprit d'analyse pertinent, structuré et organisé et cultive le sens du détail et de l'observation». Le droit la passionne, mais son penchant pour l'architecture influencera sa décision pour sa spécialité en doctorat : l'Aménagement du Territoire et Urbanisme. «C'était une nouvelle spécialité en France pour accompagner les nouvelles lois françaises de décentralisation». La première promotion dont elle fait partie compte peu d'étudiants face à un grand besoin à l'époque. «Je pense que cela m'a ouvert la porte de postes rêvés parce que les profils spécialisés en la matière étaient assez rares sur le marché du travail». Soulignons à juste titre que son diplôme, elle l'a obtenu avec mention de l'Université de Lille II. Salima intègre alors la Direction de l'urbanisme du groupe Samu-Auchan, travaillera en qualité de chargée de mission pour le département du Nord en matière d'urbanisme, et créera son entreprise en France : bureau de liaison à l'export à Lille. Mais, le poste qui l'avait le plus marquée est l'enseignement universitaire. Pendant 5 ans, elle va enseigner le droit constitutionnel et administratif à l'université de Lille II, elle occupera plusieurs postes similaires dans d'autres facultés ainsi qu'à l'Institut des PME de la même ville. Evidemment, elle n‘aurait pas pu accéder à des postes prestigieux sans mérite, elle a même marqué son encadrant doyen et président de l'université , le professeur José Savoye, avocat éminent, réputé grand maître en droit de l'expropriation. Face au travail sérieux et pertinent de Salima, son encadrant lui propose un poste d'enseignante à l'Université même où elle a été formée. Au cours de cette expérience, elle fera la connaissance de Maurice Duverger, juriste, politologue et spécialiste du droit constitutionnel. La richesse de l'expérience et la parfaite intégration en France n'ont en rien distrait Salima de son pays, qu'elle visitait régulièrement. Et elle décide de retourner au bercail. Sa deuxième «vie» professionnelle, elle l'entamera en qualité de fondée de pouvoirs principale responsable de la formation dans l'ex-Wafabank. Elle dirigera ensuite la filiale de «Facility Management» spécialisée dans le recouvrement des crédits TVA et de PFI, pendant 2 ans avant d'être nommée Administrateur Directeur général de Wafatrade, holding composée de 6 filiales basées au Maroc, en France et aux USA, opérant dans les secteurs de l'exportation, la grande distribution et le financement. Cinq ans plus tard, elle est nommée Directeur marketing opérationnel group de l'ex-Wafabank. Et comme Salima ne se contente pas du savoir acquis, elle suit plusieurs formations et séminaires auprès de l'EFMA à Paris et à Montréal en marketing et communication, management, qualité, certification, coaching, PNL, analyse transactionnelle … Elle encadre des travaux de recherche de 3ème cycle en qualité. Actuellement, elle occupe le poste de Directeur Qualité groupe d'Attijariwafa bank. A côté de sa vie professionnelle, sa vie associative occupe une place importante aussi. Puisqu'elle est membre fondateur du premier club d'investissement au Maroc «Femmes en Action». De plus, elle est membre du réseau des Femmes d'Affaires du Québec. Elle est vice-présidente de l'AQM, l'association de la qualité et du management. Salima œuvre activement au sein de l'Association Espace Mohamed Abdou. Membre actif de l'AFEM de 2004 à 2008, Salima est également sympathisante d'Espod. Mère de deux enfants, elle est présidente de la PEEP, l'Association des parents d'élèves de l'enseignement public français au Maroc. Passionnée de voyages, grande cinéphile, Salima cultive aussi la passion pour l'écriture de poèmes. Mais la moto et l'apprentissage du Coran restent ses hobbies les plus forts. «J'ai arrêté pendant longtemps la moto, mais cette passion m'a rattrapée. Un jour, à un feu rouge, j'ai flashé sur une cylindrée». Quelque temps plus tard, elle va se faire plaisir en s'offrant une grosse cylindrée. La famille est sacrée pour Salima, qui a d'ailleurs été endeuillée par la perte successive d'êtres très proches. Mais sa croyance en la destiné divine et son recueillement dans le Coran lui ont permis de remonter la pente. Aujourd'hui, elle est entièrement, et plus que jamais, dévouée à son travail et à sa famille. «J'ai la chance d'avoir un mari patient et confiant, cela m'a beaucoup aidée dans ma carrière. Il est très présent dans l'éducation et l'enseignement de nos enfants et ça, c'est primordial dans la vie d'une famille».