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Entretien : «Le phénomène des petites bonnes a été longtemps accepté dans la société marocaine»
Publié dans Finances news le 30 - 06 - 2011

A ses débuts, Bayti travaillait surtout avec des garçons, le programme concernant les filles n'ayant été élaboré qu'en 1998.
Les petites filles étaient détournées par des intermédiaires qui les plaçaient dans des réseaux de prostitution ou de fournisseurs de domestiques.
Saïda Saghir, responsable pédagogique à l'Association Bayti pour les enfants en situation difficile, présente les actions de l'Association et dresse la situation des petites bonnes au Maroc. -Finances News Hebdo : Comment se fait votre premier contact avec l'enfant ?
-Saïda Saghir : La création de Bayti, telle que vous la connaissez aujourd'hui, s'est faite en 1995. Nous avons démarré notre travail avec un seul foyer d'accueil pour les enfants, en situation difficile. Des enfants victimes de violences, d'abus sexuels, ou en conflit avec la loi, mais aussi des enfants travailleurs.
Nous avons une équipe de pédagogues qui effectuent un travail sur le terrain ; ils entrent en contact direct avec les enfants surtout dans les points noirs de Casablanca (le port, le centre ville, la gare Ouled Ziane...). Si l'enfant est âgé de 9-10 ans, il est directement intégré au foyer. Pour ce qui est des enfants plus âgés, ayant passé une longue période dans la rue, le traitement est différent.
Nos agents essaient de maintenir une relation de confiance avec ces enfants à travers des ateliers qui se font dans la rue. Des cours d'alphabétisation, le sport, le théâtre… sont organisés pour essayer de mesurer le degré de motivation de ces jeunes. Ce nouveau mode de vie les fait en quelque sorte replonger dans une enfance dont ils sont privés. Ensuite, nous passons à une situation plus rigoureuse. Nous commençons à élaborer des règles de jeu. Si l'enfant veut y participer, il sera tenu de se présenter à l'heure, dans un état acceptable. En général, cette méthode nous réussit. Le fait que l'enfant s'implique dans ces activités au lieu de se droguer, de sniffer de la colle, de vendre des fleurs, ou de cirer des bottes, ne serait-ce que pendant la tenue des ateliers, est en soi un grand succès.
-F.N.H. : Quelles sont les raisons qui poussent ces enfants à sortir dans la rue et exercer des travaux qui leur sont nuisibles ?
-S.S. : À travers les discussions et l'écoute de ces enfants, on arrive à déceler quelques vérités sur le «Pourquoi est-il dans la rue et pas à l'école ?». Ça peut vous surprendre, mais les raisons pour lesquelles ces enfants se retrouvent dans la rue sont souvent liées à des petits problèmes à caractère familial (vol, échec scolaire…). La peur empêche ces enfants de regagner leurs foyers. Ceci ne veut pas dire que c'est toujours le cas. Plusieurs enfants se sont réfugiés dans les rues pour se révolter et pour fuir un mode de vie où ils étaient maltraités et victimes d'abus de tout genre.
De manière générale et d'après notre expérience, nous avons relevé quatre causes majeures de l'expansion du phénomène du travail des mineurs : la pauvreté dans le monde rural, les défaillances du système scolaire, la permissivité sociale ainsi que la non application de la législation relative à la protection des enfants. Un enfant ne travaille pas parce qu'il en a envie.
-F.N.H. : Quelles solutions leur offrez-vous ?
-S.S. : Notre travail est toujours basé sur l'approche droit. Le droit à la santé, à la scolarité, à la participation… L'insertion scolaire est très importante pour l'enfant. Nous recevons des enfants qui ont une rupture scolaire de trois ans, ce qui nous pousse à adopter un système d'éducation non formelle dans un but de réinsertion scolaire ou de formation professionnelle. Tout dépend de la motivation, de l'assiduité et des compétences de l'enfant. Un effort parallèle se fait avec la famille qui reste le vrai foyer auquel appartient cet enfant. D'autres enfants âgés de 18 ans et plus, et dont la réinsertion familiale s'avère impossible, sont éduqués et orientés dans un souci d'autonomisation.
Dans ce processus, les retombées psychologiques ne sont, bien évidemment, pas à négliger. Nous faisons constamment appel à des pédopsychiatres, des psychanalystes et des éducateurs pour tout ce qui est soutien moral à l'enfant. À ceci s'ajoutent des activités comme le jeu de rôles, le théâtre, le dessin.. qui jouent un rôle prépondérant dans la construction de la personnalité de l'enfant.
-F.N.H. : Vous menez plusieurs actions au profit des enfants travailleurs et surtout des petites bonnes ; pourquoi ce choix ?
-S.S. : Parmi les enfants concernés par les actions de Bayti, on trouve les enfants travailleurs, de façon générale et les petites bonnes, en particulier. Ce n'est pas un choix sélectif.
Dans les premières années, nous travaillions uniquement avec des enfants de sexe masculin. Ce n'est que depuis 1998 que l'Association s'est engagée dans plusieurs projets avec de grandes organisations internationales comme l'UNICEF et l'Organisation Internationale du Travail (OIT).
-F.N.H. : N'y avait-il pas de petites filles dans les rues à l'époque ? Comment a évolué le phénomène des petites bonnes au Maroc ?
-S.S. : Aujourd'hui, on en voit partout, mais au début des années 90, le phénomène était rare. Ces filles étaient très souvent récupérées par des réseaux. Qu'il s'agisse des réseaux de prostitution ou de domestiques, des intermédiaires sont dans les rues dans le seul but de repérer ces petites filles et les placer dans un foyer pour travailler ou dans des réseaux de prostitution. En 1998, le phénomène a pris de l'ampleur et on a été dans l'obligation de créer un programme pour filles.
Le phénomène des petites bonnes a été, malheureusement, longtemps accepté par la société marocaine. Ces fillettes sont bonnes à tout faire. À un bas âge, les tâches qui leur sont imposées sont pénibles et interminables. La petite bonne se voit contrainte de gérer tout un foyer, de faire le ménage, les courses… Pire encore, on confie à un enfant l'éducation et la prise en charge d'un autre enfant. Un vrai crime. À cela, s'ajoutent bien évidemment les différents dangers auxquels une petite bonne est exposée. Ici, l'abus sexuel n'est pas à exclure, que ce soit de la part du mari (employeur) ou de ses fils… Ce qui empire généralement la situation des petites bonnes, c'est la rupture de tout lien avec leur famille.
Aujourd'hui, le statut de la petite bonne a changé. Il existe des lois en rapport avec l'obligation de la scolarisation ainsi que la loi du travail qui interdit très clairement l'emploi des enfants de moins de 15 ans.
-F.N.H. : Vous avez évoqué des lois claires et précises. Pourtant, d'après une étude réalisée en 2008, 11% des employeurs ignoreraient l'illégalité de leur acte. Que reste-t-il à faire dans ce sens ?
-S.S. : Les lois qui protègent nos enfants sont là. Le problème concerne leur application. Si toutes ces lois étaient appliquées, on ne trouvera pas d'enfants de moins de 15 ans en dehors de l'école, exploités économiquement dans des conditions misérables et nuisibles à leur santé physique, mais surtout psychique. Le Maroc a signé plusieurs conventions pour la protection de l'enfance et est engagé envers la communauté internationale. Au niveau supérieur, c'est-à-dire pour tout ce qui est en rapport avec les accords, les conventions, les discours, tout est en règle. Cependant, une fois qu'on essaie d'évaluer la situation de l'enfance au Maroc, une grande contradiction est palpable. La volonté est peut-être présente, mais la réalité reste décevante.
Propos recueillis par Imane Nigrou


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