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Entretien : Les portefeuilles d’abord...
Publié dans Finances news le 01 - 11 - 2007

* Dans cet entretien, le politologue Aziz Chahir analyse les retombées de la déclaration de politique générale, ainsi que ses implications sur le rendement du gouvernement de Abbas El Fassi.
Finances News Hebdo : Est-ce qu'on peut considérer que la déclaration faite par le Premier ministre Abbas El Fassi s'apparente plus à une déclaration d'intention qu'à une réelle déclaration de politique générale?
Aziz Chahir : Avant qu’elle soit un devoir constitutionnel, je crois que la déclaration de politique générale d’un Premier ministre est un exercice rituel qui permet au gouvernement d’exposer son analyse de la situation du pays, ses intentions d’action et les valeurs qui la sous-tendent. Partout ailleurs, la déclaration de politique générale ne peut aller au-delà de sa fonction communicative qu’on qualifie communément de «grand oral» du gouvernement. C’est vrai qu’elle engage la responsabilité de celui-ci et qu’elle peut même le conduire à démissionner, si jamais le texte est rejeté par la majorité absolue des députés. Cela dit, la déclaration de politique générale demeure un plaidoyer de bonnes intentions, de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. La déclaration d’Abbas El Fassi s’inscrit de fait dans le cadre d’intentions somme toute bien réelles, mais loin d’être réalisables. Atteindre un taux de croissance de 6% c’est bien, encore faut-il avoir les moyens nécessaires pour le concrétiser.
F. N. H. : Est-ce que vous pensez que les programmes des partis formant le gouvernement vont avoir la priorité lors de l'actuelle législature? En d'autres termes, les chantiers déjà entamés par l'équipe de Driss Jettou seront-ils reconduits ?
A. C. : Je ne crois pas que les programmes des partis formant le gouvernement figurent en tête des priorités du nouvel exécutif. Déjà, lors des tractations pour la formation du gouvernement, aucun parti n’a daigné défendre un programme politique qui lui est propre, voire son programme électoral. La course effrénée des partis pour s’accaparer des portefeuilles ministériels a vidé ainsi la logique programmatique de sa substance rendant vulnérable la position du nouveau gouvernement. Ce qui explique, à mon avis, pourquoi le Premier ministre s’est aligné sur «l’agenda royal» présenté par S.M le Roi dans son dernier discours lors de l’ouverture de la session parlementaire. Driss Jettou, faut-il le rappeler, s’est comporté de la même façon privilégiant les choix du Souverain dans son programme gouvernemental. In fine, la politique du nouveau gouvernement s’inscrit encore dans la continuité du précédant, avec une différence près : c’est que le Premier ministre est un politique et non un technocrate. En d’autres termes, il est quasiment certain que les chantiers entrepris par l’équipe Jettou seront reconduits par le gouvernement El Fassi qui aura, certes, du mal à proposer des alternatives aux choix du souverain considéré par le Premier ministre lui-même comme le véritable chef de l’exécutif.
F. N. H. : Comment l'actuel gouvernement pourrait-il «légitimer» son action, surtout après la vague d'absentéisme qui a caractérisé la participation aux législatives?
A. C. : D’un point de vue objectif, je crois que l’abstentionnisme qui a marqué la participation aux dernières législatives ne doit pas occulter le fait que le gouvernement actuel est, d’une certaine manière, issu des urnes. Bien entendu, la popularité des partis de la Koutla a considérablement diminué rendant désuètes les promesses tenues par le Premier ministre actuel dans sa déclaration de politique générale. Pour tenter de lever le discrédit sur ce gouvernement, je crois que les ténors de l’Istiqlal et de l’USFP ont déjà commencé leurs manœuvres pour gagner en crédibilité. Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a pris le soin de mettre en avant une «légitimité historique» laissant entendre son souhait de voir les Marocains rassemblés autour d’une «identité nationale marocaine» panarabiste dont le parti de l’Istiqlal serait l’un des principaux défenseurs. Sur le plan politique, El Fassi n’a pas hésité à faire de l’emploi son cheval de bataille en exprimant son intention de créer 250.000 emplois par an. Une manière de se racheter auprès de l’opinion publique marquée, elle, par l’implication personnelle d’El Fassi dans « l’affaire Annajat». Les socialistes, de leur côté, ne sont pas restés les bras croisés face au discrédit qui frappe la majorité gouvernementale. Le Bureau politique de l’USFP s’est réuni, tout récemment, pour contenir les vagues de protestations dont il fait l’objet depuis le départ d’El Youssoufi. Le parti socialiste a décidé ainsi de participer au gouvernement tout en s’offrant la possibilité de recourir à une «opposition critique» à l’égard du gouvernement. L’USFP a appelé, par ailleurs, à une ouverture sur toutes les forces de gauche dans le but d’activer le référentiel idéologique progressiste mis à mal par la «compromission» de certains membres du parti, surtout à cause de leur participation aux affaires.
F. N. H. : Est-ce que vous pensez que ceux qui ont évoqué «la non homogénéité» gouvernementale vont finir par avoir raison?
A. C. : Je pense qu’en l’absence de pôles politiques fondés sur un clivage idéologique, du genre progressisme-conservatisme par exemple, la question de l’homogénéité gouvernementale restera toujours d’actualité. Il est vrai aussi, faut-il le rappeler, que l’éclatement du champ partisan, accentué surtout par un mode de scrutin de liste à la proportionnelle, ne favorise pas la constitution de plates-formes politiques partageant des idées communes. A cela s’ajoute, bien entendu, l’entrisme de technocrates ayant parfois su «s’imposer» au détriment de politiciens impressionnés, eux, par le savoir-faire managériel des cadres en charge des affaires publiques. Tout cela contribue, bien évidemment, à renforcer l’idée selon laquelle l’hétérogénéité gouvernementale risque d’influer négativement sur la stabilité et l’efficacité de l’action gouvernementale. Dans le cas du gouvernement El Fassi, je crois que la désignation d’un Premier ministre issu des urnes et la non participation de l’UMP au gouvernement, ont permis aux dirigeants de la Koutla d’assurer un minimum d’homogénéité émanant de leur héritage historique en tant que partis dits «nationalistes» ayant participé à l’expérience de l’alternance. Actuellement, je crois que l’enjeu pour la «Koutla» est de maintenir une certaine discipline dans les rangs de la majorité gouvernementale, surtout parmi des technocrates fraîchement investis ayant été parfois parachutés au grand regret de certains militants de longue date. Du côté du Pouvoir, le choix semble porter sur la réactivation de l’expérience de l’alternance avec une différence de taille : inscrire le système politique marocain dans le cadre d’une alternance «démocratique» au lieu d’une alternance consensuelle octroyée par le régime. L’objectif de ce dernier est on ne peut plus clair : préparer de nouvelles élites à gouverner, quitte à «détechnocratiser» des cadres en les impliquant dans un jeu politique à plusieurs acteurs, à savoir des politiques en fin de carrière, des opposants en phase d’apprentissage et d’autres investis par le pouvoir royal.
F. N. H. : Enfin, quelles sont d'après vous les questions omises dans la déclaration de Abbas El Fassi et qui auraient mérité un traitement plus sérieux?
A. C. : A mon avis, une déclaration de politique générale ne peut traiter de toutes les questions inhérentes aux préoccupations et demandes de la population. Le Premier ministre Abbas El Fassi a tenté, difficilement d’ailleurs, de tracer les grandes lignes de la politique gouvernementale partant d’une vision sectorielle classique avec l’emploi comme porte-étendard. Rien de plus surprenant, connaissant le style «conservateur» de l’homme et les contextes politique et social marqués par la montée en puissance des mouvements de protestation de la société civile contre la cherté de la vie et pour la défense des droits humains en particulier. Et c’est justement là où le Premier ministre s’est montré évasif, préférant noyer le débat dans l’augmentation des prix, par exemple, dans des généralités. Des mesures concrètes, à cet égard, auraient désamorcé le mécontentement des populations défavorisées. Par ailleurs, Abbas El Fassi ne s’est pas exprimé sur le contenu de ce qu’il appelle « les bases de l’identité nationale marocaine», laissant planer le doute sur le sort de certaines revendications politiques et culturelles, en particulier celles défendues par le mouvement amazigh. Enfin, je crois que la déclaration du Premier ministre n’a pas consacré une place importante aux questions relevant de la culture et de la recherche scientifique considérées, à mon avis, comme le moteur de tout projet de développement sociétal. Ces questions, en particulier, pourraient mettre à mal la politique gouvernementale déjà fragilisée par une opposition de taille représentée surtout par l’UMP et le PJD.


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