Devant la Chambre des conseillers, mardi 30 décembre 2025, la ministre de l'Economie et des Finances, Mme Nadia Fettah Alaoui, a rejeté tout « discours alarmiste » sur les retraites, appelant à dépasser les postures politiques pour engager une réforme concertée. Le gouvernement mise sur un consensus avec les partenaires sociaux afin d'assurer la soutenabilité des caisses sans dramatisation. Face à la controverse récurrente qui polarise l'échiquier politique et social marocain concernant la pérennité des régimes de retraite, Mme Nadia Fettah Alaoui a récemment marqué une distanciation sémantique notable. Intervenant devant la Chambre des conseillers, l'argentier du Royaume a fermement contesté le qualificatif de « discours alarmiste » attribué aux centrales syndicales, exhortant les parties prenantes à transcender la « dramatisation » et les « surenchères politiques » pour s'engager résolument dans l'ère des décisions concrètes. Selon la ministre, l'état actuel des caisses impose de dépasser la simple reconnaissance d'une crise pour s'atteler à l'élaboration d'une solution structurelle. Le gouvernement affiche une volonté inébranlable d'aborder ce dossier épineux. Preuve en est l'inscription, dans le procès-verbal du dernier round du dialogue social central, d'une convergence de vues fondamentale : les partenaires sociaux ont accepté d'endosser collectivement la responsabilité d'une refonte des systèmes de retraite. Cette impulsion a conduit à l'exhumation de la Commission nationale de réforme des systèmes de retraite, demeurée en état d'hibernation durant plusieurs années. Sous l'égide du chef du gouvernement, un compromis méthodologique a été scellé, confiant à une commission technique le mandat d'élaborer des propositions opératoires pour la réorganisation des différentes caisses. Lire aussi : Fonction publique : 68.418 départs à la retraite prévus entre 2025 et 2029 Néanmoins, la ministre a posé un postulat non négociable : toute solution envisagée devra impérativement émaner d'un consensus avec les partenaires sociaux. Cette prudence est justifiée par l'envergure citoyenne du dossier, lequel touche aux droits acquis de près de cinq millions de citoyens marocains. L'objectif primordial demeure la soutenabilité financière des régimes, un défi qu'elle entend relever sans verser dans l'exagération des déficits ni la dramaturgie des perspectives. La commission technique, dont les travaux ont déjà été initiés, se réunit d'ailleurs avec une régularité assidue. Si l'accord sur une méthodologie commune avec les syndicats s'avère aisé dans le discours, sa traduction en décisions opérationnelles représente une tout autre gageure, comme l'a concédé la ministre. Les négociations, par nature chronophages, doivent converger vers un accord sur les principes structurants de la réforme. Pour ce faire, l'exécutif a répondu à la requête syndicale d'examiner l'intégralité des régimes, caisse par caisse, en programmant quatre réunions dédiées. Ces assises, qui se tiendront en présence des directeurs généraux des caisses, promettent une transparence absolue par la présentation de données chiffrées claires, visant à établir un état des lieux précis. Toutefois, la dimension politique de cette entreprise n'a rien perdu de son acuité. Mbarek Sbai, conseiller parlementaire du groupe Haraki, a formulé une critique acerbe, reprochant au gouvernement soit l'absence d'une « vision claire », soit la dissimulation d'une réforme « choc » susceptible de léser les affiliés. Il a suggéré que l'exécutif cherchait à « jeter la braise » de ce chantier complexe dans le camp des centrales syndicales. Le parlementaire a interpellé le gouvernement sur l'orientation future : « la réforme s'écartera-t-elle de l'approche paramétrique antérieure (relèvement de l'âge de départ, révision des taux et de l'assiette de calcul) ? » Il a plaidé pour l'implémentation du système à deux pôles (public et privé) décidé en 2013, tout en soulignant le risque que cette architecture ferait peser la crise du secteur public (1,2 million de fonctionnaires) sur les 4,4 millions de salariés du secteur privé.