Il m'est rarement arrivé de consacrer ma chronique au monde du football. Mais avec ce qui se passe actuellement à la FIFA, cela vaut évidemment le détour. Quand l'instance représentative du foot mondial est éclaboussée par une affaire de corruption, il y a, en effet, de quoi s'y intéresser, surtout qu'elle ne rate aucune occasion pour s'ériger en donneur de leçons. Ainsi, l'ancien président de la Fifa, Joao Havelange, a touché d'importants pots-de-vin de la part d'International Sport and Leisure (ISL) afin que la société de marketing dispose des droits exclusifs de plusieurs Coupes du Monde. Havelange s'est fait au moins 1,5 million de francs suisses (1,24 million d'euros) et son vice-président de l'époque et ex-gendre, Ricardo Teixeira, au moins 12,74 millions (10,6 millions d'euros). La filouterie ne résistant pas au temps, le pot aux roses a donc fini par être découvert. Et que l'actuel président, Sepp Blatter, minimise la gravité des faits, tend à prouver qu'au sein de cette institution, malgré les dénégations des uns et des autres, la corruption y est endémique. Elle est devenue un terreau fertile à la mafia du foot, un shaker bouillonnant où le business, la politique et les intérêts personnels piétinent la logique du sport. Il faut dire que dans cette instance, on découvre petit à petit que les talents foisonnent et se font remarquer. Non pas pour leur gestion du foot, mais plutôt pour leur capacité à s'enrichir indûment en restant en dehors du terrain. Il faut avoir le courage d'un homme malhonnête et s'asseoir sur sa vertu pour le faire ! Dès lors, croire que la désignation du pays hôte de la Coupe du Monde est un exercice démocratique est plus qu'un leurre. C'est, au contraire, à cette occasion que l'on découvre les miasmes d'une pratique profondément enracinée où certains suffrages s'échangent contre des liasses de billets au parfum nauséabond de la corruption. Aujourd'hui, le foot n'est plus un sport, mais du business. L'esprit qu'il était censé incarner a été enterré au profit de l'argent. Sur et en dehors du terrain. Ce qui a été révélé dernièrement dans le calcio (championnat italien) en est une preuve parmi d'autres : pas moins d'une quinzaine de personnes, dont des joueurs, arbitres, patrons de clubs, ont été arrêtées pour corruption et matches truqués. Voilà, avec tout ce que le foot génère comme fric, on peut mieux comprendre le fait de voir de gros gaillards courir pendant au moins 90 minutes après une peau en cuir. Quitte à aller jusqu'en Chine pour le faire. Et parfois, même pas besoin de se donner toute cette peine; il faut juste enfiler un jogging, une paire de training et rester au bord de la pelouse : ça peut rapporter jusqu'à plus de 2 MDH par mois au Maroc. Regardez du côté de l'équipe nationale de foot !