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Entretien : Baraka dit tout... sans langue de bois
Publié dans Finances news le 15 - 02 - 2013

Le Maroc a un réel besoin de mieux maîtriser ses équilibres intérieur et extérieur, tout en poursuivant l'accélération de sa croissance économique. Un travail qui ne saurait se faire sans une réelle alliance entre le politique et l'économique qui s'inscrit dans une démarche participative et de co-responsablité, comme l'implique la nouvelle Constitution. L'ambition est de faire des Assises de la fiscalité, qui se tiendront fin avril ou début mai, un véritable momentum avec un réel débat qui aboutira à des choix stratégiques et tranchés en la matière.
La réduction du déficit commercial, celui budgétaire, de la dette, l'amélioration de la compétitivité, la préservation des mécanismes de solidarité ..., sont autant de défis auxquels doivent répondre les différentes réformes et actions entreprises. Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des Finances, fait le point sur une année 2012 de tous les risques et dévoile les principales actions qui rythmeront l'année 2013.
Finances News Hebdo : Lors d'une récente manifestation, vous avez appelé à la convergence politique et économique et à la mise en place d'un Pacte national du progrès. Estimez-vous actuellement qu'il n'y a pas une réelle convergence entre les deux ?
Nizar Baraka : En fait, j'ai fait appel à un Pacte national de progrès parce que nous considérons d'une part que le Maroc a une véritable fenêtre d'opportunités, sur le plan géostratégique et sur le plan économique au niveau international, que nous devons absolument saisir. Par la même occasion, nous avons des défis très importants à relever, notamment le besoin de mieux maîtriser nos équilibres intérieur et extérieur, donc nos finances publiques et notre balance des paiements ; et, en même temps, de poursuivre l'accélération de la croissance économique. Et dans un contexte marqué par une crise internationale, notamment au niveau de l'Union européenne où la demande adressée à notre pays marque le pas, nous sommes amenés à revisiter finalement tout notre modèle économique global. Et c'est là où je considère que ce travail ne peut se faire sans une véritable alliance entre le politique et l'économique. Parce que cela implique, premièrement, une mise en œuvre des réformes structurelles qui ont un coût qui doit être pris en charge par l'Etat, certes, mais également par nos partenaires économiques et sociaux, ainsi que par les citoyens. J'estime que ce coût est un investissement pour l'avenir. Alors, soit nous le faisons maintenant; auquel cas, il sera moindre et nous pourrons le lisser et l'étaler dans le temps, et surtout recueillir ses fruits plus tôt, soit nous finirons par le faire sous la contrainte, avec un coût plus élevé. Une action immédiate nous permettra de passer le cap difficile de ces deux prochaines années pour pouvoir véritablement engranger les bénéfices des efforts mis en oeuvre, notamment les politiques sectorielles engagées, et nous inscrire dans une logique qui nous permettra d'être mieux à même de saisir les opportunités qui s'offrent à nous sur le plan international et de passer en période d'après-crise à un nouveau palier de croissance. Cette situation signifie tout d'abord que nous devons nous inscrire dans une démarche participative où on implique les différents acteurs dans les décisions importantes qui vont être prises. L'objectif étant d'arriver à créer une plateforme commune qui permet véritablement d'atteindre cet objectif.
Nous avons déjà réussi cette expérience en 2011 sur le plan politique, ce qui a permis d'aboutir à la nouvelle Constitution. Et la dynamique politique que nous avons vécue doit être au service de l'économique et du social. C'est la raison pour laquelle un Pacte national de progrès s'impose aujourd'hui.
F. N. H. : Quand vous évoquez les partenaires économiques et sociaux, faites-vous allusion au patronat et aux syndicats ?
N. B. : Bien évidemment ! C'est la raison pour laquelle la CGEM et les syndicats sont étroitement associés avec nous dans le cadre de la réforme de la retraite; ils sont également nos partenaires dans les Assises de la fiscalité, et dans les groupes de travail visant l'amélioration de la compétitivité. Et ils seront également partie prenante dans la réforme de la Compensation et celle de la Loi organique des Finances.
Aujourd'hui, le Maroc amorce de grandes réformes structurantes pour l'avenir du pays et qui vont nous permettre d'accélérer notre développement et d'être préparés pour les défis à venir. Mais s'il n'y a pas un minimum de mobilisation de l'ensemble des acteurs, nous risquons de passer à côté de l'histoire. Et le Maroc n'a pas le droit de ne pas saisir cette opportunité historique qui s'offre à lui grâce à ce qui a été fait sous l'impulsion du Souverain en terme de réforme durant plus d'une décennie de règne, et ce que nous avons pu réussir ensemble sur le plan politique avec l'adoption de la nouvelle Constitution.
F. N. H. : En évoquant ces différentes réformes, il y en a une qui semble très attendue, voire urgente, celle d'une réforme profonde de la fiscalité au Maroc. Pourtant, ses Assises ont été retardées de deux mois. Qu'est-ce qui explique ce report ? Ne sommes-nous pas encore parvenus à une bonne formule ?
N. B. : Effectivement, les Assises de la fiscalité étaient programmées pour le mois de février. Et un vrai travail a été réalisé avec les différents opérateurs économiques et avec l'association des experts comptables et les différents partenaires. Une véritable plateforme existe, mais seulement sur le plan technique. Or, nous voulons inscrire cette réforme sur une dizaine d'années, et nous avons besoin de le faire en phase avec les différentes réformes, notamment celles de la Compensation et des retraites. En effet, toutes ces réformes sont imbriquées. C'est la raison pour laquelle il nous faut avoir une vision globale pour que les Assises de la fiscalité puissent intégrer toutes les implications liées aux autres réformes.
Mais encore, il y a des choix qu'il nous faudra faire. Aujourd'hui, lorsqu'on accorde un avantage fiscal, il faut se poser la question de savoir si c'est le meilleur moyen d'atteindre les résultats escomptés. Et si c'est par la fiscalité que nous allons accélérer l'industrialisation du pays ou bien si cela passe par des aides budgétaires directes ou par l'appui foncier.
Ces choix doivent être définis au préalable pour nous permettre, lors de ces Assises, de mieux cibler les avantages futurs, mais aussi pour revisiter les avantages fiscaux déjà accordés, notamment ceux à effet nul ou limité. Les études techniques sont en cours, particulièrement concernant l'évaluation économique et sociale des avantages fiscaux accordés et de leurs impacts. C'est un travail qui nécessite du temps, mais dont nous ne pouvons faire l'économie pour que nous puissions, lors des Assises, faire des choix tranchés et avisés sur certains aspects de la fiscalité.
Sans oublier que nous avons également élargi la consultation aux parlementaires, aussi bien ceux de la majorité que ceux de l'opposition au niveau des Commissions des finances des deux Chambres, ainsi que du Conseil économique et social dont le travail sur la question a constitué une première plateforme. Nous avons également cherché à impliquer les partenaires étrangers, notamment l'UE et le FMI. Ce qui se soldera par la présentation d'une véritable expertise.
Et tout cela est motivé par notre ambition de faire de ces Assises, qui se tiendront fin avril ou début mai, un véritable momentum où il y aura un réel débat qui aboutira à des choix stratégiques et tranchés.
F. N. H. : Récemment, nous avons obtenu les derniers indicateurs économiques de l'année écoulée qui permettent de constater que le déficit devient structurel, malgré tous les efforts fournis. Vous-même aviez déclaré récemment qu'il faut penser et innover des solutions puisque celles classiques ont montré leur limite. Alors, ne faut-il pas chercher des solutions du côté des importations, de la compétitivité... ?
N. B. : Sur le plan des finances publiques, nous avons lancé trois grands chantiers. Le premier a trait à l'élargissement de l'assiette fiscale. Il est clair aujourd'hui que, dans la situation actuelle, nous ne pouvons nous permettre de voir un certain nombre de contribuables ne pas participer à l'effort national. Il faut absolument intégrer le maximum de ceux qui ont bien évidemment la capacité de contribuer à cet effort d'une manière ou d'une autre. C'est un axe fondamental qui soulève un certain nombre de débats sur lesquels il nous faudra trancher, notamment l'intégration de l'informel, la lutte contre l'évasion fiscale, la fiscalisation de l'agriculture...
F. N. H. : Et également la question du contrôle pour barrer la voie à la fraude fiscale...
N. B. : Effectivement ! Cela implique une réflexion et un choix à faire sur la manière d'améliorer et de développer les modes de contrôle, d'assurer plus de recoupements grâce aux systèmes d'information qui existent au niveau des différents départements et administrations publiques et de travailler avec le ministère de l'Intérieur pour un meilleur ciblage. Et surtout, améliorer la relation entre administration et contribuable et instaurer une relation de confiance entre les deux pour inciter les gens à déclarer, notamment concernant la taxe sur l'immobilier qui, aujourd'hui, constitue un véritable casse-tête au vu de tous les redressements opérés.
Le deuxième grand chantier est celui des dépenses. Il y a lieu de souligner ici l'important effort qui a été fourni et qui s'est traduit par des économies de l'ordre de 14 milliards de dirhams. Cela signifie que nous sommes capables de faire des économies et de faire mieux à l'avenir, surtout avec le nouveau décret sur les marchés publics qui permet des achats groupés, des enchères inverses, plus de transparence sur les marchés publics, l'allotissement des marchés et la préférence nationale... Tous ces éléments nous permettent en plus d'assurer une meilleure efficience de la dépense publique.
C'est cette nouvelle approche que nous tendons à développer et à promouvoir pour faire en sorte que l'Etat fasse une meilleure dépense et qui soit plus efficiente en termes de retombées économiques et sociales. C'est cette optimisation de la dépense que nous voulons mettre en avant !
F. N. H. : Qu'en est-il du troisième chantier lancé, relatif aux finances publiques ?
N. B. : Il a trait à un aspect très important, à savoir le mode de financement. L'Etat marocain a toujours été le premier contributeur sur le plan de l'investissement public au Maroc. Aujourd'hui, il y a lieu de voir comment intégrer le privé dans le processus. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place une loi relative au partenariat public-privé, afin que le privé puisse également participer à l'effort d'investissement en accompagnement de l'Etat, dans le respect de la logique de bénéfice et de satisfaction pour les deux parties.
En même temps, nous sommes en train de revoir ce statut d'Etat actionnaire. L'Etat doit-il maintenir sa présence dans tel ou tel secteur ? Ne serait-il pas temps d'investir dans de nouveaux secteurs plus porteurs? Sans oublier que cet effort d'efficience se traduira par une plus grande valorisation du domaine public de l'Etat. En effet, nous avons un certain nombre de terrains qui ont été donnés dans le cadre des conventions d'investissement ou dans le cadre du développement du logement social ou autre, mais qui n'ont toujours pas été exploités. Nous avons d'ailleurs déjà entamé le processus qui vise la récupération de ces terrains, soit pour les valoriser pour des appels d'offres ou encore pour les intégrer dans le cadre de capitaux de certaines sociétés mixtes... Tout cela, afin d'avoir une meilleure valorisation de ces biens publics et avoir plus de recettes au profit de l'Etat. Et cette approche, nous voulons la développer davantage à l'avenir pour résoudre la problématique initiale, celle des finances publiques.
Je n'oublierai pas de citer également l'amélioration de la rentabilité des participations de l'Etat au niveau de certaines entreprises publiques.
F. N. H. : Ceci pour l'Etat, mais qu'en est-il de la partie concernant la compétitivité ?
N. B. : Sur ce volet-là, il y a lieu de noter que nombre de mesures ont été intégrées dans le cadre de la Loi de Finances. Nous avons travaillé dans le cadre de commissions et quatre axes de travail ont été retenus. Le premier est l'accélération des stratégies sectorielles. Si ces stratégies nouvelles commencent à porter leurs fruits, il s'agit désormais de veiller à ce que les plateformes industrielles mises en place soient pleinement exploitées. Ainsi, au lieu d'avoir, d'un côté des plateformes utilisées à hauteur de 30 % de leur capacité, et de l'autre des entreprises demandeuses de lots pour investir, il faut créer une adéquation.
F. N. H. : Comment cela serait-il possible ?
N. B. : Il s'agira, soit de revoir les modalités, soit d'étudier les encouragements qui peuvent être prévus, l'essentiel étant de débloquer la situation. Et c'est là notre rôle ! Cela rentre dans l'amélioration du tissu industriel marocain.
Et, surtout, les stratégies sectorielles essentiellement orientées vers l'export, donc, vont nous permettre la diversification de la productivité.
En même temps, nous tendons à élargir le principe à d'autres secteurs, à travers la signature prochaine de conventions lors des Assises de l'industrie. Trois nouveaux secteurs ont été identifiés, à savoir: l'industrie pharmaceutique, les industries chimique et para-chimique et Ies industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques.
Le deuxième niveau d'action pour améliorer la compétitivité du Maroc a trait à la diversification des marchés. En effet, les marchés subsaharien et du Golfe présentent des opportunités certaines. Toujours est-il qu'il faut maintenant mettre en place les moyens nécessaires pour les investir. Se pose là, la problématique du transport maritime et du coût du fret, qui retarde ce développement vers de nouveaux marchés. Le potentiel avec les pays du Golfe est énorme, via notamment l'accord stratégique signé avec les pays du CCG et valorisé encore plus lors de la tournée royale dans la région en octobre dernier.
Il s'agit de concrétiser les termes de cet accord et de transformer la volonté de ces pays d'investir au Maroc en réalité et projets concrets.
Quand on évoque la question de la compétitivité, un troisième axe de travail a été identifié, celui de la promotion. Et là encore, nous avons mis en place des contrats de croissance avec les entreprises exportatrices pour les accompagner dans leur développement sur les marchés existants et dans la conquête de nouveaux marchés, notamment ceux des pays africains et arabes. L'intégration régionale avec nos voisins du continent sera créatrice de compétitivité pour toute la zone.
Le dernier axe d'amélioration de la compétitivité est celui du coût ! Il est ainsi question d'améliorer la logistique pour réduire les coûts, notamment du transport, mais aussi d'analyser et d'évaluer les autres coûts afférents à la production. En même temps, ce quatrième volet comprend les actions lancées pour l'amélioration de la productivité. Dans ce sens, nous constatons que l'Institut mis en place dans le cadre du «Programme Inmaa», commence à être porteur et bénéfique. Il s'agit donc de poursuivre les actions en termes de formation, d'adéquation formation-emploi et en terme d'amélioration du niveau de productivité de notre pays.
Et récemment, nous avons inscrit nos échanges avec les pays européens, notamment la France, dans une logique de co-localisation, pour une compétitivité meilleure et partagée. Ainsi, le Maroc prendra pleinement place dans les chaînes de valeurs de production des biens les mieux intégrés dans le marché mondial.
F. N. H. : L'autre hiatus est celui de l'importation massive de biens, ce qui met à mal notre balance commerciale. Comment remédier à cette situation ?
N. B. : Premièrement, nous avons adopté le décret sur le dumping, ce qui nous permet de protéger notre marché et nos producteurs nationaux. Nous travaillons également sur un décret qui vise la protection des consommateurs, parce que, malheureusement, beaucoup de produits de qualité douteuse filtrent sur le marché national, avec tous les risques qu'ils font porter sur les consommateurs et la santé publique. Nous travaillons également sur le renforcement des normes obligatoires, dont le nombre - 200 seulement - reste faible. Et nous travaillons au niveau des commandes de l'Etat pour réduire autant que possible le contenu en devises des marchés publics.
Nous nous inscrivons ainsi dans une nouvelle démarche de réduction des déséquilibres de la balance commerciale.
F. N. H. : Justement, à la lumière de la crise que traverse le monde et le Maroc, comment doit évoluer le rôle de l'Etat à votre avis ?
N. B. : Il est clair aujourd'hui que l'Etat est amené à réévaluer son rôle, et à se positionner pleinement en tant qu'Etat réformateur, facilitateur, accompagnateur, mais également comme un Etat social et juste, qui assure un meilleur partage des richesses entre ses différents concitoyens. Tout cela, disons-le, avec une bourse plus réduite. On peut donc dire que le rôle attendu et à venir de l'Etat est celui d'un Etat stratège, dans un environnement très marqué par l'incertitude et d'un Etat qui prend en compte la gestion des risques. Ceci, tout en assurant l'accompagnement nécessaire pour accélérer la mise en œuvre des différentes stratégies économiques du pays. Et en veillant à préserver les mécanismes de solidarité pour soutenir l'élargissement des classes moyennes.
F. N. H. : Pour revenir au bilan économique de 2012, le creusement de la dette ne vous inquiète-t-il pas ?
N. B. : Le fait que nous ayons une progression de l'endettement n'est pas très réjouissant. Mais cet endettement a été la rançon à payer pour maintenir le pouvoir d'achat des citoyens, et limiter l'impact des hausses des matières premières sur le panier moyen. Il faut toutefois impérativement ralentir ce rythme, et c'est bien là notre objectif. Et la seule façon d'y parvenir est de réduire le déficit ! Il n'y a pas d'autres choix !
Ainsi, nous allons tout faire pour que le déficit soit maintenu sous la barre de 4,8% de PIB pour l'année 2013, et surtout que nous puissions, à l'horizon 2016, l'établir à 3%. Dans cette perspective, toutes les réformes mentionnées sont essentielles !
Notamment les évaluations aussi ! Je vous donne l'exemple de l'IS. Tout le monde appelait à la baisse de l'IS, chose qui a été exécutée par l'Etat; mais jusqu'à présent, ce dernier n'a pas récupéré le niveau de recettes qu'il avait au niveau de l'IS. Et ce, pour la simple raison que cette mesure n'a pas généré l'effet escompté, notamment en termes d'investissement, de création d'emplois... Aujourd'hui, il faut mettre en place les mécanismes d'évaluation de performance de toute mesure incitative, pour voir ses répercussions sur l'activité économique. Autrement, il y a un grand problème si l'on poursuit la baisse de l'IS sans que cela ait d'impact sur la création de richesse et d'emplois ! C'est pour cela qu'il faut un Pacte national de progrès qui se base sur un engagement mutuel pour que les avantages accordés par l'Etat soient associés à l'efficacité économique, et instaurer un contrat gagnant-gagnant !
Il s'agira désormais d'un contrat dont tous devront respecter les termes.


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