* L'abandon des dettes des agriculteurs en difficulté a suscité des interrogations quant à la généralisation de la procédure à tous les demandeurs. * Au sein du Parlement, Mohand Laenser a tenu à dissiper tout le flou qui a caractérisé le déroulement de cette opération qui concerne 100.000 agriculteurs marocains. Cest le Discours Royal du 5 mai 2005 qui a transformé la stratégie d'urgence et de relance du secteur agricole en une réalité tangible. L'abandon des dettes des agriculteurs en difficulté était en effet conçu comme une manière efficace de lutter contre les effets marquants des années de sécheresse. C'est Ahmed Zaïdi, député de l'USFP, qui a entamé un débat parlementaire sur la question du déroulement pratique de cette opération. «Si tout le monde connaît le plafond des dettes qui doivent être délaissées, a-t-il dit, de même que tout le monde connaît les implications de cette opération sur le portefeuille du Crédit Agricole, ce que nous ne savons pas, c'est la méthode qui a prévalu pour arrêter la liste définitive des bénéficiaires de cette opération d'effacement de dettes». En fait, cette opération concerne 100.000 agriculteurs qui ont un montant de crédit qui ne dépasse pas 500.000 DH. Pour sa part, Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du développement rural et des pêches maritimes, a tenu à préciser que «des négociations ont été entamées entre l'Etat et le Crédit Agricole pour que 3 milliards de DH de dettes soit supportés par la collectivité publique. Nous avons donné jusqu'à maintenant les 2/3, a ajouté le ministre, tandis que la partie restante sera payée durant les 3 prochains exercices». Mohand Laenser a tenu aussi à préciser que le plan antisécheresse du gouvernement, ainsi que les mesures financières qui ont été prises constituent une rupture avec le passé. «Sans évoquer les autres plans des années 90 qui se sont tous soldés par un échec, il faut savoir que toutes ces opérations tendaient à un rééchelonnement des dettes des agriculteurs, ce qui n'est pas le cas actuellement où il s'agit bien d'une suppression de toutes les dettes inférieures à 500.000 DH et contractées avant l'année 2001». Ce que déplore le ministre, «c'est que certains agriculteurs, qui ont contracté des crédits récemment et qui se trouvent en bonne situation financière, ont cru à tort qu'ils sont aussi concernés par cette suppression». Ceci a provoqué dans l'esprit des agriculteurs une sorte d'imbrication des critères à retenir pour pouvoir bénéficier de la suppression de la dette. Il faut remarquer que l'une des grandes lignes de la politique gouvernementale dans ce dossier se situe précisément dans la priorité accordée à l'aspect social et humanitaire qu'incarne cet abandon d'un montant équivalent à 3 milliards de DH. L'investissement dans le monde rural a toujours provoqué l'hésitation des banques marocaines. «Les autres établissements bancaires n'interviennent pas dans le financement des activités des agriculteurs marocains», a rappelé Mohand Laenser. Ceci pour marquer le rôle socialement important du Crédit Agricole dans la concrétisation des demandes des agriculteurs marocains.