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Le grand oral de Daoudi
Publié dans Finances news le 08 - 04 - 2016

Invité des rédactions de Finances News Hebdo et L@ Quotidienne, Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, dresse un bilan de son mandat. Si les grandes écoles et les Facultés de médecine sont ali-gnées sur les standards interna-tionaux, il n'en est pas de même pour les autres Facultés à accès ouvert. Pour plus d'équité, le ministre a quasiment triplé l'enveloppe allouée aux bourses passant, en 4 ans, de 700 MDH (182.000 étu-diants) à 2 Mds de DH (332.000 étudiants).
Le Maroc a entamé, depuis quelques années, le chemin de l'émergence. Pour se hisser dans le cercle restreint des pays émergents, le Royaume a engagé plusieurs réformes dans différents secteurs. Parmi les réformes stratégiques, celle de l'enseignement supérieur constitue un pilier du déve-loppement socioéconomique du pays. Car la croissance économique d'une nation dépend de sa capacité à pro-duire des ressources humaines qualifiées. Si l'université ne fonctionne pas, l'économie ne marchera pas. Pour dresser l'état des lieux de l'enseignement univer-sitaire dans notre pays, les avancés réalisées dans ce domaine, les problèmes persistants, les défis à relever..., Finances News Hebdo a invité le ministre de l'Ensei-gnement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, à un débat à bâtons rompus. Actualité oblige, à quelques mois des élections législatives, le ministre PJDiste, qui s'est prêté au jeu des questions-réponses, a dressé un bilan plutôt positif de son mandat tout en précisant que beaucoup reste à faire. Il faut dire que L. Daoudi a hérité d'un département qui souffrait de plusieurs maux, notamment le sureffectif des étudiants, l'inadéquation entre l'offre et la demande, le nombre insuffisant d'enseignants-chercheurs, la recherche scientifique et la réforme de la loi 01-00... Ces maux ont conduit les citoyens à perdre toute confiance dans le système universitaire qui produit des chômeurs en masse. Rétablir la confiance entre les étu-diants et l'université, le ministre en a fait son credo. Mais une question s'impose : l'Université joue-t-elle désormais son rôle de producteur d'élites ?. Non !, ou du moins pas tout à fait, répond le ministre. Car, si les grandes écoles et les Facultés de médecine sont alignées sur les standards internationaux, il en est autrement pour les autres, notamment les Facultés à accès ouvert. «Certes, nous avons veillé à la qualité dans les grandes écoles et dans les Facultés de médecine; toutefois, plusieurs défis restent à relever, notamment au niveau des Facultés de droit, d'économie, des sciences, de lettres...», avoue le ministre de l'Enseignement supé-rieur. Ces Facultés continuent, en effet, de dispenser des formations inadaptées aux besoins réels du marché. Un marché de plus en plus orienté vers l'industrie, l'ingénie-rie et les nouveaux métiers mondiaux. Conscient de la nécessité de préparer le capital humain pour attirer les investisseurs, L. Daoudi, en homme de terrain, a pris le taureau par les cornes en introduisant dans le système universitaire non seulement les forma-tions dont le Maroc a besoin aujourd'hui, notamment l'automobile, l'aéronautique..., mais également en anti-cipant sur les métiers futuristes qui n'existent toujours pas dans notre pays. C'est le cas des masters en terres rares, les masters en batteries au lithium, ceux relatifs aux schistes bitumineux ainsi qu'en analyse de big data. «Pour le big data, même si la demande n'est pas immé­diate, il faut anticiper les besoins. Il faut savoir qu'en 2015, seuls 40% des besoins ont été satisfaits au niveau mondial. Pour donner une mesure de grandeur, un ingé­nieur big data est payé 13.000 dollars/mois aux Etats-Unis», souligne le ministre. Pour ce master, Daoudi a signé des conventions avec des leaders du domaine, notamment IBM (Casablanca, Settat et El Jadida); SAS (Meknès, Fès, Al Akhawayn et Oujda); Microsoft (Béni Mellal, Marrakech et Agadir); et Intel (Tétouan) et Atos (Kénitra, Rabat) qui prendront en charge un module pour la formation des enseignants en big data. En adoptant cette vision, le ministre cherche sur­tout à éviter les erreurs du passé. «Il ne faut plus attendre l'installation des investisseurs pour faire de la formation a posteriori, comme cela a été le cas pour l'automobile et l'aéronautique», précise Daoudi. Et d'ajouter que les investisseurs étrangers pointent sou­vent du doigt la faiblesse de la masse critique en termes de techniciens/ingénieurs. Le Maroc n'en compte que quelques centaines alors qu'en Inde, par exemple, ils sont des dizaines de milliers. De quoi dissuader un investisseur potentiel. Cette réalité est sans doute pénalisante pour le Maroc qui, malgré l'amélioration de son climat des affaires et les différentes réformes engagées, n'arrive pas à drainer suffisamment d'investissement. «Le grand problème, c'est que nous n'avons pas su for­mer pour attirer les investisseurs», avoue amèrement le ministre. Désormais, il faut mettre le turbo et passer à la vitesse supérieure pour rattraper le retard accumulé dans ce domaine. Pour cela, le ministre multiplie les rencontres avec les présidents des Universités, mais également avec les présidents de région pour adapter l'Université au dévelop­pement économique de chaque région. Selon le ministre, certains présidents ont déjà adhéré à sa demande. C'est le cas d'Ylias El Omari, président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, avec lequel L.Daoudi s'apprête à signer prochainement une convention. «Il faut tout d'abord que toutes les Universités se dotent d'un centre de prototypage, de métallurgie et de plastur­gie. C'est le b.a-ba pour réussir l'émergence industrielle dans notre pays», insiste le ministre PJDiste, qui a sur­vécu à trois remaniements ministériels. En effet, avec la régionalisation avancée, chaque région doit adapter son Université à son environnement et à ses besoins.
Connexion des Universités au haut débit
Pour faire face aux enjeux de la mondialisation, l'Univer­sité marocaine n'a d'autre choix que de de s'aligner sur les nouvelles tendances mondiales de l'enseignement supérieur. A cet effet, Daoudi a fait de la généralisation de l'anglais dans les Universités une priorité, imposée par le proces­sus d'ouverture et de modernisation dans lequel s'est lancé le Maroc. Les enseignants doivent désormais maî­triser la langue de Shakespeare. Autre mutation qui s'impose d'elle-même, l'enseignement à distance. «La science n'est plus intra-muros, d'où la nécessité de s'ouvrir au monde virtuel», précise-t-il. En effet, pour garantir l'égalité des chances dans l'ensei­gnement supérieur, le ministre envisage la généralisation de l'accès à Internet haut débit au niveau de toutes les Universités du Royaume. «Avant les prochaines élections, je lance l'Internet des objets (extension d'Internet à des choses et à des lieux du monde physique). En 2020, on estime que 22 milliards d'objets seront connectés à travers le monde», avance le ministre de l'Enseignement supérieur. Outre ce qui précède, le ministre a quasiment doublé le nombre de boursiers pour donner aux plus démunis la possibilité d'accéder à l'Université. L'enveloppe allouée aux bourses estudiantines est passée, en 4 ans, de 700 MDH (182.000 étudiants) à 2 Mds de DH (332.000 étu­diants). Aussi, le ministère a alloué un budget de 23 MDH pour les abonnements aux revues scientifiques. Toutefois, toujours selon lui, pour garantir cette équité, il faut que ceux qui ont les moyens apportent une contribu­tion financière. Une mesure, celle de rendre l'université payante, qui suscite d'ores et déjà une grande polémique. La question est de savoir si le prochain ministre de l'Enseignement supérieur aura la volonté politique de l'appliquer.
Cap sur la R&D
Outre la technologie et le haut débit, la recherche scien­tifique constitue également un pilier fondamental pour que l'Université marocaine puisse jouer pleinement son rôle. Cette composante, jusque-là marginalisée, figure désormais parmi les priorités du ministère. Une priorité à laquelle adhère le secteur privé, notamment les grandes entreprises, en injectant de l'argent. C'est le cas de l'OCP, qui a mis à la disposition de la R&D au Maroc 190 MDH, de Managem (30 MDH) ou encore de la Fondation Lalla Salma qui a donné 10 MDH. Même les administrations publiques commencent à pendre conscience de l'impé­ratif d'encourager la recherche pour réussir l'émergence du pays. «Aujourd'hui, nous n'avons plus de problème de financement pour la recherche scientifique, mais plutôt dans la manière de dépenser cet argent», tient à préci­ser le ministre. Avant d'ouvrir le bal, le ministère de la Recherche scientifique s'est d'abord assuré de bien ver­rouiller le système de financement. Il a ainsi fait appel à un jury composé d'experts marocains et étrangers pour plus de transparence et pour une bonne gestion des fonds. Environ 317 projets de 17 pays différents ont soumis­sionné au premier appel à projets de 300 MDH. Quant au deuxième projet de 90 MDH, 27 pays ont participé avec des projets portés par des Marocains et des étrangers. «On ne s' attendait pas à un tel engouement. Notre objec­tif aujourd'hui est de donner confiance aux universitaires quant à la transparence et la bonne gouvernance de ces financements. Pour cela, nous sommes actuellement en phase de développer un outil pour financer et contrôler la recherche scientifique dans notre pays», rassure le ministre.
Ouverture de l'Université sur l'environnement économique
L'absence de passerelles entre l'Université et le secteur privé est une réalité dans certaines Facultés (de lettres, de droit et une bonne partie des Facultés des sciences...), mais pas dans d'autres. Force est de constater que les ENCG, les écoles d'ingénieurs, les Facultés d'éco­nomie..., collaborent étroitement avec le secteur privé. «C'est le cas du Centre de recherche, de développement et d'innovation en sciences de l'ingénieur de l'Ecole nationale supérieure d'électricité et de méca­nique (ENSEM) qui est financé par le secteur privé», tient à rappeler le ministre, tout en précisant que 60% des licences et des masters sont professionnels.
Lamiae Boumahrou
Le Maroc a entamé, depuis quelques années, le chemin de l'émergence. Pour se hisser dans le cercle restreint des pays émergents, le Royaume a engagé plusieurs réformes dans différents secteurs. Parmi les réformes stratégiques, celle de l'enseignement supérieur constitue un pilier du déve-loppement socioéconomique du pays. Car la croissance économique d'une nation dépend de sa capacité à pro-duire des ressources humaines qualifiées. Si l'université ne fonctionne pas, l'économie ne marchera pas. Pour dresser l'état des lieux de l'enseignement univer-sitaire dans notre pays, les avancés réalisées dans ce domaine, les problèmes persistants, les défis à relever..., Finances News Hebdo a invité le ministre de l'Ensei-gnement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, Lahcen Daoudi, à un débat à bâtons rompus. Actualité oblige, à quelques mois des élections législatives, le ministre PJDiste, qui s'est prêté au jeu des questions-réponses, a dressé un bilan plutôt positif de son mandat tout en précisant que beaucoup reste à faire. Il faut dire que L. Daoudi a hérité d'un département qui souffrait de plusieurs maux, notamment le sureffectif des étudiants, l'inadéquation entre l'offre et la demande, le nombre insuffisant d'enseignants-chercheurs, la recherche scientifique et la réforme de la loi 01-00... Ces maux ont conduit les citoyens à perdre toute confiance dans le système universitaire qui produit des chômeurs en masse. Rétablir la confiance entre les étu-diants et l'université, le ministre en a fait son credo. Mais une question s'impose : l'Université joue-t-elle désormais son rôle de producteur d'élites ?. Non !, ou du moins pas tout à fait, répond le ministre. Car, si les grandes écoles et les Facultés de médecine sont alignées sur les standards internationaux, il en est autrement pour les autres, notamment les Facultés à accès ouvert. «Certes, nous avons veillé à la qualité dans les grandes écoles et dans les Facultés de médecine; toutefois, plusieurs défis restent à relever, notamment au niveau des Facultés de droit, d'économie, des sciences, de lettres...», avoue le ministre de l'Enseignement supé-rieur. Ces Facultés continuent, en effet, de dispenser des formations inadaptées aux besoins réels du marché. Un marché de plus en plus orienté vers l'industrie, l'ingénie-rie et les nouveaux métiers mondiaux. Conscient de la nécessité de préparer le capital humain pour attirer les investisseurs, L. Daoudi, en homme de terrain, a pris le taureau par les cornes en introduisant dans le système universitaire non seulement les forma-tions dont le Maroc a besoin aujourd'hui, notamment l'automobile, l'aéronautique..., mais également en anti-cipant sur les métiers futuristes qui n'existent toujours pas dans notre pays. C'est le cas des masters en terres rares, les masters en batteries au lithium, ceux relatifs aux schistes bitumineux ainsi qu'en analyse de big data. «Pour le big data, même si la demande n'est pas immé­diate, il faut anticiper les besoins. Il faut savoir qu'en 2015, seuls 40% des besoins ont été satisfaits au niveau mondial. Pour donner une mesure de grandeur, un ingé­nieur big data est payé 13.000 dollars/mois aux Etats-Unis», souligne le ministre. Pour ce master, Daoudi a signé des conventions avec des leaders du domaine, notamment IBM (Casablanca, Settat et El Jadida); SAS (Meknès, Fès, Al Akhawayn et Oujda); Microsoft (Béni Mellal, Marrakech et Agadir); et Intel (Tétouan) et Atos (Kénitra, Rabat) qui prendront en charge un module pour la formation des enseignants en big data. En adoptant cette vision, le ministre cherche sur­tout à éviter les erreurs du passé. «Il ne faut plus attendre l'installation des investisseurs pour faire de la formation a posteriori, comme cela a été le cas pour l'automobile et l'aéronautique», précise Daoudi. Et d'ajouter que les investisseurs étrangers pointent sou­vent du doigt la faiblesse de la masse critique en termes de techniciens/ingénieurs. Le Maroc n'en compte que quelques centaines alors qu'en Inde, par exemple, ils sont des dizaines de milliers. De quoi dissuader un investisseur potentiel. Cette réalité est sans doute pénalisante pour le Maroc qui, malgré l'amélioration de son climat des affaires et les différentes réformes engagées, n'arrive pas à drainer suffisamment d'investissement. «Le grand problème, c'est que nous n'avons pas su for­mer pour attirer les investisseurs», avoue amèrement le ministre. Désormais, il faut mettre le turbo et passer à la vitesse supérieure pour rattraper le retard accumulé dans ce domaine. Pour cela, le ministre multiplie les rencontres avec les présidents des Universités, mais également avec les présidents de région pour adapter l'Université au dévelop­pement économique de chaque région. Selon le ministre, certains présidents ont déjà adhéré à sa demande. C'est le cas d'Ylias El Omari, président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, avec lequel L.Daoudi s'apprête à signer prochainement une convention. «Il faut tout d'abord que toutes les Universités se dotent d'un centre de prototypage, de métallurgie et de plastur­gie. C'est le b.a-ba pour réussir l'émergence industrielle dans notre pays», insiste le ministre PJDiste, qui a sur­vécu à trois remaniements ministériels. En effet, avec la régionalisation avancée, chaque région doit adapter son Université à son environnement et à ses besoins.
Connexion des Universités au haut débit
Pour faire face aux enjeux de la mondialisation, l'Univer­sité marocaine n'a d'autre choix que de de s'aligner sur les nouvelles tendances mondiales de l'enseignement supérieur. A cet effet, Daoudi a fait de la généralisation de l'anglais dans les Universités une priorité, imposée par le proces­sus d'ouverture et de modernisation dans lequel s'est lancé le Maroc. Les enseignants doivent désormais maî­triser la langue de Shakespeare. Autre mutation qui s'impose d'elle-même, l'enseignement à distance. «La science n'est plus intra-muros, d'où la nécessité de s'ouvrir au monde virtuel», précise-t-il. En effet, pour garantir l'égalité des chances dans l'ensei­gnement supérieur, le ministre envisage la généralisation de l'accès à Internet haut débit au niveau de toutes les Universités du Royaume. «Avant les prochaines élections, je lance l'Internet des objets (extension d'Internet à des choses et à des lieux du monde physique). En 2020, on estime que 22 milliards d'objets seront connectés à travers le monde», avance le ministre de l'Enseignement supérieur. Outre ce qui précède, le ministre a quasiment doublé le nombre de boursiers pour donner aux plus démunis la possibilité d'accéder à l'Université. L'enveloppe allouée aux bourses estudiantines est passée, en 4 ans, de 700 MDH (182.000 étudiants) à 2 Mds de DH (332.000 étu­diants). Aussi, le ministère a alloué un budget de 23 MDH pour les abonnements aux revues scientifiques. Toutefois, toujours selon lui, pour garantir cette équité, il faut que ceux qui ont les moyens apportent une contribu­tion financière. Une mesure, celle de rendre l'université payante, qui suscite d'ores et déjà une grande polémique. La question est de savoir si le prochain ministre de l'Enseignement supérieur aura la volonté politique de l'appliquer.
Cap sur la R&D
Outre la technologie et le haut débit, la recherche scien­tifique constitue également un pilier fondamental pour que l'Université marocaine puisse jouer pleinement son rôle. Cette composante, jusque-là marginalisée, figure désormais parmi les priorités du ministère. Une priorité à laquelle adhère le secteur privé, notamment les grandes entreprises, en injectant de l'argent. C'est le cas de l'OCP, qui a mis à la disposition de la R&D au Maroc 190 MDH, de Managem (30 MDH) ou encore de la Fondation Lalla Salma qui a donné 10 MDH. Même les administrations publiques commencent à pendre conscience de l'impé­ratif d'encourager la recherche pour réussir l'émergence du pays. «Aujourd'hui, nous n'avons plus de problème de financement pour la recherche scientifique, mais plutôt dans la manière de dépenser cet argent», tient à préci­ser le ministre. Avant d'ouvrir le bal, le ministère de la Recherche scientifique s'est d'abord assuré de bien ver­rouiller le système de financement. Il a ainsi fait appel à un jury composé d'experts marocains et étrangers pour plus de transparence et pour une bonne gestion des fonds. Environ 317 projets de 17 pays différents ont soumis­sionné au premier appel à projets de 300 MDH. Quant au deuxième projet de 90 MDH, 27 pays ont participé avec des projets portés par des Marocains et des étrangers. «On ne s' attendait pas à un tel engouement. Notre objec­tif aujourd'hui est de donner confiance aux universitaires quant à la transparence et la bonne gouvernance de ces financements. Pour cela, nous sommes actuellement en phase de développer un outil pour financer et contrôler la recherche scientifique dans notre pays», rassure le ministre.
Ouverture de l'Université sur l'environnement économique
L'absence de passerelles entre l'Université et le secteur privé est une réalité dans certaines Facultés (de lettres, de droit et une bonne partie des Facultés des sciences...), mais pas dans d'autres. Force est de constater que les ENCG, les écoles d'ingénieurs, les Facultés d'éco­nomie..., collaborent étroitement avec le secteur privé. «C'est le cas du Centre de recherche, de développement et d'innovation en sciences de l'ingénieur de l'Ecole nationale supérieure d'électricité et de méca­nique (ENSEM) qui est financé par le secteur privé», tient à rappeler le ministre, tout en précisant que 60% des licences et des masters sont professionnels.


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