Entretien avec Rachida Benabdallah, Directeur général du CMI : «La réflexion est engagée sur une carte bancaire maghrébine»

* L’échéance de juillet 2008 marque l’entrée en vigueur du transfert de responsabilité financière entre l'émetteur et l'acquéreur.
* Si les 3.500 GAB installés au Maroc sont conformes EMV au niveau Hardware, la certification Software est en cours chez la plupart des banques.
* Une grande partie des banques aura achevé cette migration logicielle avant juillet 2008 laquelle sera totale avant fin 2008.
Finances News Hebdo : Pensez-vous que les banques pourront certifier leur GAB EMV avant l’échéance de juillet 2008 ?
Rachida Benabdallah : L’échéance de juillet 2008 marque l’entrée en vigueur du transfert de responsabilité financière entre l'émetteur (banque ayant émis la carte) et l'acquéreur (banque acceptant une opération de retrait sur un Guichet Automatique installé dans l'une de ses agences) par rapport à la norme EMV (standard carte à puce) : cela veut dire concrètement qu'à partir de cette date, si une opération de retrait s'avère frauduleuse (effectuée avec une carte perdue / volée / contrefaite) et si une partie (émetteur ou acquéreur) n'est pas conforme à EMV (pour l'émetteur : la carte est encore à piste; pour l'acquéreur : le GAB traite les données de la piste et non de la puce même pour une carte EMV), alors c'est cette partie qui supportera financièrement la transaction frauduleuse. Cette même échéance était destinée en janvier 2006 aux opérations de paiement : les systèmes internationaux ont mis en avant la mise à niveau de l'activité paiement par rapport à l'activité cash, car le risque de fraude y est plus élevé.
Les banques se sont préparées à cette échéance et ont entrepris, depuis quelques années, la mise à niveau de leur parc GAB existant par rapport à la norme EMV. La conformité EMV passe par deux niveaux : conformité Hardware (liée au matériel) et conformité Software (liée au logiciel).
On peut confirmer aujourd’hui que les 3.500 GAB installés au Maroc sont conformes EMV au niveau Hardware. La certification Software est en cours chez la plupart des banques et certaines l’ont déjà accomplie. Une grande partie des banques aura achevé cette migration logicielle avant juillet 2008 et au plus tard, nous pensons que cette migration sera totale avant fin 2008.
F. N. H. : Ce délai passé, quelles seront les conséquences pour les banques qui n’auront pas certifié leurs GAB ?
R. B. : L’échéance de juillet 2008 n’est pas une obligation, mais traduit l'entrée en vigueur d'une nouvelle réglementation en matière de litiges entre émetteurs et acquéreurs pour le motif de fraude au niveau des retraits GAB. Par conséquent, c'est une mesure incitative visant à accélérer la démarche de migration à l'EMV des différentes banques. La conséquence est, comme je l'ai précisé plus haut, la perte financière de tout retrait frauduleux effectué moyennant une carte à puce.
Il faut souligner que les transactions sur les GAB sont sécurisées par la saisie du code confidentiel, ce qui réduit fortement les risques de fraude et donc les conséquences éventuelles sur les banques non encore conformes à cette date-là.
Ceci étant, les banques travaillent sur la certification EMV de leurs réseaux GAB dans les meilleurs délais. La Banque Centrale y veille également par ses relances régulières et le CMI est là pour apporter son expertise et accompagner les banques utilisant sa plate-forme comme «Passerelle» vers les réseaux internationaux Visa et Mastercard.
F. N. H. : Peut-on avoir une idée sur le degré de coopération entre les différents centres monétiques de la région, notamment avec celui de la Tunisie et celui de la Région UEMOA ?
R. B. : Le Centre Monétique Interbancaire et la Société Monétique de Tunisie (SMT) ont des parcours similaires et une grande expérience dans l’activité monétique, alors que le Centre CTMI de la Région UEMOA a démarré il y a à peine une année et est au stade de montée en charge de ses activités. À ce titre, il bénéficie de l’expérience des deux centres monétiques maghrébins.
Nous échangeons régulièrement avec nos homologues de la SMT. Nous avions accueilli à plusieurs reprises des délégations venues des régions d'Afrique de l'Ouest et Centrale afin de communiquer sur l'expérience marocaine.
En outre, en 2007, le Conseil d’Administration de l’Union des Banques Maghrébines (UBM) avait inscrit dans le plan d’action de cette organisation la réflexion sur une carte bancaire
maghrébine. Une réunion consacrée à ce sujet a été tenue en décembre 2007 au sein du GPBM.