* La pondération des risques s'avère importante parce qu'elle permet à l'entreprise de les visualiser en fonction de leur fréquence et leur gravité. * A titre d'exemple, les départs d'hommes-clés avec une grande partie du portefeuille peut être préjudiciable à un intermédiaire en assurance. * Le traitement des risques en génère aussi de nouveaux qu'il faut identifier * Lanalyse de Younes Saih, ingénieur-expert agréé CNPP. - Finances News Hebdo : En tant que consultant, qu'est-ce qui, à votre avis, empêche l'entreprise marocaine de mettre en place les outils nécessaires à la gestion des risques inhérents à son activité, et ce bien qu'elle soit parfois consciente des dangers ? - Younes Saih : Les raisons peuvent être humaines, techniques, organisationnelles ou de coût. C'est, en effet, souvent des blocages ou des réticences humaines qui freinent ce processus par non adhérence à une idée de gestion de risque ou même par refus de changement. - Les raisons techniques sont, parfois, les difficultés de percevoir tous les flux d'une entreprise (financier, technique, approvisionnement, marché, etc .) ou d'avoir une bonne lecture des processus et des risques. - Le coût reste aussi un frein dans une entreprise qui limite parfois les RH au nécessaire et ne voit pas encore un responsable de gestion des risques ou la mise en place d'un système de management comme une utilité (surtout si les finances de l'entreprise sont en souffrance). - Les raisons organisationnelles sont la difficulté de placer des systèmes de management censés toucher et se greffer à tous les services et départements de l'entreprise, ce qui a souvent du mal à se faire, les patrons favorisant souvent les vocations primaire et de base de leur entreprise. - F.N.H. : Et donc comment l'entreprise pourrait-elle mettre en place une cartographie des risques, sachant qu'ils sont innombrables, étant donné quelle évolue dans un environnement ouvert ? - Y. S. : La cartographie des risques est une sorte de visualisation des risques en entreprise qui passera par les étapes d'identification des risques, de mesure et de pondération de ces risques. Ces pondération et mesure de risque permettent ensuite de les visualiser en fonction de leur fréquence et de leur gravité (criticité). La cartographie permet d'avoir une clarté de vision des risques croisés avec les flux de l'entreprise. Le risque manager peut alors savoir quelles sont les priorités à attaquer par le traitement du risque en priorité. Ensuite, effectivement, la nature des risques étant changeante en entreprise, fait qu'il faut constamment, dans la procédure de l'identification, rechercher d'autres risques. Le traitement des risques en génère aussi de nouveaux qu'il faut identifier, mesurer et traiter à nouveau; c'est une procédure continue d'amélioration (Roue de Deming). - F.N.H. : Quels sont, d'après-vous, les risques que peut encourir un intermédiaire en assurance ? - Y. S. :Un intermédiaire en assurance peut encourir de nombreux risques. D'abord, les risques classiques d'une PME (financier, savoir-faire, marché, etc ) Mais aussi un risque spécifique au secteur des assurances qui est celui d'endosser une partie des risques des entreprises que l'on assure (par intermédiation). Aussi, la survenance d'un sinistre majeur, qui fera disparaître un grand client, peut retentir directement sur la société d'intermédiation en assurance. Il y a, dans l'histoire, de nombreuses sociétés de protection financière qui ont succombé avec leurs clients. Les départs d'hommes-clés avec une grande partie du portefeuille peuvent être préjudiciables à un intermédiaire en assurance. - F.N.H. : Comment l'entreprise peut-elle identifier ses risques ? - Y. S. : L'identification des risques d'entreprise consiste à un repérage précis dans le temps et dans l'espace de tous les risques encourus par l'entreprise et susceptibles d'entraver sa démarche ou de la faire disparaître purement et simplement. L'identification revient donc à dresser une check liste de tous les risques avec une échelle de gravité. Les outils Les visites de risques Réflexion et imagination Le conseil des experts (audit ou autre) Les signes précurseurs L'historique des événements - F.N.H. : Dans quelle mesure la réglementation en vigueur pourrait-elle protéger l'entreprise contre les différents aléas ? - Y. S. : L'application de la réglementation a commencé par le code du travail qui oblige les entreprises à mettre en place les moyens de prévention et de protection et de veiller, par une entité interne (CHS), à sauvegarder l'entreprise et sa pérennité.