Le rythme effréné des arrestations en Algérie en marge des manifestations anti-système choque autant que les premiers jours. Ces derniers temps, le pouvoir a donné carte blanche aux forces de l'ordre pour réprimer les manifestants. En parallèle, Gaid Salah ignore la rue. Il nagerait même à contre-courant. Boycottant les élections présidentielles prévues pour le 12 décembre, des milliers d'Algériens font part de leur refus total de leur système au moins deux fois par semaine. Mais le rythme de ces marches et contestations s'est accéléré avec le début de la campagne présidentielle. Chahutant les meetings de campagne, les protestataires se sont retrouvés arrêtés et écroués par la police. Mercredi soir, une manifestation nocturne a eu lieu dans la capitale. Démarrant depuis Bab El Oued, elle a continué vers le centre d'Alger pour trouver des forces de l'ordre déployées en grand nombre dans les artères principales du centre-ville. Plusieurs arrestations ont eu lieu. Dans le même temps, de nouveaux cas se sont ajoutés à la longue liste de condamnations pour atteinte à l'unité nationale et celles pour avoir chahuté les meetings de campagne. Le tribunal d'El Oued a statué contre deux manifestants ayant chahuté le meeting de campagne du candidat à la présidentielle Ali Benflis. Les accusés ont écopé de deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt, et six mois de prison avec sursis. Jeudi, le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, a indiqué que l'armée a pris toutes les mesures nécessaires pour mettre en oeuvre le scrutin présidentiel, largement rejeté par la rue. « Toutes les mesures idoines » ont été prises « jusqu'à atteindre l'étape de la tenue des élections présidentielles », a-t-il déclaré au troisième jour de visite de travail et d'inspection en 4ème Région militaire. « Le Haut-commandement de l'armée a veillé à ce que soient satisfaites les revendications populaires légitimes et urgentes, à l'origine des marches populaires pacifiques, civilisées et qui tiennent compte de l'intérêt suprême de la patrie », a ajouté le nouvel homme fort algérien, au moment où la contestation pense à organiser des manifestations anti-système tous les jours jusqu'au 12 décembre.