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La stratégie d'Erdogan en Libye sème la panique chez les voisins (Entretien 1/2)
Publié dans Hespress le 02 - 01 - 2020

Au moment où la Turquie se prépare pour intervenir militairement en Libye sur demande du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale, ce déploiement soulève des doutes et réveille des animosités, notamment chez les pays voisins. Pour mieux comprendre la stratégie turque actuelle et les dessous de cette prochaine intervention, Hespres FR a contacté le politologue Khalid Chegraoui pour faire le tour de la question.
Les événements autour d'une possible et prochaine intervention militaire de la Turquie en Libye, pays en proie à la guerre civile, et au déchirement entre deux autorités rivales depuis la chute de Mouammar Kadhafi, se sont précipités ces derniers jours provoquant de vives réactions chez la communauté internationale.
La Turquie qui a annoncé la nouvelle petit à petit cherchant à ne pas froisser ses alliés et voisins, a continué dans sa lancée en s'invitant en Tunisie, pays voisin réputé pour sa « neutralité » dans le conflit libyen mais qui reste néanmoins un acteur doté d'une importance certaine dans le règlement de la question.
En effet le président turc Recep Tayyip Erdogan a effectué une visite officielle (surprise?) en Tunisie où il a été reçu par son homologue nouvellement élu Kais Saied. Cette visite n'a pas laissé de marbre l'autre voisin, l'Algérie qui n'a pas attendu pour organiser une réunion du Haut conseil de sécurité pour discuter de cet événement qui risque de perturber ce presque-équilibre dans la région. Cet organe qui ne se réunit que rarement, a examiné la situation aux frontières du pays, notamment avec la Libye et le Mali et a prévu des mesures pour « protéger » les frontières et la sécurité du territoire national, mais prévoit aussi la « redynamisation du rôle de l'Algérie au plan international », indiquait un communiqué de la présidence jeudi.
Lundi, la Turquie a fait un nouveau pas vers son projet d'intervention à Tripoli aux côtés du GNA et contre l'homme fort de l'est libyen, le maréchal Haftar, en faisant transmettre depuis la présidence vers le Parlement une motion autorisant le déploiement de militaires en Libye. Cette motion devrait faire l'objet d'un débat en session extraordinaire ce jeudi.
L'imminente intervention militaire en Libye des forces turques est mal vue de la part de la communauté internationale. Peut-on dire qu'Ankara cherche à se rapprocher de Tripoli ?
Ce n'est nullement un rapprochement. La Turquie était toujours présente en Libye et principalement du côté de Tripoli. Ce qui est grave aujourd'hui c'est qu'on voit la rivalité entre deux cartes dans la Libye. Une carte principalement menée par la Turquie et le Qatar qui supportent plus ou moins, ce qu'on appelle le GNA (le gouvernement d'union nationale) mais ils supportent beaucoup plus les milices et alliances islamistes liées aux Frères musulmans. Donc c'est une conception du pouvoir qu'ils sont en train de supporter dans cette région contre une autre carte dirigée principalement par l'Egypte où il y a aussi bien sûr l'Arabie Saoudite et la Jordanie qui sont anti-Frères musulmans et anti-GNA.
Donc, deux cartes politiques qui sont en train d'être jouées dans cet espace et surtout aujourd'hui, ça dépend de comment on voit la Libye. Il y a pas mal de régimes qui aimeraient bien voir un militaire, c'est-à-dire, principalement le maréchal Khalifa Haftar pour contrôler cet espace, car pour eux ce sera la solution contre toute velléité, contre tout mouvement islamiste. Ce sera comme reproduire l'exemple plus ou moins algérien, égyptien.
Bien sûr on verra un certain nombre d'Etats européens qui sont en train de jouer un double jeu, qui montrent qu'ils sont avec l'un alors qu'ils sont beaucoup plus avec l'autre. On remarque par exemple, la France qui a des relations assez suivies avec Haftar tout en déclarant supporter la légalité internationale.
Le grand problème de la Libye aujourd'hui, c'est effectivement il y a un gouvernement qui a une légitimé, celui de Tripoli, mais cette légitimité lui vient de l'extérieur pas de l'intérieur. Certes Haftar n'a pas de légitimité sauf la force militaire mais quand même il arrive à grignoter de l'espace politique et même économique.
Il faut quand même reconnaître un revirement de situation dans cette relation entre la Turquie et la Libye...
La Turquie, il faut la prendre dans son contexte « Erdoganien », la Turquie contemporaine, principalement celle d'Erdogan est surtout la Turquie après l'éviction d'Ahmet Davutoglu qui était premier ministre, ministre des affaires étrangères par ailleurs était le théoricien de la politique étrangère turque, cherchait à avoir zéro problèmes avec le voisinage.
Aujourd'hui on est dans une vision du président Erdogan avec un certain nombre de ses cadres qui sont pour une réconciliation de la Turquie avec son histoire et on l'a très bien vu comment elle l'a fait. Ça commence à reproduire le modèle Ottoman mais autrement, donc c'est une force assez présente qui veut jouer sa carte politique et économique dans un espace qui lui est lié historiquement et culturellement etc, principalement dans l'est de la Méditerranée donc son intervention en Syrie est très importante, et ses relatons dans ce cadre-là avec la Russie et l'Iran le sont tout autant.
Et bien sûr il y a aussi l'autre espace, celui de la Libye. Cette carte libyenne se comprend du moment que la Turquie a perdu le contrôle principalement de Damas et de l'Egypte qui est retournée dans cette scène de manière assez forte et qu'il y a pas mal d'intérêts dans cette Méditerranée de l'est où il y a pas mal d'acteurs qui sont en jeu tel que la Grèce et Israël.
La Grèce d'ailleurs a déjà réagi à plusieurs reprises, surtout après la conclusion de l'accord entre Ankara et Tripoli portant sur la coopération militaire et sécuritaire mais aussi et surtout, celui portant sur les zones maritimes et frontalières communes entre les deux pays... Qu'est-ce que cela implique pour la Turquie ?
La Grèce a déjà commencé à avoir des contacts avec Haftar et ils ont essayé aussi de le faire avec les égyptiens parce que le problème n'est pas seulement un problème de territoire ni de présence politique c'est aussi une question de gestion des ressources notamment en hydrocarbures dans la zone et surtout les possibilités de trouver et exploiter le gaz dans la région. Cela sans parler du fait qu'il y a eu des manigance politico-économiques entre Israël et l'Egypte d'une part, donc la Turquie aimerait avoir son mot à dire et surtout ne pas être dispensée de cet espace.
La Grèce c'est toute une histoire, et l'autre problème c'est la gestion de la question chypriote, bien sûr cela va être un problème carrément éternel, et surtout qu'aujourd'hui il commence à y avoir d'autres acteurs comme les Etats-Unis qui entrent en jeu. La Turquie commence à être considérée comme un agent double presque, qui joue avec la Russie et les Etats-Unis.
Pourtant l'Otan ne peut pas se dispenser de la présence de la Turquie et, cette dernière est consciente de sa force. Certes on pourrait critiquer la politique d'Erdogan dans ce cadre-là, mais quand même c'est un pays qui commence à réaliser ses raisons d'Etat dans cette région.


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