Le fondateur du Parti des néo-démocrates, le politologue Mohamed Darif, a tenu à apporter sa « contribution » à la polémique autour de l'Islam politique au Maroc, suscitée par les déclarations du candidat au secrétariat général du PAM, Abdellatif Ouahbi, en affirmant que l'institution de la commanderie des croyants « est investie de missions qui n'ont rien à voir avec l'Islam politique ». Darif qui était l'invité de l'émission web de Hespress « Niqach fi assiassa » à diffuser dimanche soir, a rappelé que « la Constitution de 2011 a établi le distinguo, concernant la monarchie, entre le rôle du Roi en tant qu'Amir Al Mouminine et son rôle en tant que chef de l'Etat ». « La ligne séparant le champ politique de celui religieux a également été clairement définie », a-t-il ajouté, notant à ce propos que « l'Islam politique, c'est des mouvements ayant des visées politiques, et qui ont utilisé de par le passé, des mécanismes putschistes et révolutionnaires pour conquérir le pouvoir, mais avec les mutations qu'a connues le monde arabe, ils se sont mués en courants politiques pour participer aux élections ». Et de souligner que la commanderie des croyants « relève du champ religieux, qui veille à la préservation de l'unité religieuse, tout en consacrant le pluralisme en politique ». Et partant, dit-il, « la mission de la commanderie des croyants ne s'apparente pas à l'Islam politique qui, lui, a une structure partisane qui ambitionne d'arriver au pouvoir, et de ce fait, qualifier la commanderie des croyants de forme d'Islam politique, revient à invoquer uniquement sa dimension politique en occultant les autres aspects de l'institution monarchique ». Normalisation avec l'Etat Sur un autre volet, Mohamed Darif estime que le ras-le-bol qui semble envahir la rue marocaine n'est pas lié à la venue du gouvernement PJDiste, mais remonte à bien avant, ce qui explique l'adhésion des jeunes au mouvement du 20 février. « Le PJD était contre la rue et ses revendications, aux dires mêmes de son ancien secrétaire général », avance l'invité de « Niqach fi assiassa ». Pour lui, l'aile islamiste du gouvernement « a normalisé avec l'Etat, et pas seulement pour accéder au pouvoir, mais depuis son entrée en politique par la porte de l'action associative». Le Maroc ne diffère pas beaucoup des pays voisins, c'est la raison pour laquelle « l'Etat a appuyé le Mouvement de l'unicité et de la réforme (MUR), pour contrecarrer la Jamaa d'Al AdlWal Ihsane », a-t-il mis en avant. Darif a, en outre, estimé que « les résultats recueillis par le PJD lors des législatives, ne sont pas étonnants, en ce sens que le terrain était préalablement balisé, et son accession au pouvoir ressemble grandement au cheminement des mouvances des frères musulmans dans d'autres pays de la région ». Il a affirmé à cet égard que l'accession des frères musulmans au pouvoir dans plusieurs pays était un choix dicté par les Etats Unis « qui ont cherché, après avoir été ciblés, à barrer la route à l'islam radical, en optant pour l'école des frères ». Et justement, résume-t-il, le PJD relève de cette école, et Saâd Eddine El Otmane s'est décerner une attestation américaine en sa qualité de représentant de l'Islam démocratique, et ce qui arrive au Maroc n'est pas très différents de ce qui se passe ailleurs ».