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Abdelhafid Adminou analyse les raisons de la débâcle du PJD
Publié dans Hespress le 13 - 09 - 2021

Avec 13 sièges remportés lors des élections législatives du mercredi, le Parti Justice et Développement (PJD) est entré dans les annales de la politique étant semble-t-il le premier parti à avoir vu son score divisé par dix entre deux scrutins. Quelles pourraient être les raisons de cette débâcle ? Explications avec le spécialiste des institutions politiques, Abdelahafid Adminou.
Le PJD sort abattu des élections du 8 septembre. Les traditionnalistes marocains ont obtenu leur plus mauvais score depuis le Conseil national de 1998 lors duquel ils ont changé de nom devenant le PJD et enterrant une fois pour toutes le Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC) d'Abdelkrim El Khatib.
Pourquoi un parti qui a « gouverné » pendant près de 10 ans, qui a pu gérer une étape aussi difficile que celle du « printemps arabe », qui a bénéficié d'une popularité exceptionnellement forte avec Benkirane, a-t-il subi un échec aussi cuisant que celui du 8 septembre ? Pour quelles raisons a-t-il trouvé son action sanctionnée avec autant de brutalité, non seulement par une défaite dans les urnes, mais surtout par un recul sans précédent de sa « popularité » chez des catégories que l'on considérait jusqu'alors comme son électorat naturel ?
Autant de questions auxquelles Hespress FR a essayé de répondre avec le spécialiste du droit constitutionnel et des institutions politiques, Abdelhafid Adminou.
Dans son analyse, le professeur de droit à la faculté des sciences juridiques Rabat-Souissi, a d'abord décortiqué les résultats dans leur ensemble avant de serrer le plan sur le PJD.
Le PJD a échoué là ou ont réussi le RNI, le PAM et le PI
Admettant implicitement qu'un recul de celui-ci était prévisible, Adminou affirme que « les prévisions des électeurs et des observateurs s'attendaient à une course entre trois partis à savoir le Parti Authenticité et Modernité (PAM), le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti de l'Istiqlal (PI) ».
« Et c'est ce qui a été confirmé par les urnes », soutient Adminou, car, rappelle-il « les déclarations des trois dernier jours que ce soit du président du RNI (désormais Chef du gouvernement désigné, Ndlr) et ou celles du secrétaire général du PAM allaient dans le sens de la réalisation d'une victoire ».
D'ordre général, Adminou, explique l'impact du paramétrage électoral sur les résultats. En relation avec ces derniers, il met en évidence comment « le quotient électoral n'a pas laissé un grand écart entre les partis politiques en termes de score étant donné que le premier (RNI avec 102 sièges) s'éloigne du second (PAM avec 87 sièges) avec 15 et le second à six siège de plus que le troisième (PI avec 81 sièges).
Ce rapprochement en termes de scores entre lesdits partis est dû à un certain nombre d'éléments dont le taux de couverture des arrondissements et le nombre de candidatures présentées par chacun des trois partis, décortique le politologue, faisant observer que le score inattendu du PJD a une explication en ralation avec ces deux paramètres.
Adminou fait l'analogie du scrutin communal avec le législatif
« Le PJD a couvert l'ensemble des arrondissements régionaux et législatifs, mais a beaucoup reculé en matière de couverture des élections communales », relève Adminou pour qui « cet écart en termes de couverture a été senti aujourd'hui avec les résultats surtout en ce qui concerne les trois premiers partis ».
Grâce à la couverture des arrondissements communaux, le RNI a pu arracher le plus grand nombre des sièges parlementaire (les trois scrutins ont eu lieu le même jour), suivi du PAM dans les élections communales et du PI dans les élections régionales sachant que l'écart en termes de sièges n'a pas été grand, met en avant ce spécialiste des institutions politiques.
Partant de cela, Adminou formule une hypothèse selon laquelle il y a une concordance, voire une analogie entre les scrutins législatif et communal. « Les électeurs qui ont voté au niveau communal, l'ont fait dans les autres scrutins (régional et législatif, Ndlr) », soulève-t-il.
Loin de ces facteurs paramétriques, l'analyste politique évoque également les problèmes en interne qui ont conduit à une certaine perte d'identité.
Affadissement du discours et perte d'identité
Outre l'affadissement des slogans de lutte contre la corruption, la prévarication et la rente avec lesquels les PJD s'est fait une image de parti « réformateur » dans le sillage de son avancée aux devants de la scène, Adminou relève que le PJD a été rattrapé par les dissensions internes.
« Le PJD a été impacté par les problèmes en interne, notamment, le contraste dans les prises de positions entre les composantes du parti », affirme-t-il en illustrant avec plusieurs exemples.
« On a vu cela avec la loi-cadre sur l'enseignement. On se rappelle comment la position d'Abdalilah Benkirane (l'ancien Chef de gouvernement limogé refusait l'adoption du français pour l'enseignement des matières scientifiques au lycée, Ndlr) a divisé le parti et aussi le groupe parlementaire, causant le changement du président du groupe après la démission de Driss Azami (président du Conseil national du parti réputé pro-Benkirane) et son remplacement par Mustapha Ibrahimi », rappelle Adminou.
« Le clivage qui s'est produit lors du dernier congrès (au cours duquel Benkirane a cédé sa place de secrétaire général au Chef du gouvernement sortant Saâd Eddine El Othmani) s'est consacré surtout avec la prise de position de Benkirane sur la loi sur l'usage légal du cannabis », poursuit Adminou.
La notabilisation du PJD
Au problème identitaire, si l'on ose dire, celui des dissensions internes, l'affadissement du discours et la difficulté à politiser celui-ci apparue clairement ces dernières années avec un Chef du gouvernement quasi effacé, qui a empêché le parti de reprendre son souffle, Adminou ajoute les choix maladroits du secrétariat général.
Celui-ci a recommandé, selon notre analyste, « le premier rang des dirigeants (qui ont présenté leur démission au lendemain de la déclaration des résultats, Ndlr) pour les élections notamment des parlementaires qui ont accumulé deux mandats », ce qui, semble-t-il, a freiné la rotation des élites en interne.
« On se rappelle les réactions des certaines secrétariats provinciaux, notamment, à Oued Zem et Temara...», poursuit notre source.
Ceci étant, le PJD qui se distinguer par une certaine démocratie interne qui conduisait les militants des sections aux devants de la scène a manqué de vigilance en intronisant des candidats et en leur renouvelant la confiance dans une sorte de « notabilisation » du parti.
A ces facteurs de régression s'est ajouté un autre qui n'est pas des moindres à savoir le soutien timoré du Mouvement Unicité et réforme (MUR), qui constitue le véritable réservoir électoral du PJD.
« Le MUR n'a pas n'a pas appelé ses adhérents à participer aux élections et voter pour le PJD. Chose qu'il faisait systématiquement par le passé via un communiqué officiel (2011 et 2016) », note Adminou.
Il estime, dans cette veine, que « cela a été considéré comme une orientation de pas trop se mêler de ces élections », faisant remarquer que le MUR essaye depuis des années de mettre une barrière entre son action de prédication et l'action politique de son parti.
Le prix des décisions impopulaires
L'autre facteur pouvant expliquer la débâcle du parti de la Lampe, réside, selon notre source, dans le fait qu'« il avait bénéficiait du vote des électeurs irrésolus et indécis lors des scrutins de 2011 et 2016 ».
« Cette fois ces mêmes électeurs irrésolus ou hésitants ont estimé qu'ils ne peuvent pas soutenir le PJD, car il a pris des décisions désastreuses sur le plan social ».
Relavant que les couches les moins aisées et la classe moyennes se sont-ils senti victimes d'une forme de dénégation ou de disqualification sociale ce qui les a précipités dans une défiance envers ce parti Adminou est revenu sur plusieurs décisions impopulaires du gouvernement sortant que le PJD a cautionné malgré lui.
« Il y a aussi des mesures qui ont touché une bonne partie des électeurs, notamment, le démantèlement des subventions et l'augmentation de l'âge de la retraite, de la cotisation et de la diminution des pensions concernant la réforme des retraites », cite entres autres notre interlocuteur.
Et d'ajouter que « le traitement du dossier des enseignants contractuels a aussi ajouté une couche à la grogne sociale d'autant plus que c'était le Chef du gouvernement qui défendait ces décisions prises par des ministres d'autres partis ».
« Tous ces indicateurs laissaient attendre un vote raisonnable. Dit autrement, une bonne partie des électeurs sont partis soit pour voter pour les programmes qui les ont convaincus ou pour sanctionner le PJD », conclut le politologue.


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