Au cours du troisième trimestre 2023, le dirham marocain a renforcé sa position face à l'euro et au dollar américain, s'appréciant respectivement de 1,43% et 1,40%, selon les données de Bank Al-Maghrib (BAM). Cette appréciation s'inscrit dans un contexte monétaire marqué par diverses fluctuations et tendances, notamment une augmentation du crédit au secteur non financier de 2,7%, une accentuation du besoin de liquidité des banques et une progression de la masse monétaire de 7,1%. Cependant, des indicateurs tels que les créances en souffrance ont également montré une hausse, soulignant les défis persistants auxquels le système financier marocain est confronté. Le dirham s'apprécie de 1,43% face à l'euro et de 1,40% face au dollar Au troisième trimestre 2023, le dirham marocain a enregistré une appréciation notable, se renforçant de 1,43% par rapport à l'euro et de 1,40% face au dollar américain, selon les données de BAM. Par rapport aux monnaies des principales économies émergentes, le dirham s'est également valorisé de manière significative, enregistrant une hausse de 31,37% face à la livre turque et de 4,83% vis-à-vis du yuan chinois, comme indiqué dans le rapport de BAM sur la politique monétaire. Ce rapport, publié à l'issue de la dernière réunion trimestrielle de son Conseil pour l'année 2023, révèle également que le taux de change effectif du dirham a progressé de 3,46% en termes nominaux et de 1,89% en termes réels. En ce qui concerne les transactions en devises, les données montrent des réductions significatives dans le volume des opérations au comptant. Les ventes ont baissé de 33,6%, s'établissant à 28,2 milliards de dirhams (MMDH), tandis que les achats ont diminué de 30,7%, atteignant 26,2 MMDH. Les opérations à terme ont également enregistré des baisses, avec des réductions de 39,3% pour les achats et de 60,2% pour les ventes. Secteur non financier : le crédit progresse de 2,7% au T3-2023 Le crédit accordé au secteur non financier a enregistré une augmentation de 2,7%, selon les données fournies par BAM, marquant ainsi un léger ralentissement par rapport à la croissance de 5% observée au trimestre précédent. Cette tendance est principalement attribuée à une diminution des prêts aux entreprises privées, qui ont légèrement reculé de 0,4% après une augmentation de 3,6%. Le rapport de BAM souligne également une modération dans l'augmentation des prêts aux ménages, passant de 3,1% à 2,4%. Concernant les sociétés non financières privées, il est noté une réduction de 9,4% dans l'expansion des facilités de trésorerie. Par ailleurs, l'augmentation des prêts aux particuliers a également ralenti, passant de 2,8% à 2,5%, avec des baisses spécifiques dans les crédits à l'habitat (2,6% à 2,3%) et les prêts à la consommation (2,3% à 1%). Les crédits accordés aux entrepreneurs individuels ont enregistré un net ralentissement, avec une croissance chutant de 6,1% à 2%. Cette évolution reflète une baisse de la croissance des facilités de trésorerie de 10,8% à 6,8% et une réduction des prêts immobiliers de 6,6% après une croissance de 8,9%. Par ailleurs, la progression des prêts aux entreprises publiques a également ralenti, passant de 35% à 32,4%. En analysant par secteur d'activité, les données du T3- 2023 montrent des augmentations significatives des crédits alloués aux « industries extractives » (60,2%), à la branche « électricité, eau et gaz » (19,1%) et aux « industries chimiques et para-chimiques » (4,9%). En revanche, les crédits aux entreprises des « industries métallurgiques, mécaniques, électriques et électroniques » et du « commerce, réparations automobiles et d'articles domestiques » ont enregistré des baisses de 12,7% et 4,2% respectivement. Banques: le besoin de liquidité à 88,8 MMDH au T3-2023 Quant au secteur bancaire, il a enregistré une augmentation notable de son besoin de liquidité, passant de 73,5 milliards de dirhams (MMDH) à 88,8 MMDH en moyenne hebdomadaire, selon les informations de BAM. Dans son rapport récent sur la politique monétaire, BAM souligne que cette hausse du besoin en liquidité reflète une expansion de la monnaie fiduciaire. Face à cette situation, la banque centrale a intensifié ses interventions, faisant passer ses injections de 87,7 MMDH à 101,2 MMDH. Ces interventions comprennent des avances à 7 jours d'un montant de 35,2 MMDH, des opérations de pensions livrées s'élevant à 42,3 MMDH, et des prêts garantis destinés aux petites et moyennes entreprises (TPME) pour 23,7 MMDH. De plus, la durée moyenne des interventions de la BAM est passée de 47,6 jours à 48,3 jours, tandis que le taux interbancaire est resté stable à 3% en moyenne, aligné sur le taux directeur. Cependant, les données les plus récentes suggèrent une aggravation du déficit de liquidité bancaire, s'élevant à 97,1 MMDH en moyenne pour les mois d'octobre et novembre 2023. Le rapport prévoit que cette tendance devrait se poursuivre, avec un déficit prévu à 92,6 MMDH d'ici fin 2023, atteignant 121,3 MMDH en 2024 et 137,7 MMDH en 2025. Ces projections sont influencées par la croissance continue de la monnaie fiduciaire, estimée à 10% en 2023 et à une moyenne de 6,5% pour les années 2024 et 2025. Créances en souffrance : une hausse de 6,6% au T3-2023 Au troisième trimestre 2023, les créances en souffrance ont enregistré une hausse de 6,6%, avec un ratio stabilisé à 8,8% de l'encours total du crédit bancaire, d'après les données de BAM. BAM souligne que cette augmentation provient principalement d'une croissance de 8,6% pour les entreprises non financières privées et de 4,2% pour les ménages, avec des taux d'encours respectifs de 12,6% et 10%. Ces informations sont issues du rapport de BAM sur la politique monétaire, publié suite à la dernière réunion trimestrielle de son Conseil pour l'année 2023. Par ailleurs, les prêts consentis par les institutions financières autres que les banques au secteur non financier ont augmenté de 8,3% au cours du troisième trimestre 2023. Cette progression est marquée par une hausse de 6,9% des crédits des sociétés de financement, une augmentation impressionnante de 39,9% des prêts des banques off-shores, et une croissance de 3,1% des prêts des associations de microcrédit. Les données de BAM pour le mois d'octobre montrent une croissance annuelle du crédit bancaire de 4,9%, avec des augmentations de 2,7% pour les prêts au secteur non financier et de 19,8% pour les prêts aux institutions financières. En ce qui concerne les agrégats de placements liquides, une progression de 0,5% a été enregistrée, marquant une amélioration par rapport à la baisse de 10,1% observée au trimestre précédent. Cette tendance s'explique par une réduction moins importante des titres des OPCVM obligataires, passant de 20% à 3,5%, une diminution des titres des OPCVM actions et diversifiés de 13,9% à 4,8%, ainsi qu'une augmentation des Bons du Trésor de 4,3%, après une baisse de 2,5%. La masse monétaire progresse de 7,1% au T3-2023 Au troisième trimestre 2023, la masse monétaire, représentée par l'agrégat M3, a enregistré une croissance de 7,1%, marquant ainsi une légère décélération par rapport aux 7,8% du trimestre précédent, d'après les données de BAM. Cette modération est notamment attribuée à un ralentissement des dépôts à vue, passant de 9% à 8,3%, en particulier en raison de la baisse de la croissance des dépôts des ménages, qui est passée de 8,3% à 7,5%, comme le souligne BAM dans son rapport récent sur la politique monétaire. De plus, la croissance de la circulation fiduciaire a également ralenti, passant de 13,7% à 11,9%, tandis que la progression des titres des OPCVM monétaires a diminué de 28,3% à 23,6%. Par ailleurs, le taux de diminution des dépôts à terme s'est accru, s'établissant à 5,7% contre 4,4%, reflétant une réduction moins importante des dépôts des entreprises privées, qui est passée de 8,8% à 1,7%. En revanche, les dépôts libellés en devises ont connu une réduction moins prononcée, passant de -13,4% à -11,9%, selon les observations de la Banque centrale. En ce qui concerne les composantes principales de la masse monétaire, on observe une décélération de la croissance des avoirs officiels de réserve, qui est passée de 7,5% à 5,5%, ainsi que des ralentissements des créances nettes sur l'administration centrale de 11,7% à 6,9% et du crédit bancaire de 5,6% à 4,8%. Dans ce contexte, BAM prévoit une croissance de l'agrégat M3 de 5,4% en 2023, de 5,3% en 2024 et de 6,1% en 2025.