Dans un communiqué, l'Association Nationale des Médias et des Editeurs (ANME), organisme le plus représentatif du secteur de la presse et de l'édition au Maroc, se dit préoccupée par certains agissements. En effet, l'Association indique que depuis plusieurs mois, elle observe avec inquiétude les agissements inhabituels de certaines entreprises de communication institutionnelle, de promotion et de relations publiques dans le marché publicitaire et la gestion des relations avec les institutions publiques, privées, les annonceurs et le secteur de la presse nationale (imprimée et numérique). Dérapages inacceptables dans le marché publicitaire L'ANME constate avec une grande stupéfaction que certaines de ces entreprises s'écartent gravement de leurs objectifs initiaux, trahissant leur rôle de promoteurs et de publicitaires. En effet, elles se détournent de leurs partenariats fondamentaux avec les médias, qui sont les seuls vecteurs légitimes pour diffuser les campagnes promotionnelles. Ces entreprises et agences ont, cependant, suivi la « vague » des influenceurs et des créateurs de contenu, motivées uniquement par des gains financiers. Pourtant, beaucoup de ces influenceurs sont entourés de suspicions, notamment concernant l'acquisition frauduleuse de leurs suivis et vues, ou pire, en recourant à l'extorsion et l'escroquerie. Pour l'ANME ce nouvel alignement entre entreprises de relations publiques, influenceurs, et diverses institutions publiques et privées, qui alloue des millions de dirhams annuellement à des campagnes de promotion, constitue une dérive que les professionnels, les éditeurs et les directeurs des entreprises médiatiques nationales doivent fermement combattre. Impact négatif sur le secteur médiatique L'Association souhaite rappeler les efforts exceptionnels fournis par les dirigeants des entreprises de presse pour investir, créer des emplois, et dynamiser les secteurs de l'édition, de la distribution, du transport et de la lecture au Maroc. Il est inadmissible que ces efforts soient anéantis par des entreprises de communication institutionnelle qui s'allient avec des influenceurs insignifiants ne payant pas d'impôts et profitant de budgets publicitaires et de campagnes de promotion destinés au secteur médiatique structuré et employeur, partenaire de l'État dans la mise en œuvre des grandes réformes dans divers domaines. Un tel déséquilibre ne peut être toléré ou accepté. Toute complaisance de la part des éditeurs et des professionnels serait interprétée comme une complicité dans la destruction du secteur de la presse et de l'édition. Requêtes de l'ANME : appels à l'action Enquête sur le détournement des fonds : lancement d'une enquête sur les transferts de fonds publics et privés vers des usages non prévus, notamment concernant le développement du secteur médiatique en tant que service public à protéger. Révision des lois : revoir les lois régissant les entreprises de relations publiques, en clarifiant leurs missions, domaines d'intervention, transactions et partenaires. Boycott des activités des entreprises compromises : appel au boycott de toutes les activités des entreprises et agences qui collaborent avec des influenceurs, et refus de publier leurs communiqués et publications. Les journaux et sites web ne doivent pas être des dépotoirs pour les résidus des « relations » avec des influenceurs. Enfin, l'ANME appelle à une prise de conscience collective pour défendre l'intégrité du secteur médiatique marocain contre les dérives actuelles. Les médias doivent rester un pilier fondamental de l'information et de la promotion, loin des pratiques douteuses et non régulées des influenceurs.