Forum DH du festival Gnaoua : La candidature tripartite du Mondial 2030, une ouverture sur le dialogue et la paix

La 11e édition du Forum des Droits Humains du Festival Gnaoua et Musiques du Monde s'est tenu, ce vendredi 28 juin, à l'hôtel Atlas d'Essaouira sur le thème « Maroc, Espagne, Portugal : Une histoire qui a de l'avenir ».
Organisé en partenariat avec le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Étranger (CCME), le Forum invite, comme chaque année, des personnalités venant d'horizons différents. Cette édition a été marquée par la présence de l'ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, venu répondre à de nombreuses questions liées sur l'organisation tripartite de la Coupe du monde 2030, entre le Maroc, l'Espagne et le Portugal.
En effet, en 2030, soit dans moins de six ans, le Maroc, l'Espagne et le Portugal organisent en la Coupe du monde de football. Cette candidature commune inédite témoigne des relations exceptionnelles qui lient les trois pays depuis plus de mille ans, avec des flux humains, économiques et culturels variables, mais pratiquement ininterrompus. Cette histoire partagée n'a pas été non plus avare en frictions, voire en conflits de toutes sortes.
Le thème de cette 11e édition a été choisi, en lien avec cette organisation, qui met le Royaume face à de nombreux défis inédits puisqu'il s'agit d'une aventure à trois pays, répartis sur deux continents, avec une même passion pour le ballon rond, mais des cultures et des traditions politiques et culturelles, à la fois proches et éloignées.
© Mounir Mehimdate
Il s'agit, en outre, d'une ouverture sur des opportunités économiques et constitue un extraordinaire accélérateur de la coopération entre les trois pays organisateurs.
Défendre les principes d'égalité raciale et de genre
Dans ce sens, José Luis Rodriguez s'est dit impressionné par les progrès réalisés par le Maroc en matière de droits de l'homme et de droits des femmes, et sa capacité à surmonter les problèmes sociaux.
« La philosophie méditerranéenne dit qu'on ne peut pas comprendre la culture espagnole sans le Maroc et vice versa. Nous aimons aussi le Portugal, un grand pays malgré sa petite population. Nous nous sentons proches du Portugal. Nous devons faire de la prochaine Coupe du Monde un événement d'amitié entre nos pays », a-t-il déclaré, exprimant sa fierté de faire partie de ce partenariat.
« Nous sommes fiers de ce partenariat entre nos trois pays. António Costa, le Premier ministre portugais, est comme un frère pour nous. Nous sommes humains avant tout. Nous devons travailler ensemble et respecter toutes les cultures et les histoires. Je suis très heureux d'être présent à ce festival. Nous devons défendre courageusement les principes de liberté et d'égalité raciale et de genre. Nous devons rejeter l'égoïsme et l'égocentrisme, qui détruisent les sociétés », a-t-il poursuivi.
Selon l'ancien ministre espagnol, il s'agit avant tout de « promouvoir la démocratie et l'égalité des sexes. Ces valeurs construisent nos sociétés en respectant les autres ».
« Le prochain Mondial doit être un événement de paix et d'amour. Si nous réussissons cela, nous serons parmi les gagnants. Nous avons la technologie et l'intelligence artificielle pour nous aider, mais nous devons rester modestes et ouverts à la coopération. Les générations passées ont lutté contre l'esclavage ; nous devons maintenant travailler ensemble pour un avenir meilleur », a-t-il affirmé, mettant en avant les efforts du Maroc en matière de droits humains.
« De nombreux écrivains ont plaidé pour la paix. La guerre et l'arrogance ne mènent qu'à la destruction. Le Maroc a fait des efforts louables en pensant aux crises dans des endroits comme Gaza et l'Ukraine, mais aussi en Afrique où la pauvreté et la violence sont souvent ignorées par la communauté internationale. Nous devons changer notre comportement et travailler pour les droits de l'homme. L'histoire humaine est marquée par la lutte pour les droits fondamentaux comme la liberté de pensée et d'expression. Il y a une infinité de droits à défendre, de la santé à la participation politique, en passant par l'égalité et le droit de manifester », estime-t-il.
© Mounir Mehimdate
Des opportunités de dialogue et de coopération
Le raffermissement des relations économiques et politiques entre le Maroc, l'Espagne et le Portugal et l'organisation commune de ce Mondial 2030 constituent de réelles avancées et des opportunités certaines de dialogue et de coopération. Mais les défis auxquels font face les trois pays ont, eux aussi, changé de nature, nécessitant davantage de créativité, de compréhension et de respect mutuel.
A cet égard, Driss El Yazami, Président du Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger, a déclaré, au micro de Hespress FR, que le Maroc a une histoire très profonde avec l'Espagne et le Portugal, « de coopération avec de très beaux moments, mais en même temps des moments de crise. Et encore aujourd'hui, il y a des moments de coopération, mais aussi parfois des mini tensions qui caractérisent nos rapports. D'où l'importance d'accompagner l'effort énorme fait par les fédérations sportives, par les gouvernements des deux pays, au niveau de la société civile ».
El Yazami a également mis l'accent sur les touristes espagnols qui sont de plus en plus nombreux sur le territoire marocain et vice-versa : « Les flux touristiques semblent se développer de manière régulière et assez équilibrée, puisqu'il y a pratiquement près d'un million de touristes espagnols d'un côté et marocains de l'autre qui visitent chacun des pays et le phénomène semble se développer sans anicroches. Il y a clairement des opportunités à mieux exploiter dans ce domaine entre le Maroc et le Portugal ».
Une ouverture sur le dialogue et la paix
Sollicitée par Hespress FR, Neila Tazi, co-fondatrice du festival Gnaoua, voit cette candidature commune entre l'Espagne, le Portugal et le Maroc comme une ouverture sur la paix et le dialogue à l'image du festival qui se déroule actuellement dans la ville du vent.
« J'espère que ce sera le championnat mondial de football pour la paix. Quand la paix est imposée, quand le dialogue entre peuples et cultures avance, quand nous respectons, quand nous nous connaissons, nous apprécions d'autres cultures, d'autres langues, d'autres histoires. Le monde est plus grand, plus vaste, et les citoyens et les citoyennes du monde peuvent être plus heureux. C'est ce que fait ce festival. C'est un chant à la félicité, du dialogue et de l'amour, de l'art et de la culture, c'est-à-dire l'intelligence ».
« Nous vivons un grand moment dans la relation entre l'Espagne et le Maroc. C'est vrai qu'il y a une grande relation commerciale, économique, mais il y a quelque chose de plus important, le respect et l'appréciation qui découvrent chaque jour qu'il n'est pas possible d'entendre l'histoire de l'Espagne sans le Maroc et sans le monde arabe, et qu'il n'est pas possible d'entendre l'histoire du Maroc sans l'Espagne. Nous avons laissé des marques réciproques qui nous font vivre avec une ampleur de regards, et donc je crois qu'il faut féliciter les deux gouvernements pour qu'il y ait aujourd'hui une relation si positive, et que ce soit un légage qui persiste et qui persiste », a-t-elle souligné.