Le politologue marocain Mohamed Bentalha Doukkali, professeur de science politique et de politiques publiques à l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, a estimé que le proverbe populaire « Bach qtalti bâch tmout » (« par ce dont tu as tué, tu périras ») s'applique désormais au régime militaire algérien, accusé d'avoir mobilisé ses moyens financiers, militaires et diplomatiques pour tenter de fragiliser l'intégrité territoriale du Maroc. Dans un article intitulé « Algérie... Bach qtalti bach tmout », l'universitaire souligne que Paris se prépare, le 14 décembre 2025, à accueillir une cérémonie d'annonce de l'indépendance de la région de Kabylie. Selon lui, cette proclamation s'appuie sur des références juridiques internationales, notamment la Charte des Nations unies et les résolutions 1514 et 2625, ainsi qu'un avis juridique rendu en 2024 par les cabinets britanniques Brick Court Chambers et Twenty Essex Chambers, concluant que le peuple kabyle satisfait aux critères de création d'un Etat souverain. Le processus, amorcé en 2001, a connu plusieurs étapes : la mise en place d'un gouvernement kabyle en exil en 2010, le dépôt d'un mémorandum auprès de l'ONU en 2017, la création d'un parlement en 2020, puis l'adoption d'une déclaration d'indépendance en octobre 2025. Le Dr. Bentalha affirme que la politique de « peur et d'intimidation » menée par Alger n'a produit que des effets inverses, renforçant la détermination des militants kabyles à mettre fin à ce qu'ils qualifient de « plus longue occupation en Afrique ». Il rappelle les jalons historiques du mouvement, du printemps amazigh de 1980 au « printemps noir » de 2001, marqué par 126 morts et plus de 5 000 blessés. L'universitaire évoque également un climat de tension inédit dans le sud algérien, où des mouvements sociaux et politiques, notamment au sein des communautés touarègues, réclament une autonomie accrue, voire une sécession. Des soulèvements ont été signalés dans plusieurs wilayas, dont Ouargla, Béchar et Tamanrasset, sur fond de pauvreté et de marginalisation malgré la richesse en ressources naturelles de la région. Selon lui, le régime algérien, engagé depuis des décennies dans une confrontation diplomatique avec Rabat, se retrouve désormais « piégé par ses propres stratégies », confronté à des revendications internes qui pourraient, à terme, remettre en cause l'unité de son territoire.