Trois artistes marocains ont été primés, lors de la deuxième édition du Salon national des artistes contemporains émergents, actuellement tenu à la Villa des arts de Casablanca et organisé par l'Association Basma. Cinq des artistes participants ont partagé avec Yabiladi leurs inspirations et leurs ambitions. La Villa des arts de Casablanca a accueilli la cérémonie d'ouverture de l'exposition collective du Salon national des artistes contemporains émergents, mercredi 19 novembre 2025. Celle-ci présente le travail de 40 artistes émergents de divers médiums. Selon un communiqué des organisateurs, c'est «une occasion unique de mettre en avant la diversité, la créativité et l'innovation de la jeunesse marocaine», à travers une plateforme propice au développement de talents. Les comité de sélection est constitué de l'écrivain et artiste plasticien Mahi Binebine, la commissaire d'exposition Farah Maakel, le responsable des expositions AL MADA Nabil Bahya et d'autres. Il a sélectionné les artistes parmi près de 200 candidats, tout en choisissant trois lauréats parmi 10 nominés pour le nouveau Prix Al Mada - Emergence. Ce dernier offre à certaines œuvres une reconnaissance supplémentaire et un prix en financier. Soutien aux artistes émergents Les œuvres et artistes lauréats ont été annoncés lors de la cérémonie. La troisième place est revenue à Ait Hallali Mehdi (photographie), la deuxième à Soukaina Bouali (textile, photographie) et la première place à Largon Karim (peinture, dessin). «Je me sens surstimulée, mais je suis aussi vraiment heureuse car ces pièces ont pris beaucoup de temps de réalisation», a déclaré Soukaina Bouali, une artiste autodidacte basée à Casablanca et qui travaille avec la fibre et le textile. «C'est chouette de voir le public interagir avec cette exposition», a-t-elle ajouté. Son œuvre primée est un vêtement crocheté intitulé «Tenant». Selon elle, il s'agit d'un mélange «des limites entre le physique et le métaphysique, l'intérieur et le visible, qui nous pensons être et qui nous pourrions être». Filée à la main, la pièce utilise de l'argile et de la laine brute d'Ourika, une petite ville de la province d'Al-Haouz. En plus de sa pratique, elle prend des commandes. Lorsqu'on lui a demandé ce qu'elle ferait du prix en espèces, elle a déclaré qu'elle allait «payer des impôts en retard» et «acheter plus de fil». Sans thème fixe pour l'exposition, les artistes ont eu la liberté d'exprimer ce qu'ils voulent avec leurs œuvres. Parmi elles, une installation est réalisée par Rassane Fadili, originaire de Rabat, qui puise son inspiration dans ses rêves et dans une curiosité enfantine envers le monde, a-t-il confié à Yabiladi. Son travail inclut des motifs surréalistes de la nature, du cosmos et des gens. «Je suis fier de faire partie de ces œuvres d'art et d'avoir la reconnaissance collective de grands artistes comme Mahi Binebine, qui faisait partie du jury», a-t-il déclaré. Fadili souhaite que la scène de l'art contemporain au Maroc se développe. Il se dit heureux qu'il y ait un soutien comme cette exposition. «Il y a beaucoup d'opportunités en ce moment, beaucoup d'entraide entre les artistes. J'espère que je la verrai prospérer dans les années à venir et que nous verrons plus d'aide de la part de l'Etat et des responsables pour les jeunes artistes», a-t-il dit. Raconter des histoires à travers l'art Une autre installation dans l'exposition est «Un Dimanche au Soleil» (A Sunday in the Sun), un film documentaire réalisé par Elisa Budin et Nassim Boudraa. Le duo est basé à Paris et a créé des œuvres sur la diaspora marocaine. Le film se concentre sur les résidents du quartier isolé des Raguenets à Saint-Gratien, en France. Après la démolition soudaine du terrain de football local, le film suit les résidents aux prises avec une perte de but et de direction dans le quartier défavorisé. Nassim Boudraa dit qu'il était important de montrer la «violence de l'environnement», comme la lutte contre le chômage et le manque d'infrastructures. «Ils sont prisonniers de leur propre quartier», a déclaré pour sa part Elisa Budin. Cette année, le Salon a également parrainé les résidences de quatre artistes d'Afrique subsaharienne. Parmi eux, Tesprit Tete est originaire de Lomé (Togo). Il se spécialise dans l'art en techniques mixtes, avec un composant spécial : les tongs. Il vise à créer de l'art abordant les «problèmes et défis écologiques» auxquels sa génération sera confrontée. «Je crois que la protection de l'environnement devrait être la responsabilité de chacun», a déclaré Tete. Il affirme que l'exposition lui a donné l'occasion de se remettre en question pour améliorer sa pratique. «J'étais à un stade où je me questionnais sur la direction que je voulais donner à mon travail. Cette résidence m'a permis de sortir de mon environnement habituel, d'explorer, d'améliorer et de complexifier ma technique», a affirmé Tete. L'exposition est en cours à la Villa des arts de Casablanca et reste ouverte au public jusqu'au 24 décembre.