Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a dévoilé que son département a investi près de 70 millions de dirhams au cours des cinq dernières années pour soutenir les conseils communaux dans la lutte contre les chiens errants. Cette initiative a été confirmée en réponse à une question écrite du groupe Haraki (Mouvement Populaire) sur le sujet. Les fonds ont été utilisés principalement pour l'acquisition de véhicules et d'équipements spécialisés destinés à la collecte et au contrôle des chiens errants, ainsi qu'à la prévention de la rage. En 2024, un montant de 880 000 dirhams sera attribué à la commune de Marrakech pour l'achat de deux véhicules dotés de cages et de matériel technique pour faciliter cette collecte. Pour faire face à la prolifération des animaux errants à l'échelle nationale et limiter leur propagation, une convention cadre de partenariat a été signée en 2019. Cette convention, impliquant les ministères de l'Intérieur, de la Santé et de la Protection sociale, l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et l'Ordre national des vétérinaires, vise à renforcer la coordination entre ces entités. Elle adopte une approche basée sur des normes scientifiques reconnues à l'international, incluant des stérilisations chirurgicales et des vaccinations contre la rage. Cette stratégie, en phase initiale, devrait stabiliser puis réduire progressivement la population des animaux errants. Dans le cadre de son soutien aux bureaux de la santé publique communaux, le ministère de l'Intérieur accompagne actuellement plusieurs d'entre eux pour améliorer leurs performances et les équiper adéquatement. Le plan d'action 2019-2025 prévoit également la création de 130 bureaux communaux de santé pour combler les lacunes existantes. Ce programme, avec un budget total de 140 millions de dirhams, bénéficiera à 1 244 communes réparties sur 53 provinces, avec un accent particulier sur les refuges pour chiens et chats errants. Pour renforcer les services de prévention et de traitement de la rage, notamment dans les zones rurales, le ministère de l'Intérieur alloue chaque année 40 millions de dirhams à l'Institut Pasteur du Maroc pour l'achat de vaccins et de sérums. Ce budget, complété par les 40 millions de dirhams que les collectivités locales investissent chaque année, permet de distribuer ces produits vitaux à 672 centres de lutte contre la rage, y compris les 15 centres de la province de Marrakech. En outre, le ministre a révélé qu'un projet de protocole d'accord est en préparation avec l'Institut Pasteur français. Ce projet vise à bénéficier de l'expertise de l'institut dans la gestion des chiens errants et le contrôle de la rage, tant chez les humains que chez les animaux. Ce protocole est actuellement en cours de signature. Enfin, les dispositions de l'accord de partenariat avec l'Institut Hassan II d'Agriculture et de Médecine vétérinaire, signé en juillet 2023, ont commencé à être mises en œuvre depuis mars 2024. Cet accord a pour objectif de stimuler et de développer la recherche scientifique sur la lutte contre les chiens errants et la rage, notamment à travers la vaccination orale des chiens à l'aide d'appâts. Il convient de rappeler que la société civile, engagée dans la protection des animaux, reste mobilisée pour lutter contre le phénomène d'abattage des chiens errants, en proposant des solutions alternatives telles que la vaccination massive ou encore la création de centres dédiés. En mai 2023, et suite à la montée en puissance de l'abattage des chiens errants dans plusieurs régions du Royaume, 27 associations de protection animale, citoyennes, de protection de l'environnement, ont signé une pétition cinglante pour les autorités, demandant des décisions urgentes pour arrêter le fléau. Ces associations se sont élevées contre les derniers événements liés aux animaux errants ayant marqué la société. Les organisations marocaines de protection des animaux ont exprimé leur « profond choc » et « indignation » face aux mesures prises contre les animaux errants au Maroc. Des mesures qui nuisent à l'image du Royaume au-delà des frontières. « Malgré les Hautes Instructions du Roi Mohammed VI et la Convention Cadre signée en 2019, sous l'égide du ministère de l'Intérieur, le programme TNVR (capture, stérilisation, vaccination et remise dans leur milieu initial) pour mettre fin à des maladies telles que la rage et d'autres zoonoses, n'a toujours pas été mis en pratique », déplore le collectif. Il indique que l'absence de la mise en œuvre de cette pratique « laisse place à des actes brutaux et inhumains » et signale qu'actuellement des « opérations de capture et d'abattage d'animaux (y compris chiots et chatons) dans tout le pays, y compris ceux déjà stérilisés, vaccinés et identifiés » se déroulent dans plusieurs villes du Maroc.