Après avoir terminé une première partie des discussions avec les centrales syndicales, le ministre de l'Intérieur est « chargé par le Chef du gouvernement de poursuivre les pourparlers » . Le dialogue social entamé lors de la rentrée politique en septembre 2019 ayant conduit les syndicats les plus représentatifs du monde du travail à suspendre toute réunion avec Saâd-Eddine El Othmani. Ils avaient, à l'unanimité, décidé de boycotter le dialogue social, tant qu'une nouvelle offre n'aura pas été formulée par le gouvernement. En marge du conseil du gouvernement, le ministre chargé des Relations avec le parlement et porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi a révélé ce jeudi que la décision de charger le ministre de l'Intérieur de la poursuite des négociations avec les centrales syndicales fait suite à une réunion tenue avec le Chef du gouvernement, en présence de nombreux responsables de départements ministériels concernés par le dialogue sociale. Mustapha El Khalfi annonce à cet effet qu'un deuxième round de négociation démarrera avec les chefs syndicaux en affirmant que « tout accord conclu nécessitera l'aval du Chef du gouvernement ». Traduction: c'est Abdelouafi Laftit qui discute mais c'est Saâd-Eddine El Othmani qui signe. Se décharger de la lourde tâche de discuter avec les syndicales est visiblement le résultat de l'échec du Chef du gouvernement à convaincre les représentants du monde du travail d'une formule consensuelle. Exigée par les syndicat, elle intègre la hausse des salaires et la mise en exécution des engagements restants de l'Accord du 26 avril 2011, conclu avec le gouvernement El Fassi en pleine tempête de printemps arabe. Cette semaine, le ministre de l'Intérieur a rencontré des responsables UMT, CDT, UGTM et UNTM. Il a pris acte de leurs revendications qui touchent l'augmentation des salaires, des indemnités, du SMIC ainsi que l'égalité du salaire minimum dans le secteur agricole, industriel et celui des services. Les quatre centrales demandent également la révision de l'impôt sur le revenu (IR) en exonérant les retraités, en plus des questions liées à la liberté syndicale et au droit à la grève. Wali de Rabat de 2014 à 2017, Abdelouafi Laftit a déjà eu comme mission de conduire des discussions pour le compte du gouvernement. C'était durant le printemps 2016, lorsque le dossier des enseignants-stagiaires n'a pu être résolu par le gouvernement Benkirane II. Lors de son grand oral devant la Chambre des représentants lundi dernier, Saâd-Eddine El Othmani avait déclaré que son gouvernement « tient à réussir le dialogue social avec tous les partenaires sociaux afin d'obtenir des résultats logiques et raisonnables ». Il souligne que l'entrée en ligne de « la mère de tous les ministères » dans ce dossier s'est faite avec son insistance. « Laftit n'était pas enthousiaste à l'idée prendre part aux discussions » indiquait-il. Dans une réponse implicite aux dirigeants syndicaux affirmant que « l'Intérieur est le ministère qui gouverne et qui décide de tout », Saâd-Eddine El Othmani a déclaré qu »il a été convenu avec le ministre de l'Intérieur de se limiter à la continuation des discussions avec les syndicaux sans qu'un accord ne soit signé sans ma signature ».