Ce mardi soir à Milan, l'attention des amateurs de la Lombardie ne sera pas tournée vers La Madonnina ni la place Duomo, mais plutôt vers le stade Giuseppe Meazza, où l'Inter affronte le FC Barcelone pour décrocher son billet pour la finale de la Ligue des champions à Munich. Le match aller entre le Barça et l'Inter a été un véritable thriller footballistique : rebondissements, génie de Lamine Yamal, buts spectaculaires et efficacité clinique. Le dernier duel en demi-finale entre l'Inter et le Barça à Milan remonte à 2010. Ce soir-là, un José Mourinho inspiré avait déjoué les plans du Barça version Guardiola, alors considéré comme imbattable, pour offrir aux Nerazzurri une victoire mémorable (3-1) face à la « dream team » catalane. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts. L'Inter Milan a tourné la page de ses légendes — fini les Eto'o, Sneijder, Maicon, Diego Milito ou Zanetti. Place désormais à une machine collective redoutable, forgée par la patte précise de Simone Inzaghi. Sans grandes stars, mais avec une cohésion de fer. L'entraîneur nerazzurro a construit un groupe taillé pour les sommets, où l'expérience de Mkhitaryan et Barella, la redoutable efficacité de Lautaro Martinez et Thuram, ainsi que la solidité de Yann Sommer et de ses latéraux font aujourd'hui la différence dans les rangs de l'Inter. Finaliste de la Ligue des champions en 2023, et tombeur du Bayern Munich en quarts cette saison, l'Inter Milan a clairement changé de dimension. Depuis trois ans, les Nerazzurri s'installent durablement parmi les cadors européens, avec une régularité qui force le respect. Mais malgré cette montée en puissance, la saison actuelle pourrait bien se terminer sur une note amère. Avant son succès rassurant contre l'Hellas Verona en Serie A ce dernier week-end, l'Inter Milan traversait une zone de turbulence inquiétante. Trois défaites consécutives, dont une élimination douloureuse en demi-finale de Coupe d'Italie face au grand rival, l'AC Milan, avaient sérieusement plombé la dynamique des Interistes. Les rêves de triplé se sont envolés, et la course au Scudetto s'annonce plus ardue que jamais. À trois journées de la fin, les hommes de Simone Inzaghi sont à trois points de retard sur Naples, le leader du championnat. Toutefois, ils n'ont rien perdu de leur combativité. En témoigne leur prestation solide au stade olympique de Barcelone, où ils ont affiché un vrai caractère, multipliant les offensives en seconde période et frôlant une victoire qui aurait pu tout relancer. De son côté, Le FC Barcelone a assuré l'essentiel ce week-end face à Valladolid en Liga, malgré un large turnover. La fatigue liée à la finale de la Coupe de Roi a clairement pesé sur la seconde mi-temps du match aller. Mais mardi soir à San Siro, aucune excuse ne sera recevable. Et si le Barça reste leader de la Liga, des doutes subsistent, notamment derrière : deux buts encaissés sur corner face aux Italiens et une prestation ratée du gardien Szczesny -auteur d'un match à oublier – ont relancé l'Inter dans cette demi-finale électrique. Malgré sa fragilité défensive, le Barça garde cette aura de « revenant » : capable de renaître dans n'importe quel contexte, de signer des « remontadas »improbables, et de faire basculer les matchs dans les dernières minutes. Si la bande à Hansi Flick parvient à corriger ses failles défensives, elle aura toutes les cartes en main pour faire plier l'Inter. Au match aller, les Catalans se sont surtout appuyés sur le génie offensif de Lamine Yamal. Mais l'entraîneur milanais pourrait ajuster son bloc pour ne plus laisser d'espaces au prodige espagnol. En attaque, le Barça pourra de nouveau compter sur son buteur Robert Lewandowski qui a obtenu le feu vert après l'entraînement de dimanche. Vainqueur de la Ligue des champions en 2009 et 2011, le Barça n'a jamais digéré l'échec de 2010, où l'Inter l'avait privé d'une finale pour remporter trois titres d'affilée en Ldc, exploit exclusif de son rival madrilène. Ce match retour est donc bien plus qu'une simple demi-finale : c'est une revanche attendue depuis quinze ans. Mardi, ce sera le 14e affrontement entre ces deux titans en C1 : le Barça mène 5 victoires à 2, avec 6 matchs nuls. Les projecteurs seront braqués sur Munich, mais les regards seront rivés sur Giuseppe Meazza. Blaugrana ou Nerazzurri ? les amateurs du football espèrent un choc encore plus époustouflant que l'aller... pour faire de cette demi-finale la plus belle de l'histoire de la Ligue des champions. *Journaliste marocain basé à Paris