Le ministère espagnol des Transports a revu à la baisse l'enveloppe allouée aux études de faisabilité du projet de liaison fixe entre l'Europe et l'Afrique, dans le cadre du tunnel sous le détroit de Gibraltar. Le budget initial de 2,4 millions d'euros a été ramené à 1,6 million d'euros « après la modification de certaines missions prévues », rapportent des médias espagnols. Selon ces sources, le ministère dirigé par Óscar Puente a réduit le coût des études afin de mener une « nouvelle analyse » de ce tunnel sous-marin, qui devrait faire de la ville d'Algésiras ou de Tarifa la porte d'entrée vers le Maroc. Le gouvernement espagnol aurait également ajusté le contrat avec la société Ineco, chargée de ces études, tandis que l'entreprise allemande Herrenknecht procède à l'analyse des fonds marins au niveau du seuil de Camarinal. Ce projet ambitieux, qui prévoit un tunnel ferroviaire sous le détroit de Gibraltar, pourrait marquer une avancée majeure dans les liaisons intercontinentales entre l'Espagne et le Maroc. Le journal EuropaSur souligne que « l'Espagne tourne à nouveau son regard vers le détroit de Gibraltar avec une vision d'avenir », rappelant que * »quatre décennies après l'accord hispano-marocain de 1980 pour étudier cette liaison fixe, Madrid relance les études techniques »*. D'après le portail des marchés publics espagnols, le budget a été réduit à 1 632 338 euros contre 2,4 millions initialement, en raison de « la suppression de certaines analyses, comme l'étude du tracé exploratoire ou la réduction des recherches sur des tracés alternatifs ». Financée par le programme européen NextGenerationEU, cette étude inclut une « analyse physique, fonctionnelle et financière du projet », ainsi que l'évaluation de la faisabilité du forage sous-marin, les prévisions de trafic passagers et fret et les scénarios de rentabilité économique pour un investissement estimé à plusieurs milliards de dollars. EuropaSur indique que deux points d'entrée sont envisagés en Espagne, Algésiras, avec ses infrastructures portuaires et ferroviaires stratégiques et Tarifa, la ville la plus méridionale d'Europe. Côté marocain, le tunnel devrait déboucher près de Tanger. L'option privilégiée prévoit un tracé de 38,5 km, dont 27,7 km sous la mer, avec deux galeries ferroviaires creusées dans une zone géologiquement complexe, sujette aux secousses sismiques. En raison des risques sismiques, le projet fait l'objet d'une « revue approfondie » en collaboration avec Herrenknecht, leader mondial des tunneliers. Une campagne de forage complexe utilisant des tunneliers (TBM) est prévue, et un rapport final devrait être disponible « d'ici juin ou cet été ». Relancé ces dernières années, notamment avec la candidature commune Maroc-Espagne-Portugal pour la Coupe du Monde 2030, ce projet de tunnel sous-marin ravive un vieux rêve de connexion entre les deux continents. Après l'accord historique de 1980, deux sociétés nationales avaient été créées pour étudier sa faisabilité. Aujourd'hui, Madrid et Rabat semblent déterminés à concrétiser ce projet géostratégique.