La direction du Polisario traverse une crise profonde. À Tindouf, une pétition lancée par un collectif de cadres et de dissidents appelle à l'organisation d'un congrès extraordinaire d'ici septembre 2025. Objectif : élire une nouvelle direction et tourner la page des échecs stratégiques imputés à l'actuelle direction menée par Brahim Ghali. La pétition exige l'adoption préalable de textes juridiques garantissant une véritable transition démocratique. Les signataires entendent refonder le mouvement sur des principes de démocratie, de bonne gouvernance et de responsabilité générationnelle. Cette initiative intervient dans un contexte de tensions croissantes dans les camps, marqué par la dégradation des conditions de vie, une impasse politique persistante, des violences internes et une instabilité sécuritaire grandissante. La grogne populaire prend une ampleur inédite, au point de fragiliser sérieusement Brahim Ghali, déjà critiqué pour sa gestion autoritaire et son entêtement stratégique. En juillet 2024, Bachir Mustapha Sayed, frère du fondateur du Front Polisario, avait tiré la sonnette d'alarme en dénonçant l'échec de la relance de la guerre contre le Maroc en novembre 2020, qualifiée de « calamité stratégique ». Dans ce climat délétère, la pétition plaide pour une rupture claire avec les pratiques du passé, en réclamant l'élection d'une direction « compétente, harmonieuse et légitime », fondée sur le dialogue, la réconciliation et l'ouverture. Le document fait également écho à une vague grandissante de familles réclamant leur retour au Maroc, ainsi qu'à des cas de défections dans les rangs des combattants. Acculé, Ghali a convoqué une réunion d'urgence avec les hauts cadres du Polisario. Le communiqué final désigne « l'ennemi et ses alliés », en référence au Maroc, comme responsables des troubles, et appelle à des mesures de répression pour rétablir l'ordre dans les camps. Parallèlement, la question du classement du Polisario comme organisation terroriste revient avec insistance sur la scène internationale. Après le sénateur américain Joe Wilson, c'est Pierre-Henri Dumont, ancien député français et cadre du parti Les Républicains, qui interpelle l'exécutif français. Dans une publication sur X, il dénonce les liens du mouvement avec l'Iran et le Hezbollah, le qualifiant de « menace à la paix et à la sécurité régionales ». Ces positions rejoignent celle des États-Unis, qui ont réaffirmé leur reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara et souligné que l'autonomie sous souveraineté marocaine constitue « la seule solution réaliste et durable » au conflit, selon les propos récents de Lisa Kenna, haute responsable au département d'État. Les liens du Polisario avec des réseaux terroristes sont régulièrement documentés. Dans le Sahel, Abou Walid Al-Sahraoui, ancien membre du mouvement, avait rejoint Al-Qaïda. D'autres ont été identifiés dans les rangs du régime syrien. L'Algérie, soutien indéfectible du Polisario, est elle-même pointée du doigt. En 2021, Mokhtar Mediouni, ancien colonel et directeur actuel de l'aéroport d'Alger, avait publiquement appelé à « semer la panique au sein de la société marocaine ». Face à l'ampleur des critiques, le Polisario semble à la dérive, de plus en plus perçu comme un facteur d'instabilité dans une région en quête de paix.