La problématique du financement de la ville, dans le cadre de la gestion des collectivités territoriales et de la réforme fiscale locale, a toujours constitué un poncif récurrent que des experts viennent de « démolir » lors de la quatrième session casablancaise des « Jeudi de la Gouvernance ». Un tabou est brisé, et par les officiels eux-mêmes qui persistent et signent, à l'instar du Directeur général des collectivités locales au ministère de l'Intérieur, dont le constat formel ne manque ni d'objectivité ni d'audace. En effet, le wali Noureddine Boutayeb a remis les pendules à l'heure, lors de la conférence organisée, le jeudi 7 juin par le Conseil de la Ville de Casablanca, en affirmant que «nous n'avons pas de problèmes de financement de nos villes. Au contraire, les projets de développement sont bloqués par des défaillances de gouvernance, de transparence comptable, de professionnalisme des intervenants et de mise en place de systèmes d'information fiables». Illustrant, dans la foulée, son «fracassant» constat qui a fait grincer des dents plus d'un élu, par la révélation que seuls 30% des fonds disponibles, sur un total de 22 milliards de DH dédiés à la croissance urbaine, ont été utilisés jusqu'ici. Et le gros reliquat est toujours «gelé» en raison de problèmes de gestion archaïque et de procédures non adaptées, qui multiplient les difficultés dans les mécanismes financiers à mettre en œuvre. Et, pour appuyer cette «révélation» qui désarme les «chicanes» de nos élus et gestionnaires locaux se cachant perpétuellement derrière le fallacieux prétexte de «manque de moyens» ou de «budget dérisoire», ce ne sont ni les moyens classiques de financement du marché, ni les nouveaux instruments introduits par le recours au PPP (partenariat public-privé), ni les ressources additionnelles procurées par la refonte de la fiscalité des communes, dont la loi vient d'être approuvée par les Chambres bicamérales, qui font défaut. Foi d'Abdelouahad Souhaïl, dirigeant du PPS et ancien PDG du CIH, qui témoigne en sa qualité de membre élu de la mairie métropolitaine : «le véritable problème qui se pose, c'est le défaut de ressources humaines qualifiées en gestion administrative, financière et technique en matière de croissance et de développement urbains, tant dans les rangs de nos élus que dans celui des fonctionnaires et employés des collectivités locales». C'est dans ce sens qu'il en appela vigoureusement à un encadrement et à une formation pointue des gestionnaires du développement socioéconomique local et à la modernisation des méthodes de planification des projets, d'ingénierie financière et autres pour concourir au «rating» bancaire donnant accès aux crédits garantis. Ces «ardeurs» firent bondir certains animateurs, dont le plus engagé, Boutayeb, mit en garde contre des options que nous n'avons pas les capacités de gérer de manière compétitive. Ne cessant d'appeler à un sursaut de conscience du gouvernement invité, de manière pressante, à remédier aux failles du système opérationnel, le wali, patron de la DGCL, n'a pas hésité à prendre les spécialistes à contre-pied : «le rating est très dangereux, d'autant plus que nous n'y sommes pas préparés du tout». En parlant des réseaux de financements, il est quand même déplorable de constater que les canaux mis en place par l'Etat demeurent très peu ou mal utilisés à l'instar d'un FEC (Fonds d'équipement communal) qui, paradoxalement, est en plein boom de «croissance» institutionnelle. En effet, les résultats de l'exercice 2006 indiquent un bénéfice net de près de 230 millions DH en progression remarquable de 43%. Ce Fonds a, également, connu un élan soutenu en termes d'attributions de prêts, dont le volume dédié aux projets communaux validés a plus que doublé par rapport à 2005 pour atteindre une enveloppe globale de 1,765 milliard DH. Quant aux lignes de crédits, elles ont totalisé un montant franchissant le seuil des 3 milliards DH, bénéficiant à 16 collectivités locales, dont 1,181 milliards DH pour la seule année 2006. Ces bonnes dispositions ne sont hélas pas bien exploitées par les élus et gestionnaires locaux, souffrant d'un grand déficit en management, planification, expertise et professionnalisme dans les projets montés. Et la ville de Casablanca n'est pas pour autant épargnée, puisque ses ressources budgétaires demeurent «insuffisantes», selon les affirmations de son ministre des Finances, le vice-président Mohamed Abourrahim, qui a évoqué une part budgétaire équivalente à 21 DH par habitant. Et autant de difficultés dans l'alimentation en ressources financières de la métropole, dont les besoins de croissance et de développement sont considérés comme énormes.