Au cours des 12 derniers mois, aucune région du monde n'a été épargnée par des chaleurs extrêmes dangereuses, a indiqué une étude sur le climat qui alerte de niveaux de chaleur augmentant d'année en année dans le monde. Le changement climatique, d'origine humaine, a rajouté 1 mois de plus de chaleur que la norme, selon l'étude publiée vendredi. Alors que le Maroc connait actuellement des pics de chaleurs au dessus des normales de saisons, cette étude menée par World Weather Attribution, Climate Central et la Croix-Rouge, indique que quatre milliards de personnes dans le monde ont connu au moins un mois supplémentaire (plus de 30 jours) de chaleur extrême en raison du changement climatique. Et dans 195 pays/territoires, le changement climatique a au moins doublé le nombre de jours de chaleur extrême, par rapport à un monde sans changement climatique. Les résultats montrant qu'Aruba est le territoire qui a connu le plus grand nombre de jours de chaleur extrême avec une moyenne de 187 jours alors que sans le changement climatique d'origine humaine, un habitant moyen d'Aruba n'aurait connu que 45 jours de chaleur extrême. Cette chaleur excessive ne vient pas sans conséquences, elle s'accompagne souvent de maladies ou de décès, de répercussions sur les récoltes, une surconsommation de l'énergie, entre autres. Sur la période étudiée, 1er mai 2024 au 1er mai 2025, les chercheurs ont constaté que 67 épisodes de « chaleur extrême » ont été recensés, touchant 49% de la population mondiale. Ces épisodes ont été sélectionnés en raison de températures record ou d'impacts majeurs sur les populations ou les biens. Parmi ces épisodes, les chercheurs ont sélectionné en particulier les 4 phénomènes, l'épisode de chaleur exceptionnelle en Asie centrale en mars 2025, la vague de chaleur au Soudan du Sud en février 2025, avec des effets notables sur les femmes et les filles, la canicule meurtrière en Méditerranée en juillet 2024, et l'épisode de chaleur extrême au Mexique, dans le sud-ouest des États-Unis et en Amérique centrale en juin 2024. La canicule en Méditerranée l'année dernière avait touché le Maroc aussi qui vivait sa 6ème année se sécheresse consécutive. En juillet 2024, au moins 21 personnes sont décédées à cause de la chaleur, dans la région de Beni Mellal. Des décès qui ont principalement touché les personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques. Il est à noter que le phénomène de chaleur extrême est défini par des températures supérieures à 90% à celles enregistrées au même endroit entre 1991 et 2020. « Bien que les inondations et les cyclones fassent souvent la une des journaux, la chaleur est sans doute l'événement extrême le plus meurtrier », indique le rapport. Et ce sont les communautés et couches sociales à faible revenu, les populations vulnérables, comme les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé, qui souffrent le plus de la chaleur extrême. L'étude révèle que dans chacun de ces cas analysés, il a été démontré que le changement climatique d'origine humaine était le principal facteur à l'origine de ces extrêmes. « Dans plusieurs cas — notamment en Asie centrale, au Soudan du Sud et en Méditerranée — les températures observées n'auraient tout simplement pas pu avoir lieu sans le réchauffement climatique », souligne le rapport. Les experts estiment que les décès liés aux chaleurs extrêmes sont souvent sous-estimés ou mal identifiés car le lien de causalité n'est pas toujours évident. « Les vagues de chaleur sont des tueurs silencieux », a déclaré Friederike Otto, professeure agrégée de sciences du climat à l'Imperial College de Londres et l'une des auteures du rapport. « Avec chaque baril de pétrole brûlé, chaque tonne de dioxyde de carbone rejetée et chaque fraction de degré de réchauffement, les vagues de chaleur affecteront davantage de personnes », a-t-elle déclaré. Le rapport souligne également l'importance de suivre et documenter les impacts de ces phénomènes pour pouvoir mettre en place des solutions concrètes de réduction des risques liés à la chaleur, notamment à des niveaux individuels ou à l'échelle des pays. « Des stratégies complémentaires incluent le renforcement des systèmes d'alerte précoce chaleur-santé, le renforcement des services de santé d'urgence, l'intégration du soutien au refroidissement dans les programmes de protection sociale et le renforcement des infrastructures essentielles telles que les réseaux d'eau, d'électricité et de transport », souligne le rapport. Et d'indique que des mesures législatives, telles que la mise à jour des codes du bâtiment, le renforcement des mesures de sécurité thermique au travail et la mise en œuvre d'un aménagement urbain résilient à la chaleur, peuvent institutionnaliser davantage la réduction des risques.