À quelques jours de sa 20e édition, le Festival Mawazine Rythmes du Monde se trouve dans une situation délicate mais reste ferme sur ses positions. Face aux critiques de la famille d'Abdel Halim Hafez concernant le concert hommage en hologramme prévu, les organisateurs maintiennent leur cap avec une conviction claire : préserver et transmettre la mémoire du « Rossignol brun » aux nouvelles générations. Pour Maroc Cultures, l'association organisatrice, cette initiative dépasse largement le cadre d'un simple spectacle. « Nous nous positionnons comme gardiens de la mémoire musicale arabe », explique-t-on dans un communiqué diffusé après la polémique suscitée. « Abdel Halim Hafez appartient au patrimoine culturel de toute la nation arabe, et le Maroc, par sa position géographique et culturelle, a un rôle particulier à jouer dans la sauvegarde de cet héritage ». Le recours à la technologie holographique n'est pas perçu comme une simple prouesse technique, mais comme un pont entre les générations. « Combien de jeunes Marocains et Maghrébins n'ont jamais eu la chance d'entendre Abdel Halim Hafez dans des conditions optimales », s'interroge l'organisation, qui soutient que «cette technologie nous permet de créer une expérience immersive unique, respectueuse de l'artiste et de son art ». Face aux contestations, Mawazine se veut rassurant sur la légalité de sa démarche. L'acquisition des droits auprès de « l'unique entité légalement habilitée » témoigne, selon les organisateurs, d'une approche professionnelle et respectueuse du cadre juridique international. « Nous ne sommes pas des amateurs », insiste-t-on au sein du festival. « Chaque étape de ce projet a été minutieusement préparée avec nos conseillers juridiques », est-il souligné. Cette position ferme s'appuie sur une expérience de deux décennies dans l'organisation d'événements culturels de grande envergure. Mawazine a su, au fil des ans, tisser des liens solides avec l'industrie musicale internationale et développer une expertise reconnue dans la gestion des droits artistiques. L'esprit de l'initiative reste, selon ses défenseurs, profondément respectueux de l'héritage d'Abdel Halim Hafez. « Il ne s'agit pas de créer un spectacle à sensation, mais de rendre hommage à un géant de la musique arabe », précise l'organisation, qui note que « chaque note, chaque image sera traitée avec le respect dû à cet immense artiste ». Le festival souligne également sa mission éducative : permettre au public marocain et international de redécouvrir les classiques de la chanson arabe dans un contexte festif et respectueux. « Mawazine a toujours été un pont entre les cultures, et cet hommage s'inscrit dans cette tradition d'ouverture et de célébration de la diversité artistique », ajoute le communiqué. Malgré la controverse, les organisateurs espèrent que ce projet pourra finalement rassembler autour de la mémoire d'Abdel Halim Hafez. Avec la présence confirmée de Sherine Abdel Wahhab et Ruby, cette édition 2025 s'annonce comme un véritable hommage à la richesse de la musique égyptienne et arabe. Pour Mawazine, l'inclusion d'Abdel Halim Hafez, même sous forme d'hologramme, compléterait parfaitement cette célébration transgénérationnelle de l'art musical arabe. Le festival maintient donc sa programmation en attendant une possible résolution du différend, convaincu que la beauté de l'art finira par l'emporter sur les considérations juridiques et familiales. Mais cette initiative, bien que saluée par certains mélomanes comme une prouesse technique et artistique, a été immédiatement désapprouvée par la famille du chanteur. Dans un communiqué relayé samedi soir, les ayants droit ont exprimé leur refus catégorique de toute utilisation de l'image ou du nom d'Abdel Halim Hafez sans autorisation explicite. La famille a souligné que l'ensemble des droits artistiques liés à Abdel Halim Hafez sont exclusivement détenus par une société unique, en vertu d'un contrat officiel, et a mis en garde contre toute exploitation illégale pouvant donner lieu à des poursuites judiciaires. Elle appelle les institutions culturelles et les organisateurs d'événements à faire preuve de discernement et de respect envers les figures patrimoniales du monde arabe. Il convient toutefois de rappeler qu'en 2024, le même procédé avait été utilisé avec succès lors d'un concert hommage à Oum Kalthoum, autre grande voix de la musique arabe. Cette performance en hologramme, saluée pour sa qualité technique et son respect de l'esprit de l'artiste, avait conquis aussi bien le public que la critique. Le concert avait affiché complet et suscité une vague d'émotion, confirmant l'intérêt du public marocain pour ces résurrections numériques empreintes de nostalgie. Le succès était tellement grand que les organisateurs ont dû programmer une soirée supplémentaire pour répondre à la demande et offrir aux spectateurs une expérience visuelle et auditive captivante.