a appris de sources bien informées que des investigations approfondies, menées par les services de contrôle relevant de l'Autorité nationale du renseignement financier (ANRF), ont permis de dévoiler un réseau de grands usuriers opérant dans plusieurs quartiers de Casablanca. Ces enquêtes ont été déclenchées dans le cadre de la traque d'activités suspectes de blanchiment d'argent orchestrées à travers des sociétés fictives. Elles ont révélé que ce réseau a accumulé des gains estimés à plusieurs milliards de centimes, en tirant profit des difficultés rencontrées par des commerçants et des hommes d'affaires dans l'obtention de crédits bancaires. Le réseau les a ainsi enfermés dans un système de dettes usuraires, avec des taux d'intérêt exorbitants atteignant au minimum 10 % du montant principal de la dette. Les mêmes sources précisent que les sociétés fictives exploitées par cette organisation pour blanchir les sommes issues des prêts usuraires et de leurs intérêts opèrent principalement dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics et de la distribution de produits alimentaires. Ces domaines ont été choisis pour la facilité de manipulation des factures, ainsi que des déclarations comptables et fiscales, en plus de la diversité des clients et partenaires commerciaux qui y gravitent. Les contrôleurs de l'Autorité ont ainsi constaté une hausse marquée et un rythme accéléré des flux financiers en direction des comptes de ces sociétés fictives, administrées en apparence par des tiers à qui les vrais instigateurs ont confié la gestion légale et la responsabilité juridique via les statuts constitutifs. Ils ont également établi que les usuriers ont mis la main sur leurs débiteurs en les contraignant à signer des chèques à titre de garanties, ce qui a mené certains à la faillite, tandis que d'autres ont préféré disparaître afin d'échapper à des mandats d'arrêt, à des saisies de biens et à des poursuites judiciaires. Les sources du journal soulignent que cette organisation usuraire, impliquée dans le blanchiment de sommes colossales provenant de prêts à intérêt prohibitif, exige de ses victimes des paiements mensuels de taux d'intérêt très élevés, en contrepartie de garanties supplémentaires sous forme de biens immobiliers ou mobiliers. Les enquêtes se poursuivent afin d'identifier les membres du réseau, de déterminer le rôle des complices, et de suivre la trace des fonds générés par ces opérations illégales de prêt, réalisées discrètement en dehors des circuits bancaires officiels. De forts soupçons pèsent sur leur blanchiment dans le cadre de projets fictifs implantés dans plusieurs villes, notamment Casablanca et Marrakech. Les victimes de ce réseau ne se limitent plus aux commerçants et hommes d'affaires : des responsables politiques et des élus en ont également fait les frais, dont un président de commune dans la région de Casablanca-Settat, contraint de vendre ses biens pour rembourser une dette contractée auprès du réseau, dont le montant initial n'excédait pas un million de dirhams (100 millions de centimes), mais qui a doublé en raison des intérêts. Les usuriers s'appuient sur des chèques signés comme garanties pour obliger les victimes à rembourser, en tirant parti de la valeur juridique de ces documents. En effet, un chèque rejeté pour absence ou insuffisance de provision peut entraîner des poursuites judiciaires, voire une incarcération. Pour donner une apparence légale à leurs agissements, ils présentent ces opérations comme une forme de « location d'argent« , en forçant les emprunteurs à verser mensuellement uniquement les intérêts, tandis qu'ils conservent les chèques comme garanties. Ces derniers sont ensuite utilisés pour effectuer des recouvrements forcés en cas d'insolvabilité ou de retard de paiement. Les sources de Hespress révèlent enfin l'existence de liens suspects entre les sociétés fictives utilisées pour blanchir les bénéfices des prêts usuraires et certains banquiers et comptables. Ces complicités ont facilité la dissimulation des opérations à travers le système bancaire, échappant ainsi aux radars de surveillance et aux dispositifs de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. L'examen de la situation fiscale des entreprises ciblées par l'enquête a mis en lumière une conformité totale : paiement régulier de l'impôt sur les sociétés et transfert constant de la TVA. Cette régularité a toutefois renforcé les soupçons des enquêteurs, au vu du manque de liquidité sur le marché et de la situation financière précaire des autres entreprises évoluant dans les mêmes secteurs d'activité.