Le choc des huitièmes de finale du Mondial des clubs entre le Bayern Munich et Flamengo, dimanche à Miami, ravive la rivalité historiquement féroce mais restée longtemps enfouie entre équipes européennes, parmi les plus puissantes économiquement, et sud-américaines, ultra motivées à l'idée de les contester sportivement. L'affiche s'annonce d'autant plus alléchante qu'elle opposera un candidat au titre et un sérieux outsider: les Bavarois autour de leur star Harry Kane et les Brésiliens portés par un Jorginho renaissant. Ainsi, Flamengo, prestigieux club de Rio, qui a vu passer dans ses rangs des légendes telles que Garrincha, Zico, Romario ou Bebeto, ne s'est-il pas privé en phase de groupes de terrasser Chelsea (3-1), 4e de Premier League, après avoir été pourtant mené à la pause. Il avait été alors frappant de voir l'explosion de joie des Brésiliens, à l'issue d'une seconde période où ils ont été déchaînés, soutenus par une forte colonie rouge et noir à Philadelphie. Qualifiée par la grande porte en finissant en tête du groupe D, avec le statut d'outsider à prendre très au sérieux, l'équipe de Rio ne s'attendait toutefois pas à croiser aussi tôt la route du grand favori du groupe C, à savoir le Bayern, privé de première place par Benfica qui l'a battu (1-0). Un match abordé avec légèreté par le club allemand, déjà qualifié et qui a fait tourner son effectif. Ce ne sera évidemment pas le cas au Hard Rock Stadium où Vincent Kompany alignera le onze-type du moment, avec notamment trois Français, l'incontournable Michael Olise (3 buts et 2 passes décisives depuis le début du tournoi), Kingsley Coman également en forme sur l'aile gauche (2 buts, 2 passes) et Dayot Upamecano de retour en défense centrale après une blessure musculaire. Joshua Kimmich, régulateur du milieu, et le buteur Harry Kane, seront évidemment alignés. L'entraîneur belge s'attend à une rude bataille, dont il a décrit les contours après le revers contre Benfica. « Contre Boca Juniors (victoire 2-1), on a vu à quel point les supporters sud-américains vivent le football intensément. L'ambiance sera similaire contre Flamengo. Le niveau sud-américain est très élevé, ils maîtrisent le jeu et sont extrêmement motivés pour réussir dans cette épreuve. Sans doute que les enjeux financiers jouent aussi un rôle. Les équipes brésiliennes se distinguent par un savant mélange de technique individuelle et de solidité collective. Et leur créativité leur permet toujours de trouver des solutions inédites sur le terrain. » Son homologue, Filipe Luis, qui a longtemps joué dans de grandes écuries européennes (Atletico Madrid, Chelsea...), avant de finir sa carrière au Flamengo (champion du Brésil en 2019 et 2020, vainqueur de la Copa Libertadores 2019 et 2022) et de l'entraîner depuis l'an passé, a ramené au Brésil une solide culture tactique. Et un précepte essentiel en ressort: « il s'agit de mettre la pression sur l'adversaire, de prendre l'initiative et d'être aussi vertical et direct que possible. C'est dans notre ADN », explique celui qui sait s'appuyer sur l'expérimenté Jorginho, rayonnant au milieu de terrain comme on ne l'avait plus vu ainsi depuis l'Euro-2021 remporté avec l'Italie. Selon une étude menée par l'Observatoire du football du CIES (Centre International d'Étude du Sport) citée par la Fifa, Flamengo et le Bayern sont les deux équipes du plateau qui pressent le plus près du but de leur adversaire, pour récupérer le ballon. En ceci, les deux formations se ressemblent, même si les Bavarois, qui aiment contrôler le jeu, ont plus d'arguments offensifs. Ce qui fait d'eux les favoris de ce match sur le papier. « Le Bayern fait partie de l'élite, c'est un géant, un colosse européen. C'est un club qui nous stimule et nous donne des idées à copier. Nous connaissons leurs qualités et leur façon de jouer. Ils vont essayer d'imposer leur rythme, mais sur le terrain, tout peut arriver », a résumé Luis, qui sait posséder des joueurs à leur pic de forme, alors que les Munichois finissent leur saison aux Etats-Unis, avec une soixantaine de rencontres dans les jambes.