Après avoir insinué l'adoption d'un projet de loi excluant le Sahara de son soutien annuel au royaume du Maroc, le Congrès américain semble être sur le point de rectifier le tir, évitant par la même occasion de rompre les liens historiques et traditionnels entre Rabat et Washington. Précisions. Vu la situation de shutdown que connait actuellement le Congrès, la question peut paraître complètement secondaire pour les Etats-Unis. Mais pas pour le Maroc qui place le plan d'autonomie dans ses provinces saharienne à la tête de son agenda diplomatique. En décembre 2018, la Chambre des représentants (Chambre basse du Congrès) des Etats-Unis a approuvé un projet de budget de l'Etat pour 2019, concernant l'aide étrangère. Aux antipodes des aspirations du Maroc et du langage adopté traditionnellement par le législateur américain sur le sujet du Sahara, il semble que ce premier jet soit enterré, remplacé par un nouveau texte prenant compte des intérêts marocains. Un travail de lobbying conduit par de hauts décideurs des deux pays serait derrière ce changement de formulation. La Chambre basse, à l'écoute du Maroc Des sources diplomatiques marocaines ont confirmé à Hespress que la dernière version du projet d'aide étranger américain, en vertu de la Loi de finances 2019 toujours pas votée à Washington, « prévoit effectivement l'injection de fonds destinés au Maroc et à son Sahara, comme c'était le cas durant les années précédentes ». Ces sources rapportent que ces discussions de haut niveau n'ont pas encore pris fin, mais qu'elles restent néanmoins soucieuses des intérêts du Maroc. « La nouvelle version doit être votée par le Congrès américain dans les prochains jours pour être officiellement adoptée », explique-t-on. La proposition précédente, recommandant l'exclusion du Sahara de l'aide financière à Rabat, a suscité un débat parmi les congressmen Démocrates et Républicains, d'autant plus qu'elle se réfère au Sahara en tant qu'entité distincte du Maroc d'après ces interlocuteurs. De ce fait, les sources diplomatiques de Hespress ont exclu l'approbation d'un projet de loi contre les intérêts Maroc, critiqué par les tribunes médiatiques considérés comme inféodés à l'Algérie et au front Polisario. Un Sénat hostile ? Ainsi, des analystes marocains ont mis en garde contre une récente action du lobby algérien dans les couloirs de l'administration américaine. Samir Bennis, expert diplomatique, déclare sur ce registre à Hespress que dans l'éventualité de l'approbation de ce projet par le Sénat (Chambre haute du Congrès), « cela pourrait constituer une grande impasse pour le Maroc ». Au Congrès, depuis quatre ans en effet, le législateur américain a adopté un langage favorisant la position Maroc et soutient implicitement sa souveraineté sur le Sahara. Le changement opéré à la tête de la Maison blanche et la non élection de la candidate démocrate Hilary Clinton peuvent être derrière cet hypothétique revirement de situation. De plus qu'au terme des élections à mi-mandat, les Républicains de Donald Trump ont pu conserver leur majorité au Sénat, tandis que les Démocrates ont pu reprendre la majorité à la Chambre des représentants après huit ans de domination Républicaine. Il convient de noter que dans la loi de finances de 2018, comme dans la loi de finance 2017, le Congrès américain avait annoncé que les fonds accordés au Maroc, au titre de l'Article 3 du texte, devraient être utilisés pour soutenir le Sahara marocain.