Alors que le parquet de Nanterre a requis en juillet le renvoi d'Achraf Hakimi devant la cour criminelle pour viol présumé, le Club des Avocats au Maroc monte au créneau. Dans un document officiel, l'organisation évoque de « sérieuses atteintes aux droits fondamentaux » et s'inquiète d'un traitement judiciaire entaché d'irrégularités. Accusé de viol par une jeune femme de 24 ans, le défenseur international marocain du Paris Saint-Germain, âgé de 26 ans, est au cœur d'une enquête ouverte en février 2023. Selon les éléments recueillis, la rencontre aurait eu lieu via les réseaux sociaux avant une visite au domicile du joueur à Boulogne-Billancourt. La plaignante affirme avoir été contrainte à un acte sexuel non consenti, ce que conteste catégoriquement Hakimi, qui affirme avoir été victime d'une manipulation. La procédure judiciaire s'est poursuivie pendant plus de deux ans. Mis en examen en mars 2023, Hakimi fait aujourd'hui face à une possible comparution devant la cour criminelle, après le réquisitoire définitif du parquet. La décision finale appartient désormais au juge d'instruction. Dans son document diffusé ce 1er août, le Club des Avocats au Maroc dénonce une série d'irrégularités susceptibles, selon lui, de compromettre la régularité du procès. Le président de l'organisation, Me Mourad Elajouti, évoque notamment un « déclenchement inhabituel de la procédure », basé sur une simple déclaration, sans dépôt de plainte, ni certificat médical, ni constatations médico-légales. « La procédure, menée sous une forte pression médiatique, s'éloigne dangereusement des garanties prévues par l'article 6 §1 de la Convention européenne des droits de l'homme et par l'article préliminaire du Code de procédure pénale, en matière de célérité, d'objectivité et de présomption d'innocence« , alerte Me Mourad Elajouti L'association pointe également un manque d'éléments probants : aucun témoin direct, aucune expertise psychologique ni médicale, et des échanges écrits qui, selon la défense, mettraient en doute la crédibilité de la version de la plaignante. « La seule déclaration de la plaignante ne saurait suffire à justifier un renvoi criminel », affirme le communiqué, en référence à une jurisprudence de la Cour de cassation. Une justice sous pression médiatique ? Autre point de crispation : la forte médiatisation de l'affaire, dès ses prémices. Le Club estime que cette exposition publique a gravement porté atteinte à la présomption d'innocence de l'international marocain. « Toute déclaration publique de culpabilité avant jugement est illicite », rappelle l'organisation, citant l'article 9-1 du Code civil français et plusieurs décisions de la Cour européenne des droits de l'homme. La durée de l'instruction est elle aussi critiquée. Plus de deux ans se sont écoulés entre la mise en examen et le réquisitoire, ce qui, selon le Club des Avocats, constitue une violation du « délai raisonnable » exigé par les normes européennes. « Près de deux ans et demi se sont écoulés entre la mise en examen et le réquisitoire définitif, en violation flagrante du principe du délai raisonnable », poursuit Me Elajouti, rappelant que « la justice qui tarde est une justice niée ». Enfin, les éléments à décharge, notamment certains échanges écrits révélant des intentions pécuniaires ou une tentative de dissimulation, n'ont pas été pris en compte avec la rigueur requise, affirme la même source. Face à ces constats, le Club des Avocats au Maroc annonce la création d'une commission indépendante d'observation. Sa mission : suivre l'évolution de la procédure judiciaire à chaque étape, veiller au respect des droits de la défense et s'assurer de la conformité du procès avec les normes nationales et internationales. En attendant une décision du juge d'instruction, Achraf Hakimi continue de clamer son innocence, tandis que ses avocats se disent confiants dans l'issue du dossier.