Face à la prolifération de villas, entrepôts et commerces construits en dehors des règles, le ministère de l'Intérieur a décidé de passer à l'action le long de l'axe Rabat-Casablanca. L'opération vise particulièrement des biens appartenant à des élus locaux, restés jusque-là à l'abri de toute sanction. Selon des sources bien informées de Hespress, des instructions strictes ont été données aux représentants de l'autorité locale, sous la supervision directe des gouverneurs, pour réactiver et mettre en œuvre des décisions de démolition qui dormaient dans les tiroirs depuis des années. L'objectif étant d'imposer le respect de la loi et de couper court à l'impunité qui a longtemps entouré certaines figures politiques locales. Ce durcissement intervient après la réception de rapports urgents faisant état de graves irrégularités en matière d'urbanisme. Plusieurs responsables territoriaux sont soupçonnés d'avoir fermé les yeux sur ces violations afin d'en tirer des bénéfices politiques, transformant les autorisations de construire en monnaie d'échange électorale. La commune de Had Soualem illustre parfaitement ces dérives. Des villas et des entrepôts appartenant à un ancien président de commune, toujours membre du conseil actuel, ont fait l'objet de décisions de démolition restées sans suite. Des commerces ouverts en infraction figurent également dans la liste. A Médiouna, une villa détenue par le président d'une commune et plusieurs hangars appartenant à des élus en fonction et anciens, dont un président de commission d'urbanisme, sont concernés. Certains de ces locaux servaient même à la fabrication illégale de sacs plastiques interdits. Par ailleurs, ces nouvelles directives placent de nombreux responsables locaux dans une position délicate. Certains gouverneurs leur reprochent déjà de ne pas avoir exécuté les décisions judiciaires ou administratives, renforçant les soupçons de sélectivité dans l'application de la loi. Il convient de préciser que cette reprise en main s'inscrit dans une campagne nationale plus large engagée depuis plusieurs mois pour mettre fin aux désordres urbanistiques. Des démolitions ont déjà visé des surélévations illégales, des murs empiétant sur des espaces publics et des chantiers d'élus lancés sans autorisation conforme. Des constructions sur des terres collectives et domaniales ont également été stoppées, après que des plaintes documentées par des photos et vidéos ont refait surface. En outre, l'opération de l'Intérieur est une réponse directe aux accusations de favoritisme portées contre certains responsables, accusés de protéger des élus influents au détriment d'investisseurs et de simples citoyens. Le volume des plaintes enregistrées récemment a atteint un niveau inédit, forçant le ministère à réagir.