À la veille des manifestations prévues par le collectif GenZ 213, l'APS s'emballe dans des accusations fantaisistes : le Maroc serait responsable de tous les maux de l'Algérie, de la colère des jeunes à la crise des hôpitaux. Une démonstration parfaite de la peur qui étreint le régime : quand on n'a plus d'arguments internes, on invente des complots extérieurs. Et tant pis si les faits démentent chaque ligne. À quelques heures des manifestations, l'agence de presse publique algérienne publie une dépêche accusant le Maroc d'être à l'origine des appels à descendre dans la rue. Ce texte long et fantaisiste illustre la stratégie répétée du régime algérien : détourner l'attention des problèmes internes, inventer un ennemi extérieur et présenter la contestation sociale comme le résultat d'une manipulation étrangère. La réalité sociale et politique en Algérie est pourtant beaucoup plus morose que la narrative officielle. L'Algérie et la Tunisie, les deux pays les plus stables du Maghreb... vraiment ? L'APS semble avoir une vision singulière de la stabilité régionale. Dans sa dépêche, l'agence présente l'Algérie et la Tunisie comme des bastions de stabilité, mais la réalité sur le terrain raconte tout autre chose. En Algérie, le Hirak et la contestation sociale n'ont jamais vraiment disparu. Depuis le début de l'année 2025, plusieurs villes, Alger, Oran, Constantine, ont été le théâtre de manifestations contre le chômage, la précarité et les insuffisances des services publics. Le régime a répondu par une répression systématique : arrestations massives d'opposants, de journalistes et de militants des droits humains, procès expéditifs et détentions arbitraires documentées par Amnesty International. Loin de l'image d'un pays paisible et prospère, l'Algérie fait face à une jeunesse désabusée qui continue de fuir le pays par la mer. La Tunisie n'est pas en reste. Depuis l'arrivée au pouvoir de Kais Saied et la dissolution du parlement en 2021, le pays traverse une période de fortes tensions politiques et une crise économique sans précédents. Les manifestations contre la corruption et la mauvaise gestion économique se multiplient, et l'opposition est sévèrement réprimée. Des figures politiques et des journalistes ont été emprisonnés, confirmant une érosion des libertés publiques. Loin d'être donc des modèles de stabilité, ces deux pays font face à des crises profondes. Mais l'APS, elle, choisit d'ignorer ces réalités pour présenter un tableau idyllique. Rejeter ses échecs sur l'extérieur La dépêche accuse le Maroc de tous les maux qui frappent l'Algérie : chômage des jeunes, crise sociale, hôpitaux défaillants, pauvreté galopante. Ces problèmes ne sont pas le fruit d'un complot extérieur, mais la conséquence de décennies de mauvaise gestion et de répression interne. La jeunesse algérienne, confrontée à un manque de perspectives et à un climat économique morose, en paye le prix fort. Les départs massifs vers l'Espagne et l'Europe en général ne sont pas des manipulations marocaines, mais le reflet d'une population qui fuit le désespoir. En attribuant ces réalités au voisin, le régime tente de détourner le regard de ses propres échecs. L'Algérie, modèle social... de papier glacé Selon l'APS, l'Algérie serait un modèle social parfait : soins gratuits et universels, écoles performantes, start-up florissantes, logements sociaux accessibles à tous. La réalité est bien différente. Dans plusieurs villes, les hôpitaux sont débordés, les files d'attente pour le lait, les légumineuses et parfois même le diesel ou l'essence s'allongent, révélant des dysfonctionnements flagrants malgré les ressources pétrolières et gazières du pays. Les classes restent surpeuplées, le chômage des jeunes dépasse 29 %, et l'inflation pèse sur le pouvoir d'achat des familles. Le régime préfère afficher ce qu'il voudrait être plutôt que ce qu'il est : une vitrine idéalisée destinée à masquer les tensions internes et à nourrir le mythe d'une Algérie prospère et stable. Derrière cette façade, la population fait face à une crise sociale et économique tangible, que l'APS transforme en fiction en attribuant tout au Maroc. Victimisation : le Maroc, l'ennemi à toutes les sauces Dans la dépêche, le Maroc est accusé de « coloniser mentalement » la jeunesse algérienne en utilisant... un manga japonais. Cette rhétorique absurde illustre la stratégie victimaire du régime : toute contestation interne est attribuée à une manipulation étrangère. Le message est clair : les jeunes qui réclament de meilleures conditions de vie ne sont pas des citoyens inquiets pour leur avenir, mais des instruments d'un complot extérieur. Cette mise en scène vise à justifier la répression et à délégitimer les mouvements sociaux avant même qu'ils ne commencent. Effacement du réel : la fuite des jeunes ignorée L'APS ne parle ni du Hirak réprimé, ni des arrestations massives, ni de la censure, ni du désespoir qui pousse la jeunesse à fuir. Pourtant, l'épisode récent des adolescents qui ont pris un petit bateau pour rejoindre l'Espagne illustre bien cette détresse. Plus largement, selon les chiffres officiels des autorités espagnoles, 5 681 migrants sont arrivés aux îles Baléares entre janvier et septembre 2025, à bord de 307 embarcations parties des côtes algériennes, soit une hausse de 74,3 % par rapport à la même période en 2024. Ces données sont des indicateurs sociaux tangibles, bien plus parlants que les accusations fantaisistes portées contre le Maroc. La peur du 3 octobre Le timing de la dépêche est révélateur. À la veille des manifestations annoncées par GenZ 213, le régime anticipe la contestation sociale et choisit la diversion plutôt qu'assumer ses responsabilités. Au lieu d'offrir des réponses concrètes à la jeunesse, emploi, logement, dignité, il invente un complot marocain pour masquer sa peur. Cette stratégie, vieille comme le régime, montre que malgré le ton triomphaliste, la réalité interne de l'Algérie reste extrêmement fragile, avec une jeunesse exaspérée, des tensions sociales dévorantes et un pays sur le point de basculer.