L'ancien député de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD), Omar Balafrej, met un terme définitif aux spéculations sur son éventuel retour en politique. S'il tourne la page, c'est sans amertume, mais avec une conviction, celle que la relève politique et morale du pays viendra d'une jeunesse connectée, audacieuse et consciente, la génération Z. Lorsqu'il quitte l'hémicycle en 2021, Omar Balafrej n'imaginait pas que son nom continuerait d'alimenter les débats politiques marocains. Quatre ans plus tard, les appels à son retour se multiplient, portés par un climat social tendu et l'émergence du mouvement de la génération Z, qui réclame plus de justice et de liberté. Mais la réponse de l'ex-député, invité cette semaine d'un podcast organisé par le collectif « GenZ212 » sur Discord, est sans équivoque : « Je ne pense pas, ce soir encore, à revenir à la vie politique ». Le ton est calme, posé, mais ferme. Balafrej ne parle pas en homme résigné, plutôt en militant lucide. « J'ai donné toute mon énergie dans le combat politique, à travers le Parlement et mes explications hebdomadaires aux citoyens. Il est temps que d'autres prennent le relais », confie-t-il. S'il a quitté la scène politique, c'est avant tout, explique-t-il, parce que les raisons de son départ demeurent inchangées : « Un climat politique étouffant, l'absence d'une presse réellement indépendante, et aucun horizon pour un vrai dégel démocratique ». L'ancien député n'épargne pas le système : « Nous avons échoué à construire un parti de gauche populaire et crédible. Et parallèlement, j'ai vu s'enchaîner les arrestations de journalistes, dont celle d'Omar Radi. Tant que les voix libres seront muselées, aucun changement profond n'est possible ». Dans une allusion amère mais lucide, Balafrej dénonce une « mise en scène politique » où la presse serait réduite à un rôle d'appoint. « Je refuse d'y jouer un rôle. Le pays a besoin de débats, pas de monologues déguisés », affirme-t-il. Pour autant, le ton change dès qu'il évoque la jeunesse marocaine, qu'il considère comme la véritable force du changement. Le mouvement de la génération Z, né de frustrations sociales et porté par les réseaux sociaux, a, selon lui, réveillé la conscience collective. « Ce qui se passe dans les rues, c'est un signal fort. J'y vois la preuve que le Maroc n'est pas figé », estime-t-il. L'ex-député appelle à transformer cette énergie en une vraie ouverture politique. Il propose une loi d'amnistie générale pour les détenus du Hirak du Rif et ceux du mouvement génération Z. « Ce débat ne doit plus être tabou. Le pays a besoin d'un souffle de réconciliation, pas de nouveaux murs », plaide-t-il. Balafrej, que beaucoup qualifient d'« homme de conviction mais non d'amertume », conserve une vision exigeante du Maroc. « Notre problème n'est pas le manque d'idées, mais l'absence de volonté politique. Les discours sont là, mais la mise en œuvre reste timide, notamment dans l'éducation et la santé », regrette-t-il.