Plusieurs voyageurs marocains ont fait part de leur mécontentement face à ce qu'ils qualifient de traitements « humiliants » lors de leur arrivée dans les aéroports turcs, en particulier à Istanbul. Selon leurs témoignages, obtenus par Hespress, des contrôles excessifs et discriminatoires seraient appliqués de manière systématique uniquement aux citoyens marocains, suscitant une vive inquiétude et appelant à une intervention et une réaction officielle du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger pour expliquer cette situation. Selon les informations disponibles et les témoignages de voyageurs recueillis, les autorités turques empêchent systématiquement tout ressortissant possédant le passeport marocain de franchir le contrôle aux frontières, à l'exception des personnes d'un certain âge. Cela semble concerner en particulier des jeunes âgés de moins de 35 ans. Les voyageurs marocains affirment avoir été recalés par un agent de frontière qui appelle au téléphone pour indiquer leur nom. Ils se voient attendre de longues minutes avant d'être conduits par des agents de police vers un endroit où ils se retrouvent tous groupés. Ils sont ensuite appelés les uns après les autres, puis reconduits vers d'autres bureaux de contrôles de passeports, jusqu'à ce qu'on leur remette leur passeport pour aller vers un dernier contrôle de frontière. En tout, l'opération dure près de deux heures, affirment plusieurs témoignages. Les faits relatés ce dimanche concernent, un couple marocain, qui affirme avoir été retenu pendant près de deux heures à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, sans raison claire, aux côtés de tous les passagers marocains du même vol. « Nous considérons que cette manière de procéder porte atteinte à la dignité des citoyens marocains et va à l'encontre du principe d'égalité entre voyageurs étrangers sur le sol turc », précisent-ils dans leur déclaration. Les voyageurs affirment avoir respecté toutes les formalités nécessaires : passeports valides, billets de retour confirmés, réservations hôtelières et historique de voyages antérieurs en Turquie et dans d'autres pays européens avec visas Schengen. Malgré ces garanties, ils ont été soumis à un contrôle approfondi et, selon leurs dires, un employé turc aurait évoqué une « note interne » justifiant ce traitement ciblé, sans toutefois la montrer. D'autres évoquent un « process » sauf qu'aucune autre nationalité n'a été soumise à ces contrôles. À l'issue de ces procédures, aucun document supplémentaire n'a été demandé, laissant les passagers perplexes quant à l'objectif réel de ces vérifications. Les Marocains signalent également que seuls leurs papiers d'identité nationaux ont été demandés, alors que les passagers d'autres nationalités – Européens, Américains, Asiatiques ou du Moyen-Orient – ont pu passer les contrôles sans encombre et en l'espace de quelques secondes. Ces contrôles visant uniquement les Marocains durent depuis plusieurs semaines, et des citoyens marocains relatent le même traitement humiliant et dégradant depuis cet été sur les réseaux sociaux. Des familles voyageant ensemble auraient été séparées. Les témoignages parlent de couples dont l'un des époux aurait passé le contrôle frontière et l'autre empêché, d'autres cas citent des parents ayant passé le contrôle tandis que leur fille âgée d'une vingtaine d'année, a été recalée. Cet été, des informations faisant état de contrôles renforcés visant des voyageurs de sexe masculin n'ayant qu'un billet d'aller avaient circulé, laissant croire que ces contrôles voulaient éviter des tentatives de migration illégale à travers la Turquie, cependant le nombre de migrants de nationalité marocaine présents sur le sol turc reste faible comparé à d'autres nationalités. Des citoyens arabes ayant voyagé récemment en Turquie, ont également témoigné avoir vu seuls des Marocains et Marocaines pris à part, et soumis à des contrôles policiers et aucune autre nationalité n'aurait subi ces contrôles. Pourtant la représentation diplomatique turque à Rabat a réfuté ces accusations, affirmant que les allégations médiatiques sont infondées et que les citoyens marocains ne seraient en aucun cas ciblés. L'ambassade a rappelé que la délivrance ou la possession d'un visa ne garantit pas automatiquement l'entrée dans le pays, soulignant que les autorités turques ont le droit de demander des documents et informations supplémentaires à tout voyageur, comme c'est le cas dans le monde entier, afin de vérifier la raison du séjour et les moyens financiers disponibles. L'ambassade turque insiste sur le fait que ces mesures ne visent aucunement les ressortissants marocains et que tous ceux en règle avec les conditions requises peuvent accéder au territoire turc. Cette affaire soulève toutefois des interrogations sur le traitement des voyageurs marocains et sur la nécessité, selon les plaignants, d'une intervention diplomatique pour clarifier et encadrer ces pratiques, afin d'assurer un accueil respectueux et conforme aux droits des citoyens marocains.