L'affaire dite de « Escobar du Sahara » continue de révéler ses zones d'ombre devant la Chambre criminelle de la Cour d'appel de Casablanca. Lors de l'audience de ce jeudi, le représentant du ministère public a affirmé que plusieurs contrats immobiliers liant le baron de la drogue présumé, Ahmed Ben Ibrahim – surnommé Escobar du Sahara –, l'homme d'affaires Fouad Elyazidi et Saïd Naciri, ex-président du Wydad de Casablanca et ancien président du Conseil préfectoral, sont entachés de falsification. Selon le parquet général, onze contrats relatifs à des appartements appartenant à Ben Ibrahim et Naciri auraient été établis en violation des règles déontologiques de la profession notariale. La notaire poursuivie dans cette affaire aurait quitté son lieu d'exercice, à Oujda, pour recueillir les signatures des parties à Casablanca, sans en informer le procureur compétent, une condition pourtant impérative pour la validité des actes. Le ministère public a ajouté que six contrats n'ont pas été dûment enregistrés, tandis que les cinq restants comportent des irrégularités manifestes, notamment la mention de la présence d'un acheteur lors de la signature alors que celui-ci n'était pas sur place. Le parquet estime que ces éléments constituent des preuves directes de falsification dans des actes officiels, engagée par celle qui avait la responsabilité légale de leur rédaction. Concernant Saïd Naciri, le procureur est longuement revenu sur ses déclarations affirmant avoir acquis deux appartements auprès d'Ahmed Ben Ibrahim en échange d'une Mercedes. Une version démentie par le vendeur présumé du véhicule, qui a assuré que la transaction n'avait jamais été finalisée, renforçant ainsi l'accusation d'escroquerie. Le parquet a également mis en cause Fouad Elyazidi, estimant que ce dernier se comportait comme propriétaire de biens immobiliers qu'il ne possédait pas, percevant des avances et participant aux actes de vente devant la notaire, avant de virer une partie des montants vers des comptes liés à Saïd Naciri. L'audience, particulièrement dense, laisse présager de nouvelles révélations dans ce dossier tentaculaire mêlant narcotrafic, fraude immobilière et corruption à haut niveau. L'examen de l'affaire se poursuit devant la Cour d'appel de Casablanca.